Démolitions et constructions : ce qui va changer au Sanitas

430 logements vont être détruits. Des bureaux, de nouveaux commerces et des salles de sport sont annoncés. Mais les habitants sont méfiants, voire opposés au projet.

Petit problème de son dans le micro dans la salle Danton du Palais des Sports de Tours ce jeudi soir, « nous déclenchons l’orage » se moque le maire Serge Babary. Un peu prémonitoire comme propos… Avec une batterie d’élus (dont le vice-président en charge de la question urbaine Wilfried Schwartz) et de techniciens (Grégoire Simon pour Tours Habitat, Frédéric Jullian directeur du développement urbain de la métropole), il est venu présenter aux habitants le projet de rénovation du quartier « dans les dix prochaines années », un chantier censé compléter ce qui a déjà été fait sur la période 2004-2010 (30 millions d’€ investis) et lors de la construction de la première ligne de tramway qui le traverse du Nord au Sud. La ville de Tours est toute fière : c’est l’Etat qui porte la chose via son Agence Nationale de Rénovation Urbaine (l’ANRU), principal financeur.

Oui mais voilà, l’ANRU ne paie pas sans conditions. Son objectif c’est de créer plus de « mixité sociale » au sein des quartiers prioritaires. En gros, remplacer des logements sociaux vieillissants par des logements neufs privés. C’est pour éviter « la ghettoïsation » entend-t-on dans la bouche du maire qui emploie le terme avec des pincettes mais le prononce quand même.

Le Sanitas c’est 45ha, plus de 4 000 logements. Un quartier de HLM en centre-ville, à deux pas de la gare, avec une pépinière d’entreprises, une Maison de la Réussite, un marché immense, des transports, un Palais des Sports hébergeant une équipe championne d’Europe de volley, une piscine, une patinoire, des parcs urbains, un centre de vie avec plusieurs associations… Tout ce qui fait que ses habitants s’y sentent bien et n’ont pas envie de le quitter. Oui mais on nous affirme que quand on propose à de nouvelles personnes, y compris de potentiels locataires à revenus plus élevés, de venir dans le secteur elles refusent si elles ont les moyens d’aller ailleurs.

Alors il faut rénover pour rendre le quartier plus attractif. Rénover, en faisant des travaux dans les logements actuels ? Oui, avec la promesse d’avoir (enfin !) le double vitrage partout d’ici 2020 et des ascenseurs, par exemple. Mais aussi en détruisant plusieurs immeubles pour en construire d’autres à la place, aérer l’espace, créer de nouveaux lieux de vie : « ce sera 430 logements maximum, pas 450 comme je l’ai entendu, soit 10 à 15% de l’ensemble » explique Serge Babary (la nuance est mince vous en conviendrez). Et il se veut encore rassurant : « ça va se faire sur une dizaine d’années, donc ce sera seulement quelques dizaines de logements par an. » Ou encore : « le quartier va conserver 80% de logements sociaux. »

Rassurer, rassurer, rassurer… le maire, Tours Habitat et la Métropole ont multiplié les arguments pour tenter de montrer aux habitants qu’ils n’allaient pas se faire avoir dans cette histoire alors qu’une pétition circule, qu’une manifestation a lieu chaque vendredi matin à 10h au marché St Paul et qu’une réunion de mobilisation va se tenir ce samedi (14h30 au centre social Pluri’elles). « Ca va bénéficier aux habitants, bien entendu » promet donc le maire ajoutant « il n’est pas question de vous forcer à partir dans d’autres quartiers. Chaque cas sera pris en considération et toutes les personnes en location se verront proposer un logement sur place. »

La liste des démolitions (photos en fin d’article)

Les choses vont aller vite : premiers relogements annoncés pour 2018 avec la destruction, en 2019 de la barre à l’est de la Place St Paul (là où il y a les commerces… et les trafics). « Une quinzaine de familles y vivent encore sur 48 logements » nous est-il expliqué. 400 logements se libérant chaque année dans le secteur, Tours Habitat garantit qu’il y aura bon nombre de propositions, et les familles seront prioritaires. Puis, en 2020, place à des démolitions au nord du quartier (allée de Moncontour, allée de la Béchellerie, allée de Cheverny). Le 10 Avenue du Gal de Gaulle et le 3 + le 5 allée de la Belle Fille sont aussi voués à tomber. Et enfin, du 2 au 12 Rue Aristide Briand et du 32 au 36 Rue Théophane Vénien.

Et demain ?

A la place, on met quoi ? Ca dépend… Des appartements privés pour la partie nord du quartier (allée de Moncontour…). Proche de la gare, de la Passerelle Fournier, du tram et du centre commercial tout en étant à la frontière du quartier : on appelle ça un emplacement idéal. Reste à savoir combien coûtera un appartement, si par exemple certains habitants actuels du Sanitas (voire des immeubles détruits) pourront accéder à la propriété… Quand dans le même temps d’autres s’inquiètent de hausses de loyers « de 5% » (soit entre 45 et 60€ par mois pour un loyer de 300 à 400€, ce qui est tout de même une somme) après rénovation, la question mérite d’être posée.

Outre ces logements, un nouveau centre commercial ouvert sur l’Avenue du Général de Gaulle est censé voir le jour pour compenser la disparition des commerces actuels (en espérant attirer les passants qui pourraient être tenté de s’y arrêter). A noter que la destruction de la station Total fait grand débat, mais le groupe ne semble plus vouloir maintenir ce type d’équipement en centre-ville. Quant à La Poste, son avenir est assez incertain.

Du sport, des entreprises, de la verdure…

Ce plan de rénovation du Sanitas (dont le budget total n’est pas chiffré) prévoit en plus de nouvelles activités économiques, autrement dit des installations de bureaux (une pépinière ou des PME sur le secteur Pasteur ?). Serge Babary promet par ailleurs « des dizaines voire des centaines d’emplois » à la place de l’ancienne chaufferie qui vient d’être démolie près des voies ferrées. On annonce également de nouveaux équipements sportifs (salle de boxe et d’escrime), un nouveau restaurant scolaire pour l’école Marie Curie, une nouvelle route pour faciliter la circulation vers le sud du quartier, des aires de jeux et – le tout premier chantier qui verra le jour – l’aménagement paysager vers la Rotonde.

« Il faut que vous acceptiez et que vous compreniez ce projet » implore le maire de Tours face aux 200 personnes présentes. Dans un discours globalement technique, tous ont expliqué que sans ces contraintes, l’Etat (absent, à cause de la proximité des élections) ne finançait pas de rénovation. Ils disent aussi – sans faire de bilan chiffré précis – que la réhabilitation n’est pas une bonne option, en dépit de la demande de plusieurs habitants. Enfin, ils promettent plus de concertation face aux nombreuses critiques sur la discrétion des réunions organisées ces derniers mois (« on nous impose des décisions déjà prises »). Des rendez-vous sont par exemple prévus les 4 et 11 juillet mais aussi une nouvelle grande réunion publique en octobre. Une « maison du projet » itinérante doit également voir le jour sous peu afin de présenter plus en détails ce qu’il va se passer sur le Sanitas.

Découvrez ci-dessous les premières images du projet…

Olivier COLLET

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