Après la mort de la rockstar, entretien avec un Tourangeau qui connait bien son œuvre : Colin Neveux, enseignant pour Jazz à Tours.
Quand on le contacte ce lundi, Colin Neveux est en train de préparer un cours sur David Bowie. Prof de culture de musiques actuelles à l’école de musique Jazz à Tours, il avait promis à ses étudiants qu’il leur parlerait d’un artiste vivant. Le sort en a finalement décidé autrement et David Bowie s’est éteint ce dimanche à l’âge de 69 ans après 18 mois de lutte contre le cancer. C’est un monument du rock britannique qui s’éteint : “il a marqué la musique du XXème siècle. C’est le premier grand artiste pop qui englobe la musique, le jeu avec les médias et la création de personnages. Une énorme référence pour beaucoup d’artistes comme peuvent l’être les Beatles ou Bob Dylan” se souvient Colin Neveux.
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Ce qui est incroyable, c’est que David Bowie a sorti un album pas plus tard que vendredi dernier : Blackstar. “C’est surprenant parce que ça a replongé tout le monde dans son univers et ça ne laissait pas envisager ce décès rapide” raconte le professeur qui savait néanmoins que la star avait une santé fragile, depuis l’irruption de ses problèmes cardiaques dans les années 2000. “Ce que je trouve surprenant, c’est que quelqu’un qui s’est complétement effacé des médias depuis plus de dix ans fasse en quelque sorte un dernier coup médiatique. Bowie a toujours été à contrepied. Ca a été le premier à créer la com’ médiatique via ses différents personnages avant de disparaître de la circulation. Aujourd’hui, que ce soit les groupes de Tours ou du monde entier, ils sont tous dans l’hyper-communication. Et lui n’a fait que deux albums en dix ans.”
S’il estime que musicalement David Bowie “avait fait le tour de ce qu’il avait à faire”, Colin Neveux admire le travail de l’artiste sur Blackstar : “c’est un chef d’oeuvre. Je l’ai acheté dès vendredi matin et je l’ai écoute 20 fois ce week-end. C’est un disque comme il n’en a pas fait depuis 1995. Ce n’est pas un album facile mais complet, équilibré, et pour lequel Bowie s’est notamment entouré de jazzmens récents et reconnus. Un chant du cygne.” Malgré cette actualité, pour l’enseignant tourangeau, Bowie restera “une icône du passé” mais “la première icône pop globale, quelqu’un d’exigeant qui faisait extrêmement bien les choses” et qui continuera sans nul doute d’avoir une influence sur les jeunes artistes du XXIème siècle.
Olivier COLLET
Si vous devez écouter un album de Bowie pour vous souvenir de son génie voici ce que Colin Neveux vous conseille : “Station to Station, mon préféré, sorti en 1976. C’est son album le plus risqué, mais paradoxalement celui dont il ne se souvient pas de l’enregistrement à cause de sa consommation de cocaïne.”
