Covid-19 : Un vaccin d’un nouveau genre développé à Tours

Il s’agit d’un vaccin par voie nasale

Ce jeudi matin, l’Université de Tours et L’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) basé Nouzilly, ont présenté ce qu’ils considèrent comme une avancée scientifique qui pourrait faire évoluer la vaccination contre le Covid-19.

Depuis un an, une équipe de recherche commune aux deux institutions, travaille en effet à la mise au point d’un vaccin d’un nouveau genre, avec injection par voie nasale (et non par piqûre intra-musculaire), avec double dose à trois semaines d’intervalle. Un travail de l’ombre, resté confidentiel jusqu’ici mais dont les résultats des tests pré-cliniques (sur animaux : souris et hamsters) qui viennent d’être connus laissent espérer une efficacité significative.

Pour Isabelle Dimier-Poisson, enseignante-chercheuse qui a dirigé l’équipe en charge de ce projet, ce candidat-vaccin répondrait aux problématiques des vaccins actuels en service. « Les vaccins en injection intra-musculaire ont prouvé leur efficacité contre les formes symptomatiques et graves du coronavirus. En revanche s’ils protègent les vaccinés, ils ne permettent pas d’éviter la présence du virus dans les parois nasales et donc la circulation du virus » analyse-t-elle. « Notre candidat vaccin est d’un autre genre puisqu’il est à base de protéines virales et administrable par voie nasale, ce qui permettrai la neutralisation précoce du virus. » Autre avantage selon la chercheuse, ce vaccin est « non-sujet aux variations ». En clair, il protégerait également selon cette dernière des mutations futures du virus.

Les tests pré-cliniques effectués montrent selon Isabelle Dimier-Poisson que le vaccin étudié permettrait à la fois une très forte immunité, une protection contre les formes graves mais aussi enrayerait le processus de contamination.

Une commercialisation espérée fin 2023

L’enseignante-chercheuse espère si ce vaccin était validé par les autorités (il est soutenu par l’ANRS – Maladies Infectieuses Emergentes), à une mise sur le marché d’ici 2023. Le CHU de Tours se serait déjà porté volontaire pour les essais cliniques (sur des femmes et hommes) qui pourraient se tenir au 2e semestre 2022. D’ici là, le travail consistera à produire les protéines nécessaires aux vaccins. « Deux ans, c’est le calendrier normal pour ce type de vaccins, pour un vaccin ARN, c’est normalement 10 ans, or on a vu que les autorités ont permis d’accélérer les choses face à la pandémie. »

A l’heure où plus de 70% de la population française en âge de vaccination l’est déjà, on peut se demander quel est l’intérêt dès lors de préparer un vaccin disponible à l’horizon fin 2023 ? Philippe Mauguin, président de l’INRAE y voit plusieurs intérêts : « On voit qu’on se dirige vers des rappels de vaccins, celui-ci pourra y répondre. Il pourra également servir à la vaccination des enfants si celle-ci deviendrait obligatoire. Nous pensons également aux pays en développement qui sont moins bien pourvus en vaccins aujourd’hui car la logistique est lourde. Or ce vaccin que l’on expérimente peut se conserver à 20° pendant plusieurs mois et à 4° pendant plusieurs années. »

Quant au mode de vaccination, par voie nasale, si un tel vaccin est plus complexe à mette en œuvre, les équipes de chercheurs s’appuient déjà sur le vaccin pour protéger les singes contre la toxoplasmose développé également par l’INRAE. Aujourd’hui selon l’OMS, si plus de 300 candidats vaccins sont répertoriés dans le monde contre le Covid-19, seuls 7 le sont en voie nasale, celui-ci serait donc le 8e seulement.  

 Le président de l’Université, Arnaud Giacometti se satisfaisait également des résultats de ces recherches, rappelant au passage l’historique et le savoir-faire de l’Université tourangelle en la matière, avec notamment le développement du vaccin contre l’Hépatite B par l’équipe du Professeur Maupas dans les années 70.

Mathieu Giua

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