On en parle avec l’élu chargé du commerce, Mauro Cuzzoni.
C’est une nouvelle rubrique sur Info-Tours.fr : dans [Sans filtre] une personnalité locale répond à des questions cash sur un sujet d’actualité précis. Ce dimanche c’était la 25e Braderie de Tours, un événement très populaire mais sans commune mesure avec sa grande sœur lilloise. On estime à 100 000 le nombre de badauds en ville ce 1er septembre, 10 fois moins que dans la capitale des Hauts-de-France. Peut-on faire mieux ? Quel avenir pour cet événement ? On a posé la question à Mauro Cuzzoni, conseiller municipal délégué au commerce.
Depuis quelques années, on a l’impression que toutes les braderies se ressemblent. Vous aussi ça vous préoccupe ?
Je ne vois pas ce qui pourrait changer : par définition une braderie, ce sont les commerçants qui vendent leurs stocks à prix réduits. J’ai regardé les annales pour notre grande sœur de Lille, c’est pareil. Et puis il y a la question des moyens : un potentiel développement est très impacté par le périmètre de sécurité mis en place depuis 2016 après les attentats. Si on faisait la braderie sur deux jours comme dans le Nord, ça signifierait deux journées de blocage du centre-ville et donc du tramway de la gare à la Loire. On peut l’accepter sur une journée, pas deux.
Donc impossible d’imaginer un agrandissement de la Braderie de Tours ? Par exemple de retrouver des brocanteurs jusqu’à la Place de la Liberté et le bout du Boulevard Heurteloup, ceux qui faisaient vraiment l’âme de cet événement ?
C’est frustrant mais plus c’est grand, plus c’est difficile à contrôler car il faut des filtrages. Et cela coûte cher. Pour deux jours de Vitiloire fin mai il faut compter 90 000€ de sécurité. Ce serait beaucoup plus pour la Braderie dont le périmètre est plus étendu. (NDLR : En 2017, la ville de Tours indiquait que sécuriser le centre-ville pour la Braderie coûtait 100 000€ soit deux tiers de son budget pour l’événement. Rajouter une journée reviendrait donc à 200 000€ en sécurité).
La préfecture refuse d’alléger le dispositif ?
C’est difficilement négociable même si j’insiste pour trouver une solution. Je regrette par exemple qu’avec ce dispositif on ne puisse plus accueillir d’exposants au dernier moment comme ça se faisait avant, quand 80 à 100 personnes faisaient la queue dès 4h du matin sur le Boulevard Heurteloup pour un emplacement. On ne peut plus les accepter car l’Etat demande la liste des personnes qui exposent dans le périmètre de sécurité le 15 août au plus tard. On pourrait peut-être travailler à un allégement du dispositif mais cela demanderait des coûts supplémentaires. Reste à savoir si on pourra l’assumer l’année prochaine.
Contrainte par la sécurité, la Braderie de Tours peut-elle grandir autrement ?
Il faut encourager plus de commerçants sédentaires à ouvrir ce jour-là. L’an dernier, certains se sont émus que des enseignes du haut de la Rue Nationale étaient fermées et par la même occasion il y avait peu de professionnels non sédentaires dans ce secteur.
Nous avons aussi l’animation autour des fouées : de 3 points de vente l’an dernier nous sommes passés à. Peut-être que ça parait peu mais pour lancer une dynamique il faut des précurseurs. Au départ on avait imaginé proposer des andouillettes, mais tout le monde n’en mange pas. Alors que les fouées, c’est de chez nous, Balzac en parle, on peut les déguster assis ou en marchant, mettre ce qu’on veut dedans… Ça a marché. Si je suis encore aux responsabilités l’année prochaine, j’espère réussir à entraîner les restaurants dans ce processus.
A une époque où l’on entend de plus en plus qu’il faut cesser de surconsommer, éviter d’acheter des produits qui ont parcouru des milliers de kilomètres, est-ce que ce n’est pas un peu contradictoire d’installer partout des stands avec des produits – notamment textiles – dont la qualité est, de notoriété publique, plutôt médiocre ?
Le public demande à choisir sa consommation. Ce n’est pas à nous de dire aux gens de faire ceci ou cela. Dans les braderies que je connais, on cherche avant tout un article qui plait à prix bas. Et puis il y a des gens qui en profitent pour acheter dans les magasins ouverts ce jour-là. Cette dynamique entraîne des façons de consommer parfois un peu différentes.
Mais est-ce que ce ne serait pas l’occasion de mettre mieux en avant les artisans de Touraine ? L’espace qui leur est alloué est très petit…
J’ai bien envie de travailler cette question et d’avoir un village artisanal. On pourrait par exemple proposer des tarifs modulables en fonction de l’activité tout en restant dans l’équité de traitement pour tout le monde.
Propos recueillis par Olivier Collet / Photos : Laurent Depeigne