Cité de la Gastronomie de Tours : on en est où ? On fait le point

L’association n’est pas encore officiellement dissoute.

La Cité de la Gastronomie de Tours c’est comme un bon plat en sauce : il faut laisser mijoter avant d’apprécier. A l’heure où l’on écrit ces lignes, elle est toujours en pleine maturation, et ce n’est pas très facile d’y voir clair.

Résumé des épisodes précédents : en octobre 2018, l’association gestionnaire se félicitait d’une nouvelle édition du Grand Repas, un menu identique partagé par des dizaines de milliers de personnes le même jour, avec le chef de l’Elysée en guise de porte-parole. Plutôt un succès avec un concept diffusé à Reims ou Paris… mais aussi une sorte de baroud d’honneur. Explications : quelques semaines plus tard le conseil municipal de Tours officialisait la dissolution de cette structure. Une date précise était même avancée, le 31 janvier 2019.

Nous publions cet article le 16 avril… et l’association existe toujours. On l’apprend par l’élu chargé de chapeauter la Cité à Tours, l’adjoint au maire Jérome Tebaldi. Le président Emmanuel Hervé confirme : « je suis en train de gérer les passations mais comme on a fait beaucoup de choses en trois ans il faut du temps » indique-t-il, renvoyant à début mai pour plus de précisions. « On n’arrête pas une association comme ça. 200 acteurs ont interagi sur différents projets cela demande donc un minimum de temps, c’est normal » poursuit-il, précisant juste que les salariées ont bien quitté leur poste dès le mois de janvier.

Retard à l’allumage pour la « nouvelle » Cité

Alors à quand cette dissolution ? Pour l’instant on ne sait pas, Emmanuel Hervé ne donne pas de date, plusieurs dossiers resteraient à boucler, notamment financiers. Il n’y a pas d’urgence vitale mais tant que cette fin n’est pas officiellement prononcée, difficile de relancer complètement la fusée Cité de la Gastronomie. Ça n’empêche pas les préparations en coulisses.

Un plan est déjà élaboré : l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation basé à Tours reprend la gestion du pôle scientifique et culturel à la Villa Rabelais du Boulevard Béranger, tandis que la ville de Tours choisit de gérer le label en lui-même, « sans doute via une personne référente » souligne Jérome Tebaldi.

Comme annoncé en 2018, la partie événementielle est, elle, pilotée par Tours Evénements qui pensait lancer un festival culinaire baptisé Planète Goodfod fin mai-début juin… avant de le reporter à plus tard, voire à 2020 comme nous vous l’avons expliqué dans cet article. En attendant, c’est le Mondial du Fromage de Rodolphe Le Meunier qui fera office de grand événement gastronomique du 2 au 4 juin, ce dernier migrant du Vinci vers le Parc Expo avec un projet de record du monde du plus grand plateau de fromages le lundi 3. Celui-ci est d’ailleurs ouvert au public sur réservation.

Un budget moindre que les autres Cités de la Gastronomie

S’il y a bien une chose à retenir de cette situation, c’est que le modèle associatif de la Cité de la Gastronomie n’a pas fait l’unanimité. Tours est d’ailleurs la seule ville à avoir tenté cette expérience. Lyon, Dijon et Rungis qui ont également le label gèrent leurs projets en direct… Même si Jérome Tebaldi et Emmanuel Hervé soulignent que Tours « est la seule des quatre à sortir des projets », le Grand Repas est la seule marque d’ampleur à tenir dans la durée.

A côté, il se passe des choses (conférences, expos, concours…) qui réunissent des professionnels ou des passionnés. Parmi les événements grand public le salon du livre culinaire n’a pas eu lieu en 2018. Quant au grand festival gastronomique vitrine du projet, les Francos Gourmandes de 2017 doivent en partie leur affluence au regroupement de plusieurs manifestations (150 ans des Halles, Convergences Bio). Depuis, on attend une seconde édition. Mais le projet est repris à la racine : nouveau nom (le fameux Planète Goodfood), nouveau concept (axé sur les produits d’appellations) et nouvel organisateur (Tours Evénements). « Ce transfert on l’avait souhaité » insiste Emmanuel Hervé agacé par les critiques: « c’est pesant, fatiguant et usant. C’est dommage d’essayer de créer une polémique là-dessus. Les Francos Gourmandes on les a faites avec plus de 100 acteurs locaux. »

Alors où va cette Cité de la Gastronomie, pour quelles ambitions ? On espère des réponses en mai. Jusqu’ici, on peut avoir l’impression qu’elle a du mal à trouver un style propre aux côtés des projets pharaoniques de Lyon ou de Dijon. Ils mettent du temps à sortir de terre mais ils arrivent : le musée gastronomique du Grand Hôtel Dieu lyonnais ouvrira à l’automne et un marché haut de gamme façon Halles est déjà en fonction avec 9 artisans de renom (un projet porté par la mairie).

Face à cela, Jérome Tebaldi pondère : « ces villes n’ont pas les mêmes moyens que Tours. » Il s’agit en effet d’investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros que la capitale ligérienne est en incapacité d’aligner. Pourtant, on se dit qu’elle aurait pu profiter de projets urbains comme la rénovation des Halles. Trop tard ?

 Olivier Collet

EDIT 16 AVRIL, 14H45 : Autre financeur de la Cité de la Gastronomie avec la Région, la Métropole et la Ville de Tours, le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire indique qu’il doit encore verser « sa contribution normale » de 50 000€ à l’association en juin. C’est la seule institution qui a encore un engagement financier avec la Cité, les autres ayant stoppé leur subventions à la fin de l’année 2018.

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