Un hôpital ça ne sert pas seulement à soigner des gens. A Tours c’est aussi un lieu de formation (d’où son statut de CHU, Centre Hospitalier Universitaire) et un site de recherche. De nombreuses études y sont menées dans différents services, ce qui avait notamment été mis en lumière pendant la période du Covid. D’autres travaux scientifiques ont également eu lieu sur la prise en charge des personnes âgées, l’hypnose…
Pour une étude, la validation suprême c’est sa publication dans une grande revue spécialisée. Et c’est ce qui vient d’arriver pour les équipes du service réanimation de Tours dont les résultats ont eu les faveurs du Lancet, l’un des plus prestigieux organes de la profession.
De quoi s’agit-il ? En l’occurrence du résultat d’un travail entamé en 2015 pour voir s’il pouvait être utile de faire jeûner un patient avant de l’extuber. C’est-à-dire si ne pas manger pendant un temps donné pouvait faciliter les prises en charge et la guérison. La réponse est non. Pour aboutir à ce résultat, 1 200 personnes ont été suivies sur une durée de deux ans à Tours, mais aussi dans d’autres hôpitaux comme Le Mans, Orléans ou encore Cholet dans le Maine-et-Loire.
Le procédé consistait à les séparer en deux groupes : un pour qui on poursuivait l’apport en nourriture traditionnellement stoppé avant l’extubation. Et l’autre qui suivait le protocole habituel, mis notamment en place dans l’optique d’éviter des vomissements. Bilan : « La mise à jeun des patients en réanimation n’est pas nécessaire avant l’extubation. En effet, les résultats ne montrent pas plus de réintubation ou de pneumonie dans les 7 jours dans le groupe poursuivant la nutrition » explique le CHU de Tours. Autrement dit, poursuivre l’alimentation ne présenterait pas plus de risques d’aggraver l’état initial des malades.
« D’autres bénéfices sont également observés : l’étude montre que les patients sont extubés plus rapidement leur permettant de reprendre une respiration autonome et sortent de réanimation plus rapidement lorsqu’ils ne sont pas mis à jeun. L’étude montre également une baisse de la mortalité dans le groupe poursuite de la nutrition » ajoute l’établissement. « Cette étude casse les certitudes qu’on avait depuis des années. Elle permet aussi de réfléchir à d’autres projets pour le futur » complète le Dr Landais qui l’a menée.
Cette découverte « pourrait constituer une alternative simple et non dangereuse pour les patients » et avoir « un impact majeur sur la prise en charge des patients au niveau international » indique enfin l’hôpital tourangeau. En effet, jusqu’ici, aucune enquête du genre n’avait été menée.