Nouveau parcours mais même issue pour l’Acte 9 des Gilets Jaunes à Tours

La manifestation s’est conclue par des heurts avec les forces de l’ordre.

Il y avait deux banderoles côte à côte ce samedi 12 janvier en tête du cortège des Gilets Jaunes à Tours : la première revendiquait une justice sociale en France, la seconde interrogeait « Qui nous protège de la police ? ». Depuis plusieurs semaines maintenant, le mouvement semble scindé en deux, avec un noyau commun. Ainsi, la très grande majorité des manifestants vient en premier lieu pour crier sa colère contre le gouvernement et Emmanuel Macron, pour demander plus de pouvoir d’achat ou plus de démocratie. Et puis une frange minoritaire mais non négligeable de la foule fait prioritairement part de son ressentiment envers les forces de l’ordre, dénonçant des violences policières.

Les deux groupes ayant finalement de lourds reproches à faire aux institutions, ils se retrouvent dans un combat commun, chantent les mêmes slogans, et marchent au même pas.

Cet Acte 9 n’a pas échappé à la règle. Comme les samedis précédents, un groupe important s’est rassemblé dès 14h en centre-ville de Tours après un défilé matinal réunissant un peu moins de 200 personnes à Loches. Non déclarée en préfecture, la manifestation a tourné dans le centre-ville, empruntant notamment la Rue des Halles et cheminant – pour la première fois – dans le Vieux Tours, notamment via la Place du Grand Marché.

Au départ, on comptait un peu moins de 300 personnes, puis 500, puis un millier selon la préfecture… même 1 890 selon un manifestant, crayon en main, affichant fièrement son décompte auprès de nous après une demi-heure d’efforts. Comparable à l’Acte 8, ce chiffre peut être qualifié de conséquent. La mobilisation reste à un niveau relativement élevé, avec des personnes de tous âges : familles, jeunes ou retraités. « On sera là tous les samedis ! » a prévenu quelqu’un dans l’après-midi. « On veut juste vivre mieux » nous a aussi lancé une femme, insistant sur sa volonté de pacifisme. Mais pour d’autres, le message c’était plutôt la lutte contre le modèle capitaliste dans son ensemble. « Mangez les riches » a-t-on même lu sur un carton.

On retiendra également quelques propos hostiles envers la presse. Certes isolés, mais parfois assez menaçants.

2 face à face près du commissariat

1h30 après le lancement de la marche, la tête du cortège a absolument tenu à marcher vers le commissariat. Et les policiers ont absolument tenu à l’empêcher de l’atteindre. Le groupe était à une grosse cinquantaine de mètres du barrage. De jeunes hommes invectivaient verbalement les fonctionnaires. Ils ont aussi eu l’idée de se mettre à genoux comme les lycéens forcés de s’agenouiller à Mantes-la-Jolie fin 2018. Quelques instants plus tard, les premières bombes lacrymogènes de l’après-midi sont parties après sommations. La préfecture affirme que des projectiles ont été lancés en direction de ses hommes, version démentie côté manifestants.

Cette première offensive a fait deux blessés dans les rangs des manifestants selon des témoins, et a encouragé la foule à se replier vers la Rue Nationale puis vers la préfecture… où un autre groupe de forces de l’ordre attendait. Le gros des manifestants est passé le long de la place sans s’arrêter. Nous avons alors été témoins d’une interpellation, un homme.

La manifestation s’est ensuite redirigée vers la Place Jean Jaurès où se trouvaient par ailleurs des Soudanais venus se révolter contre la dictature dans leur pays d’origine.

Les Gilets Jaunes – progressivement moins nombreux – se sont posés plusieurs minutes avant de repartir sur le Boulevard Béranger puis de faire de nouveau face aux policiers Rue Marceau. Rejoints par les gendarmes après un long moment d’observation mutuelle, ceux-ci ont fini par charger à coups de lacrymos et de balles de défense. Plusieurs bouteilles et projectiles ont été lancés côté manifestants. La préfecture explique qu’un policier – le directeur départemental de la sécurité publique – a été incommodé par des gaz lacrymogènes venant de la manifestation. Elle évoque deux autres blessés : un manifestant et un passant lui aussi gêné par le gaz.

9 interpellations

Au moment où la nuit tombait, les policiers et gendarmes postés Boulevard Béranger ont voulu siffler la fin de la partie en dégageant tout le monde. Il y avait alors plus de non-Gilets Jaunes. L’opération s’est menée à coups de charges et de gaz irritants. Tendus, nerveux – y compris avec des passants qui ne s’écartaient pas assez vite à leur goût – ils ont fait la chasse aux irréductibles éparpillés dans l’hyper centre, interpellant par exemple deux personnes dans le magasin H&M côté Rue Charles Gille, deux hommes accusés d’avoir voulu lancer de l’acide.

Au total, 9 individus ont été interpellés dans la journée. Et à 18h30, tout était terminé, soit environ 1h plus tôt que lors de l’Acte 8 malgré un déroulé très similaire (les feux de poubelles en moins). Place maintenant à la préparation d’un éventuel Acte 10 dans une semaine. Entre les deux, il y aura le lancement du Grand Débat voulu par le gouvernement. Une initiative qui rend au mieux très sceptiques les manifestants, au pire dont ils n’attendent strictement rien.

Olivier Collet / Photos : Laurent Depeigne et Pascal Montagne

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