Un QCM d’urgence, une appli… Des solutions de 2018 pour lutter contre le VIH et le Sida

Certaines pourraient être mises en place très vite.

Faire émerger en moins de 48h des pistes de solutions que le monde médical ou associatif ne parvient pas à trouver depuis des années : c’était l’objectif du premier Hackathon autour du VIH organisé jeudi 29 et vendredi 30 novembre au HQ de Tours, un événement baptisé VIHACK, inédit en France, et qui remplaçait le traditionnel forum autour des infections sexuellement transmissibles organisé jusqu’ici à Tours par l’association VIH Val de Loire.

Si la formule a évolué, c’est parce que les soignants et les associations ont fait le constat que les anciennes recettes ne prenaient plus dans une société hyperconnectée et sollicitée de toutes parts. Malgré les campagnes d’affichage, les conférences ou autres nombreuses tentatives de sensibilisation du public – notamment des jeunes – le virus ne recule pas. Pire, avec 4 000 personnes suivies pour leur séropositivité et 900 qui sont concernées par le VIH sans le savoir, le Centre-Val de Loire est la deuxième région de France où l’épidémie a le plus d’impact, juste derrière l’Île de France.

Une centaine de personne mobilisées

L’enjeu du VIHACK était donc de trouver des moyens de capter l’attention des populations les plus à risques, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes ou les personnes immigrées originaires d’Afrique sub-saharienne. Mais l’objectif était également de changer le logiciel de la communauté médicale, qui n’a pas toujours les bons réflexes. « Faisons-nous aider » exhortait l’organisateur de la manifestation, le Dr Gras, infectiologue au CHU de Tours.

Ainsi, une centaine de personnes (étudiants en médecine, élèves de l’ESTEN ou du CEFIM, médecins, responsables de centres de dépistage…) étaient rassemblées en 17 équipes de 5 à 6 personnes avec, toutes, un thème sur lequel plancher.

Des partenaires sexuels connectés par une appli

Parmi les projets qui ont marqué l’assistance, citons l’appli Tchin Tchin… Elle est pensée comme un outil pour des personnes ayant une activité sexuelle plutôt active même si elle peut concerner tout le monde. L’idée est qu’au moment d’avoir un rapport – juste avant ou un peu après – les partenaires face un check avec leur smartphone pour signaler à l’application qu’il se passe quelque chose entre eux. Si, quelques semaines ou quelques mois plus tard, un utilisateur ou une utilisatrice se rend compte qu’il/elle est infecté(e) par le VIH ou une autre iST, c’est alors possible de le signaler – de manière anonyme – à ses anciens partenaires qui reçoivent une notification leur intimant d’aller se faire dépister. L’idée étant d’être pris en charge le plus tôt possible. Un numéro vert pourrait également être relié au programme afin d’écouter les utilisateurs sans doute un peu déboussolés par la nouvelle…

Intéressante sur le papier, cette solution nécessite tout de même une sacrée implication de sa communauté potentielle, autrement dit l’instauration d’un réflexe aussi puissant que peut être l’utilisation d’un préservatif. Nécessitant encore du travail pour sa mise en place, elle ne sera sans doute pas disponible tout de suite.

Un QCM à remplir en 20 secondes pour les urgences

En revanche, un autre concept qui a germé pendant le VIHACK de Tours pourrait bien être actif d’ici très peu de temps. C’est Clément, étudiant en 5ème année de médecine à la fac tourangelle, qui en est l’un des artisans. Il s’agit de mettre en place une sorte de QCM utilisable à la fois par les patients ou le monde médical afin d’identifier la prise de risque et les réactions à avoir. « L’idée c’est de pouvoir agir vite grâce à un algorithme, un outil qui évalue la situation » explique le jeune homme, sachant qu’après une exposition à risque les premiers traitements doivent être pris dans les 4h pour être réellement efficaces.

Avec maximum 7 questions, 20 secondes d’attention nécessaires, et une centaine de scénarios différents (relations hétérosexuelles, homosexuelles, nature du rapport…) ce programme récapitule la marche à suivre, y compris pour des personnels médicaux qui se seraient piqués avec une seringue usagée. « L’idée c’est aussi que l’accueil aux urgences soit meilleur, plus efficace, plus rapide » justifie Clément, sensibilisé à l’importance de la cause après un stage estival au centre de dépistage de Tours. L’idée, ne nécessitant pas de budget, pourrait se déployer sur simple autorisation de l’Agence Régionale de Santé.

Olivier Collet

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