[Sans filtre] Au CHU de Tours, « le nombre de personnes qui quittent l’hôpital explose »

Et ça inquiète des représentants du personnel.

[Sans filtre] est une rubrique d’Info Tours où des personnalités locales s’expriment cash sur un sujet brûlant de l’actualité.

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On va revoir des blouses blanches dans la rue ce jeudi à Tours : rendez-vous fixé à 15h Place Jean Jaurès. Un appel à la grève et à la manifestation qui vaut pour l’Indre-et-Loire et pour toute la France. Alors que le pays fait face à une nette reprise de l’épidémie de coronavirus, des syndicats hospitaliers et collectifs de patients comptent maintenir la pression sur l’Etat pour améliorer leurs conditions de travail et rémunération.

De nombreuses démissions à l’hôpital

Parmi les organisations qui signent l’appel de ce 15 octobre il y a le syndicat Sud Santé du CHU de Tours. En poste aux urgences et représentante du personnel, Anita Garnier évoque d’abord la prime de 183€ accordée aux soignants à l’issue du Ségur de la Santé du début de l’été : « Ce n’est pas suffisant. Ça ne rattrape même pas les dix années de gel du point d’indice et c’est loin de créer une action de motivation pour exercer nos métiers. » Autrement dit, ça va être compliquer d’attirer du monde pour travailler à l’hôpital.

Ce problème de recrutement, la direction du CHU le reconnaissait elle-même lors de son dernier point presse Covid. Anita Garnier enfonce le clou : « Les conditions de travail sont tellement dégradées que les candidats choisissent d’autres façons d’intégrer les soins. Le personnel en place est tellement fatigué par la crise du printemps et déçu des annonces qu’il y a de plus en plus de personnes qui veulent partir. En 2019 il y a eu 103 démissions dont 31 médecins et 59 personnels non médicaux (infirmières, aides-soignantes…). C’est énorme. Je n’ai pas encore les chiffres de 2020 mais ils devraient être encore plus nombreux. » Cette semaine, une enquête de l’Ordre des Infirmiers indiquait que 40% des professionnels du secteur réfléchissaient à changer de métier.

Plusieurs services en grève au CHU

A ce blues s’ajoute un fort taux d’absentéisme atteignant actuellement 13% au CHU de Tours selon Sud Santé. « Actuellement il y a 25 postes d’aide-soignante qui n’ont pas trouvé preneur et 17 postes d’infirmières. Faute d’effectif on ferme certains lits dont 10 en réanimation médicale. Ça fait peur dans une période où on dit qu’on est en train de manquer de lits de réa et que c’est un critère qui peut faire basculer un territoire en zone d’alerte renforcée. » Anita Garnier évoque également la fermeture « au 1er novembre » d’un service d’urgence psychiatrique « faute de médecin » : « Où vont aller ces patients » interroge la syndicaliste.

Reste à savoir quelle sera l’ampleur de la mobilisation. Après le déconfinement, la première grande journée d’action des soignants avait été un succès. Les suivantes furent beaucoup plus timorées. Sud espère quand même une certaine affluence, s’appuyant par exemple sur les grèves engagées dans certains services (ORL ou sécurité incendie). « Au CHU le climat social est toujours aussi tendu. On nous demande de plus en plus de polyvalence mais derrière il n’y a aucune reconnaissance » déplore-t-elle.

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