Dans l’agglo de Tours il existe deux sites pour grimper dans les arbres : Gadawi Park à Mettray et vers le lac des Bretonnières à Joué-lès-Tours. Nous, on a voulu en tester un troisième, éphémère et interdit d’accès au grand public. Pour ça direction le bois de Grandmont, à proximité de la fac de sciences. Juste derrière le restau U on rencontre une équipe de moniteurs spécialisés dans l’accompagnement à la grimpe dans les arbres entourée de chercheurs et d’étudiants.
Ce qu’on découvre c’est l’Opération Canopée, soit de l’acrobranche scientifique. Une semaine a été nécessaire pour installer un parcours en trois étapes et à trois hauteurs différentes : 18m, 25m et 30m.
En fait ici, des équipes de l’Université de Tours, du CNRS et de l’INRAE travaillent à la construction d’une grande étude de 6 ans sur les réactions des arbres aux évolutions du climat. Ce projet rassemble 100 sites à travers le monde, aussi bien dans de grandes forêts loin de ville que dans des bois urbains ou même sur des arbres isolés au milieu du béton. L’idée est de faire un maximum de mesures sur l’état de la biodiversité et le comportement des arbres. Mais pour ça, il ne suffit pas seulement de placer des instruments de mesure au sol ou à quelques mètres au-dessus du sol, il faut aussi aller tout en haut, à la pointe des dernières branches.
Pour y parvenir, l’Université de Tours s’est rapprochée de spécialistes (Selvao, Utopiarbre, Toutlahaut et Arbosphère). Ces entreprises ont conçu différentes plateformes adaptées au travail en hauteur. Celle perchée à 18m a été créée par Erwan, qui voulait au départ trouver le moyen de percher un piano en forêt (ce qui nécessite un plancher capable de supporter 350kg au m² quand les équipements d’acrobranche ne tiennent pas au-delà de 160kg). Et celles accrochées à 25 et 30m ont déjà été expérimentées pour des travaux de recherche en milieu tropical (Centrafrique, Martinique).
Sur chaque site d’observation, les chercheurs installent différents appareils (pièges à insectes, instruments de mesure…). Un mât est même prévu pour dépasser la cime des arbres. Pour relier les différents endroits, un parcours de treuils, tyroliennes et filets a été mis en place (non sans procurer quelques sensations quand ça ondule). Dans un premier temps l’idée est de faire des tests puis de retravailler les plateformes avant de les installer définitivement en 2023 lors du début officiel du travail. On aura alors une idée précise de la biodiversité du bois de Grandmont du sol à la canopée ainsi que de ses réactions au climat.
Comparés avec les données d’autres sites, les résultats permettront d’alimenter une vaste étude sur les arbres des années 2020. Ceux du campus ont actuellement entre 60 et 100 ans.
Olivier Collet