C’est un bâtiment aux couleurs du Tours FC qui se trouve près du stade de la Vallée du Cher et du Lycée Becquerel. Au cœur du quartier Rochepinard, le CTRO de Tours est un centre dédié en priorité aux sportifs. C’est notamment là que le plus grand club de foot de la ville organise ses séances vidéo. Depuis ce mardi 30 janvier, l’établissement dont les murs appartiennent à la mairie de Tours accueille également des personnes sans domicile fixe. Equipé de 28 chambres, il a été réquisitionné par la préfecture d’Indre-et-Loire pour être transformé en centre d’hébergement d’urgence.
Sur deux étages, ce sont jusqu’à 84 personnes qui pourront être accueillies. Elles étaient 60 dès la première nuit, toutes orientées par le SAMU social que l’on appelle via le numéro gratuit 115. « Nous donnons la priorité aux familles, aux femmes et aux enfants » indique le préfet d’Indre-et-Loire Patrice Latron. L’accueil se fait pour 15 jours, potentiellement renouvelables. Mais les pensionnaires peuvent également être orientés vers d’autres dispositifs : dans des hôtels, voire des logements plus pérennes.
Les locaux ont été réservés pour deux mois, jusqu’au 2 avril, ce qui nécessite la mobilisation de 168 000€ de la part des services de l’Etat (sur un budget total de 16 millions d’€ pour tout l’hébergement d’urgence dans le département, une somme qui a doublé en dix ans). Avec ces lits supplémentaires, l’idée est de réduire drastiquement le nombre de personnes à la rue sur l’agglomération tourangelle (selon ses gestionnaires, le SAMU social tourangeau refuse ces temps-ci une vingtaine de demandes d’hébergement faute de places, chiffre auquel s’ajoutent les personnes qui n’appellent plus le 115, ou qui refusent les solutions proposées).
Au quotidien, les personnes accueillies au CTRO sont encadrées par 8 salariés de l’association Entraide et Solidarités, fournissant les repas du matin et du soir mais aussi un accompagnement social. Il y a du monde 24h/24, et des bénévoles en supplément pour organiser des activités. Des équipes de la Croix Rouge sont également présentes, en particulier le mercredi et le week-end.
Récemment rénovées, les chambres peuvent accueillir 2 personnes, et jusqu’à 3 si on y ajoute un lit de camp. Elles sont toutes équipées de salles de bain privatives. « Ce dispositif nous permet de ne pas séparer les familles » soulignent les différents partenaires du projet. Les résidents peuvent faire laver leur lingue une fois par semaine. Un appel aux dons a permis de récupérer des draps et des couvertures. Des jouets et vêtements sont également disponibles si certains/certaines arrivent sans rien.
Les enfants, une trentaine actuellement, peuvent par ailleurs poursuivre leur scolarité (notamment dans les écoles du Sanitas, de Bouzignac ou de Velpeau, équipées de sections pour les élèves qui ne parlent pas encore très bien le français).
A noter que le CTRO de Tours avait déjà servi de centre d’hébergement d’urgence pendant l’été 2022. Il avait alors accueilli des réfugiés Afghans ayant fui leur pays après la prise de pouvoir des islamistes extrémistes talibans. Ils étaient restés sur place deux semaines avant d’être orientés vers d’autres structures. Cette fois-ci, la mobilisation du site par les autorités durera donc deux mois. Ensuite, ce sont de nouveau des groupes de sportifs qui investiront les lieux, le président du Tours FC Richard Plantureux confiant recevoir de nombreuses demandes.
Olivier Collet
