+20% de plaintes ces derniers mois en Indre-et-Loire : les violences conjugales sont de plus en plus dénoncées. Très majoritairement dirigées vers des femmes, elles sont devenues un grand enjeu de société, notamment par l’action militante très active d’associations. Ainsi, à Tours, on voit régulièrement des graffs ou collages en pleine rue afin d’alerter sur le sujet, et en particulier sur le nombre de féminicides (meurtres de femmes par leur conjoint ou leur ex). Plus de 100 déjà recensés en 2022 sur l’ensemble de la France.
Samedi 26 novembre, le sujet sera au cœur d’une manifestation qui partira de la Place Jean Jaurès de Tours à 14h. Une marche « inclusive » pour lutter contre les violences conjugales mais – plus largement – pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles (l’Assemblée Nationale a récemment voté un alourdissement des sanctions pour outrage sexiste mais de nombreuses associations continuent de regretter le manque de condamnations, en particulier dans les affaires de viols).
Dans son appel à manifester, le collectif Nous Toustes 37 demande ainsi un budget annuel de 2 milliards d’€ pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, des mesures de prévention « réelles et efficaces », plus de mesures de protection et l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution (votée par l’Assemblée Nationale en cette fin novembre 2022 mais refusée il y a peu de temps par le Sénat, donc loin d’être acquise).
Par ailleurs, un autre rassemblement aux objectifs similaires se tient ce vendredi dès 18h devant le tribunal de Tours.
Le succès des mesures d’accompagnement
Malgré les manques évidents, des choses avancent. Par exemple il y a eu l’ouverture de la Maison des Femmes à l’hôpital Bretonneau de Tours, lieu d’accueil, d’écoute, de soutien et d’orientation pour les victimes de violences dans leur cercle familial. Les enfants peuvent également y être accueillis. L’équipe compte notamment un médecin, une infirmière, une sage-femme ou un éducateur. En attendant une personne pour le secrétariat ou l’aide psychologique en 2023. Dans l’attente du renforcement de l’équipe, les femmes sont adressées au réseau des partenaires du CHU.
Bilan de l’équipement : depuis janvier, 750 consultations ont eu lieu, l’âge moyen des patientes était de 36 ans, 60% ont subi des violences intrafamiliales, 20% des cas ont abouti à un signalement judiciaire et environ 50 femmes ont pu bénéficier de prélèvements pour des violences sexuelles en dehors de dépôt de plainte (les données ont été conservées en cas de future procédure judiciaire). A l’avenir, le site déménagera pour des locaux plus adaptés et renforcera son offre de formation des professionnels.
Des rendez-vous culturels
Par ailleurs, la préfecture et ses partenaires organisent plusieurs événements à l’occasion de cette journée du 25 novembre dédiée à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Des rencontres autour de la prostitution des mineures ont eu lieu mardi, ce vendredi la mairie de Tours accueille une journée pour débattre de sujets tels que l’éducation genrée ou les inégalités dans le milieu professionnel (entrée gratuite). Un forum est aussi prévu de 14h à 17h au Centre Equinoxe de La Riche.
Le soir, projection gratuite d’Insoumises à 20h à la Médiathèque François Mitterrand de Tours-Nord, un voyage au cœur du « féminisme enchanté » des années 1970 relate la rencontre entre la comédienne Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos. Derrière leurs combats menés caméra au poing, surgit un ton empreint d’humour et d’insolence. Réalisé par la petite-fille de Carole. Et Salle Ockeghem, concert de Nehl Aëlin en soutien de l’association France Victime 37 (entrée à prix libre). Programme complet sur le site de la préfecture.
Olivier Collet