A Tours, « lutter contre le sexisme ça commence dès l’école »

Mobilisé bien avant l’affaire Weinstein, le Planning Familial poursuit ses actions contre le harcèlement de rue.

97% des Tourangelles ont déjà été victimes de harcèlement dans la rue ou les transports : ce chiffre, que l’on rappelle régulièrement, est le seul dont on dispose actuellement en Indre-et-Loire, et c’est le résultat d’une étude menée auprès de plus de 200 femmes du département en 2016. A la suite de ce constat alarmant, la délégation départementale aux droits des femmes et plusieurs autres acteurs locaux avaient décidé de mettre en place un plan d’action pour lutter contre ce phénomène.

A Tours, le Planning Familial a ainsi imaginé des groupes d’échanges réunissant des femmes de tous horizons pour raconter ce qu’elles avaient subi, évoquer leurs réactions et envisager des solutions : plus de 120 Tourangelles de tous âges et de tous profils y ont participé au printemps 2017 à Tours ou La Riche : « même si elles n’avaient pas une situation en tête en arrivant elles en découvraient au fil des échanges. En entendant les autres, elles se rendent compte que c’est bien plus fréquent que ce qu’elles pensaient » explique Marielle Thomine qui travaille pour l’association.

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« Le but de ces groupes c’est que les participantes en parlent autour d’elles : à leurs ami(e)s, leurs frères, leurs sœurs, leurs parents… Ce qu’on veut c’est créer un effet boule de neige dans la société parce que ces femmes, qui ont parfois tenté de réagir de différentes façons voient qu’il n’y a pas grand-chose qui fonctionne. Aujourd’hui, elles en ont marre d’avoir recours à des stratagèmes d’anticipation pour ne pas être harcelées. Elles veulent faire bouger les choses » poursuit Marielle Thomine qui a suivi l’ensemble des discussions et organise également des actions dans les établissements scolaires ou dans la rue autour de la drague, du consentement ou du plaisir.

« Ce n’est pas aux victimes de faire attention »

Mené sur l’intégralité du 1er semestre 2017 cet « essai » s’est avéré concluant : « on s’est rendu compte que les femmes avaient envie d’en parler, de faire prendre conscience de ce qui se passait », note Marielle Thomine. Tout ça bien avant l’emballement médiatique autour du harcèlement de rue qui a mis en avant subitement et dans la longueur les violences sexistes et sexuelles fréquemment subies par les femmes dans le sillage de l’affaire Weinstein.

Cet événement mondial jumelé au travail de fond du Planning Familial d’Indre-et-Loire a mis un coup d’accélérateur au programme tourangeau : « cela a permis de se rendre compte que la culture du viol commence avant qu’il y ait agression sexuelle. Cela débute par les brimades sexistes dans la rue. Heureusement dans la majorité des cas ce harcèlement de rue n’est pas suivi d’une agression sexuelle mais il donne un sentiment d’insécurité, comme quoi la rue n’appartient pas aux femmes et que l’on doit faire attention. Sauf que ce n’est pas aux victimes de faire attention » rappelle Marielle Thomine.

Bientôt une exposition à partir du vécu des femmes

Résultat, : « on n’est plus dans la prise de conscience, on se demande ce qu’il faut faire pour que les choses bougent. Il y a des pays où ça n’arrive pas donc on peut faire évoluer les mentalités, notamment grâce à l’éducation » pointe la salariée du Planning Familial intéressée par le démarche gouvernementale avec la loi sur la pénalisation des brimades sexistes qui devrait instaurer une amende en cas de flagrant délit dans l’espace public.

D’ailleurs, que penser de ce texte sur lequel a également travaillé la députée tourangelle Sophie Auconie ? « Que la loi avance, c’est un bon symbole mais ça ne suffit pas. Il faut aussi avancer sur le terrain et travailler dès le plus jeune âge, dès l’école, car le texte sera compliqué à mettre en application avec le principe de flagrant délit. Ça peut néanmoins permettre une prise de conscience sur quelque chose qui est interdit, et pas sur quelque chose de normal. Faire bouger les mentalités sera un travail de longue haleine mais ce n’est pas grave, on a l’habitude ! »

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Pour que le sujet reste d’actualité sur le long terme en Touraine, de nouveaux groupes d’échanges ont été mis en place cette année (le prochain ce jeudi 24 mai de 18h30 à 20h30, puis un dernier le 11 juin, tous deux au centre de vie du Sanitas) et une exposition conçue à partir de témoignages de femmes est en projet d’ici la fin de l’année pour évoquer ce qu’elles ont vécu dans la rue, comment elles ont réagi et ce qu’elles proposent pour apaiser les relations dans l’espace public. Le Planning Familial travaille également avec d’autres structures comme le groupe Stop au Harcèlement de rue que l’on avait rencontré récemment.

Olivier Collet

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