Burkina-Faso : en plein coup d’Etat, le difficile voyage humanitaire d’un médecin tourangeau

« Au moins 12 morts dont 4 soldats dans une embuscade » : le titre est signé de la radio RFI et raconte ce qui s’est passé en ce début de mois d’octobre au Burkina-Faso. Ce pays situé au centre de l’Afrique est en lutte contre les djihadistes… et en pleine instabilité politique après un récent coup d’Etat militaire survenu le 30 septembre. Le deuxième en moins de deux ans.

Dans ce contexte, comment assurer l’aide à la population locale ?

C’est, en filigrane, la question posée par le chirurgien tourangeau Paul Neville qui était sur place au moment des événements. En poste à l’hôpital pour enfants de Tours (Clocheville), ce médecin reconnu est un spécialiste des opérations cardiaques délicates. Depuis plusieurs années, il collabore avec La Chaîne de l’Espoir, association qui soutient des programmes de formation des professionnels de santé en Afrique ou des interventions dans les hôpitaux locaux. Des enfants du continent sont également amenés à venir en France pour des opérations du cœur.

Paul Neville était donc au Burkina le 30 septembre. Arrivé le 26, il participait à un voyage avec une équipe nationale (venue de Clermont, Paris, Toulouse, Rennes, Lille, Caen et donc Tours). 9 personnes venues encadrer l’équipe du Dr Adama Sawadogo dans la capitale Ouagadougou.

La mission originelle de 10 jours prévoyait la prise en charge de 12 patients « savamment sélectionnés par un vieux couple ayant travaillé de concert depuis plus de 30 ans au CHU de Tours » dit Paul Neville, qui fait ainsi référence à son duo avec le Pr Chantepie. « Notre mission a été interrompue par le coup d’état, nous nous sommes retrouvés dans un contexte instable, tendu où la sécurité a pris le pas sur le soin. Malgré cela nous nous somme déplacés, lors du couvre-feu, au milieu de la nuit, de l’hôtel ou nous étions confiné par les autorités, à l’hôpital de Tengandogo pour sauver un patient » raconte le médecin tout juste revenu.

Le voyage n’a pas été un échec : « Nous avons finalement, pu opérer 8 patients, sélectionnant les plus graves et complexes, l’ensemble des interventions ce sont toutes très bien passées et tous les enfants sont sortie de la réanimation, certains sont même rentrés chez eux » écrit Paul Neville dans un compte-rendu transmis à la presse.

« Nous regrettons de n’avoir pu opérer les 4 enfants prévus, quel déchirement pour les familles et les enfants non pris en charge par notre mission c’est comme si nous avions signé leurs arrêts de mort » s’alarme le professionnel qui évoque aussi la difficulté d’intervenir dans un pays où le sentiment anti-français se fait grandissant (c’est aussi le cas chez le voisin malien, ce qui a poussé l’armée tricolore à se retirer du territoire). D’autres projets sont annoncés : pas moins de 4 nouvelles missions en 2023, « si les événements nous le permettent » insiste le Tourangeau.

Par ailleurs, le CHU de Tours a accepté de perfectionner la formation d’un deuxième chirurgien burkinabé à la chirurgie cardiaque. Un cursus qui sera pris en charge par les chirurgiens cardiaques de l’hôpital.