Vu et entendu lors de la visite d’Emmanuel Macron à Tours Nord

Tapes sur l’épaule et plaidoyer pour la passion au travail.

2015 (au CEA de Monts), 2016 (avec les migrants et les pompiers), 2017 (au Centre de Création Contemporaine) et 2018 (auprès des apprentis, des écoliers et des lycéens) : le président de la République vient une fois par an en Indre-et-Loire ces derniers temps. Bon, entre 2017 et 2018 l’Élysée a changé de locataire. Désormais c’est Emmanuel Macron qui tient les rênes de l’État et le jeune président de 40 ans est bien décidé à imprimer son style : il prend son temps, il discute, tapote sur l’épaule… C’est sa façon de montrer qu’il est à l’écoute des citoyens, qu’il n’est pas imperméable aux critiques, que ce n’est pas un président parisien. La preuve : son séjour en Touraine dure deux jours. C’est de la communication (il ne vient rien annoncer de vraiment nouveau), et de la câlinothérapie (rencontre et dîner avec les élus), mais c’est aussi son job et force est de le reconnaître qu’il tient la barre, même des sceptiques le disent.


Emmanuel Macron est arrivé peu après 16h30 au CFA des Compagnons du Devoir Rue de Franche Comté à Tours Nord ce mercredi. Avant d’aller serrer les mains des jeunes qui l’attendaient, il a discuté avec des aînés qui faisaient le pied de grue dans la rue. Alors qu’une manifestation nationale des retraités est prévue ce jeudi en réaction à la hausse de la CSG (dès 10h Place Jean Jaurès avec les Ehpad), la séquence a intéressé nos confrères, notamment les médias parisiens.

Et pendant que le président tente de convaincre du bien-fondé de sa politique, la journaliste d’un quotidien régional qui ne pourra pas suivre de près sa visite s’impatiente : « aujourd’hui, je suis payée à ne rien faire. » Un confrère : « on en viendrait presque à regretter Hollande et Sarkozy. » 16h45, il n’y a déjà plus de macarons à la framboise en salle de presse. Non loin de là, un jeune se demande si Macron est arrivé en Clio, un autre renchérit : « y’a pas Neymar qui vient aussi ? »


Les élus locaux présents en nombre (maires, sénateurs, députés, conseillers régionaux…) sont divisés en deux groupes : il y a ceux qui peuvent suivre le président avec les jeunes et les ministres Muriel Pénicaut (travail) et Jacqueline Gourrault (originaire du Loir-et-Cher et ministre auprès du ministre de l’intérieur) et ceux qui doivent attendre. Ces derniers restent debout, « on s’ennuie, on a des fourmis dans les jambes et mal au dos » nous dit-on. D’autres invités en profitent pour réseauter, caler des rendez-vous… Pendant ce temps, on apprend que la célèbre Annie Leibovitz suit le président.


Vient l’heure du discours, plus de 15 minutes sans notes pour Emmanuel Macron. Extraits : « on se retrouve dans un paradoxe avec un taux de chômage à 9% et on a dans toutes les régions des métiers sous tension donc nous avons besoin de changer nos modes de formation. L’engagement c’est 15 milliards d’euros d’investissements pour l’apprentissage, la formation des chômeurs et la formation tout au long de la vie, c’est inédit. »

« L’apprentissage est une filière d’excellence »

Sur l’apprentissage : « depuis longtemps on se donne des objectifs que l’on n’atteint jamais donc je ne fixe pas d’objectifs chiffrés et je regarde ce que font les voisins pour rattraper notre retard. L’idéee de la réforme est de rapprocher l’Éducation Nationale des professionnels et de simplifier les règles pour qu’un jeune en apprentissage puisse suivre le quotidien de ceux qui pratiquent le métier qu’il veut embrasser. Ça veut dire en finir avec des jeunes qui ne peuvent pas travailler 8h par jour dans le bâtiment ou des jeunes qui ne peuvent pas commencer à 5h du matin dans la boulangerie pour faire le pain. Ce sont des simplifications de bon sens. Ensuite on doit expliquer que l’apprentissage est une filière d’excellence. Ce n’est pas un échec mais un projet pour la vie. En Allemagne les patrons d’entreprises ont été apprentis c’est pour ça que ça marche. Il faut qu’on fasse cette conversion culturelle. »

Pour tout savoir sur le CFA des Compagnons, lire notre article sur 37 degrés

Autres pistes annoncées, ou plutôt confirmées : mieux payer les apprentis, leur fournir une aide de 500€ minimum pour passer le permis de conduire dès le 1er semestre 2019, rendre possible l’entrée en apprentissage à tout moment de l’année et regrouper les 4 aides à l’apprentissage pour les employeurs en une seule aide mensuelle. « Il faut que l’employeur voit ce que lui coûte un jeune. La première année dans les entreprises de moins de 250 salariés ce sera 65€ pour l’employeur. Quand les gens auront compris ça on ne me dira plus qu’un jeune coûte un SMIC alors qu’il ne sait rien la première année. »


Pendant le discours, assez lyrique, le président a été applaudi à deux reprises. Plus ou moins spontanément : un membre du public a commencé à taper dans ses mains seul plusieurs secondes avant d’être suivi par le reste de la salle. 2 petits moments de flottements…

Emmanuel Macron a conclu en plaidant « avec beaucoup de force » (il l’a répété plusieurs fois) pour « le goût de l’effort » : « notre pays a besoin de valoriser les passionnés. Les 1ers de cordées sont les employeurs et formateurs qui ont reçu, appris et donnent pour aider les autres. On en a besoin partout. Il faut qu’on les valorise. Il faut qu’ils se souviennent qu’il y a une corde qui leur a permis de monter et qu’ils s’en servent pour tirer d’autres vers le haut. » La métaphore de la corde jusqu’au bout…

Le chef de l’Etat a enfin annoncé que la France était candidate à l’organisation des Olympiades des Métiers en 2023, compétition qui valorise les apprentis comme ce fut le cas récemment pour des Tourangeaux.


Emmanuel Macron s’est vu offrir deux cadeaux : une rose pour son épouse Brigitte Macron et un ballon de foot en bois sur socle en inox. Une rose pour madame, un ballon pour monsieur… Bon, c’est quand même un peu cliché comme présents… Mais apparemment « il le surkiffe son ballon » note un observateur.

Lire aussi notre reportage à l’Hôtel de Ville avec les fans et les opposants au président sur 37 degrés

Ensuite est venu le temps des selfies. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de selfies même sous la pluie avant que le président ne remonte dans la voiture. Un apprenti suit Emmanuel Macron de près : « j’ai déjà mon selfie avec lui, maintenant il m’en faut un avec son garde du corps. » Une spectatrice à sa copine : « mais tu es totalement fan ! » « Ouiiiiii, il m’a caressé l’épaule. » Dingue.

Olivier Collet, Photos : Pascal Montagne

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