Tours est-elle moins dynamique qu’Orléans et Angers ?

La question a été posée lors de l’examen du budget 2016 de la ville au conseil municipal.

Ah, ce besoin de se comparer aux petits voisins pour savoir qui a la plus grosse… enveloppe d’investissement en ces temps de crise. Ce lundi, pendant plus de 6h, les élus du conseil municipal de Tours ont planché sur le budget 2016 de la capitale de l’Indre-et-Loire avec les yeux parfois tournés vers les autres grandes villes du Val de Loire. C’est primordial le budget, car ça permet de savoir ce que l’on peut faire ou ne pas faire, si on peut donner des sous aux associations (ou pas), lancer de grands travaux (ou pas), augmenter les impôts (ou pas). Il y a eu plein de chiffres annoncés par la majorité et l’opposition. On peut retenir celui-ci : 25 millions d’investissements programmés d’ici le 31 décembre. Il est important ce chiffre parce qu’il fait débat. Voici pourquoi…

L’an dernier, la mairie annonçait 20,5 millions d’euros d’investissements dans un contexte compliqué : hausse des impôts, swap toxique à rembourser pour plus de 6 millions d’euros, baisse des dotations de l’Etat… Une ligne politique qui a visiblement permis d’arranger la situation financière car pour 2016, on passe donc à 25 millions d’euros sans augmentation d’impôts, sans le swap mais toujours avec 3,6 millions d’euros en moins de l’Etat. 25 millions, vraiment ? « J’ai de gros doutes sur la sincérité de ce budget » a lâché l’élu du groupe d’opposition Tours 2020 Pierre Commandeur. Pourquoi cela ? Car l’analyse que le groupe PS-UDE fait de la situation budgétaire de la ville n’est pas aussi positive que ce que le maire Serge Babary présente avec son adjointe aux finances Françoise Amiot.

« Le compte administratif de l’année 2015 est extrêmement mauvais » analyse de son côté la socialiste Cécile Jonathan. « Sur l’investissement, il n’y a que 14,8 millions d’euros qui ont réellement été injectés dans l’économie locale. » « On n’a jamais vu un truc pareil, c’est cataclysmique » surenchérit son collègue Nicolas Gautreau. De quoi faire dire à la gauche locale que les 25 millions annoncés c’est une nouvelle fois de l’enfumage : « ce budget a un problème de sincérité. » Au-delà de ça, l’opposition estime donc qu’il n’est pas à la hauteur de la réputation de Tours : « il y a un investissement de 107€ par habitant et par an quand la moyenne des villes de même taille est de 326€. Angers et Orléans sont bien au-dessus. » « C’est catastrophique pour l’économie locale. Une année sans investissements est perdue à jamais. Où sont les projets ? La ville se meure… » estime encore Tours 2020, l’élu écologiste David Chollet ayant jusqu’à estimer que l’an dernier 100 à 150 emplois ont été détruits à cause des faibles investissements.

Piqué au vif, dénonçant des propos « inacceptables », Serge Babary a répondu avec un agacement non dissimulé : « votre discours alarmiste n’est pas forcément justifié, pas nécessaire et contre-productif. L’an dernier le budget a été voté en mars pour la première fois donc il est normal qu’il y ait du retard dans la mise en route des chantiers. C’est pour cela que nous avons prévu un report de 7,4 millions d’euros des investissements 2015 dans le budget 2016. Ne nous reprochez pas des éléments de notoriété publique. » On a donc retrouvé les millions disparus… Et ce n’est pas fini. Tours fait du sur-place ? « Il y a eu une forte hausse des droits de mutation et de la taxe d’aménagement. N’essayez pas d’alarmer la population et tournez vous vers l’avenir. Ce budget 2016 est très dynamique et nous allons développer notre programme comme nous l’entendons. »

Olivier COLLET

Qu’a-t-on appris d’autre ?

Le budget, ce n’est pas que les investissements. C’est aussi les dépenses de fonctionnement, ce que la ville paye au quotidien pour ses agents, par exemple. Ces dépenses là ont progressé d’1,75% en 2015 alors que les prévisions étaient de +1,5% et ce malgré le transfert de 78 agents à la communauté d’agglomération. Face aux critiques, la majorité se défend disant qu’elle ne peut pas « tout prévoir » et cite par exemple l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires de 0,6% prévue cette année ce qui va la forcer à augmenter les salaires alors que ce n’est pas prévu dans le budget.

A cela, on ajoutera que globalement, en 2015, les recettes fiscales ont augmenté de 5 millions d’euros, les subventions ont baissé d’1,1 million d’euros (notamment suite à la réduction de la somme versée au Vinci), 3,1 millions d’euros de bâtiments ont été vendus (475 000€ en 2014), le désendettement a atteint « son meilleur niveau depuis une dizaine d’années » selon l’adjointe Françoise Amiot avec une réduction de 3,5 millions d’euros de la dette : « la capacité de désendettement de la ville est désormais sous le seuil critique des 15 ans, à 13,2 ans » dixit le maire. Par ailleurs, les efforts de gestion des différents services ont permis de faire 1,1 million d’euros d’économies l’an passé et ils sont invités à recommencer pour 2016. Car même si la municipalité affiche de l’optimisme, le mur n’est jamais loin.

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