Le festival de jazz de Tours faisait son Barathon samedi soir. L’occasion de se laisser porter pour des lives et d’ouvrir nos horizons à d’autres artistes.
Serge Gainsbourg c’est quand même l’archétype du mec un peu bourru, buveur, fumeur, provocateur dont on rêve de percer la carapace pour en extraire la sensibilité. La voici sur scène la sensibilité de Gainsbourg. Réincarnée dans le corps d’Agathe. Avec Simon, ils forment Miniboxon et reprennent le grand Serge avec calme et mélancolie. Ils étaient samedi soir en concert au Balkanic de Tours à l’occasion du festival Emergences de Jazz à Tours et du Petit Faucheux, la semaine qui met la scène jazz tourangelle en vedette.
« Ca fait un an que l’aventure Miniboxon a commencé » raconte Agathe. « Gainsbourg nous plait à tous les deux. On avait envie de se réapproprier ses chansons, connues ou non. Simon a acheté un boucleur et des percus, ça donnait un son sympa, alors on a travaillé sur les compos. » Pendant une heure, la voix douce d’Agathe enveloppe les petits sons écorchés de Simon sur La Javanaise, Le Poinçonneur des Lilas ou des chansons quasi inédites que l’on découvre dans l’intimité. « Les titres sont plus mélancoliques, moins rythmés. Il fallait qu’ils se rapprochent de notre son à deux alors qu’à l’origine ils étaient très orchestrés. »
« Avant de reprendre son répertoire, je pensais connaître Gainsbourg » se souvient Agathe qui a finalement découvert l’envers du personnage : « il est plus connu pour son côté provocateur que pour ses belles chansons avec des textes très construits, il racontait très bien les histoires. » Des balades capables de séduire en un refrain. C’est d’ailleurs désormais vers l’écriture de sa propre histoire que se tourne Miniboxon avec un projet de conte musical pour enfants. En attendant, vous pourrez découvrir le duo le 20 novembre au centre culturel de la Douve à Langeais et le 24 janvier pour le festival Au Fil du Jazz de St Patrice.
« On va chercher le public là où il se trouve »
Programmé donc au milieu du Barathon d’Emergences, Miniboxon fait partie de cette scène tourangelle issue de l’école Jazz à Tours qui prend aujourd’hui le risque de créer sans complexes et avec ses propres cartes. Ce n’est pas parce qu’ils viennent du jazz qu’ils en font forcément à la manière dont on l’imagine. C’est le cas pour Yacht, également sur scène samedi soir au Puzzle Pub, qui évolue vers un son pop-rock plus indé. « Il y en a pour tout le monde, on veut montrer tous les chemins de cette musique qui regarde vers l’avenir » explique Jérôme Preus en charge de la communication du festival éparpillé en Touraine (Monts, Bléré…) et dont le succès ne se dément pas d’année en année grâce au mix de pointures du jazz et de découvertes savamment sélectionnées. « Tours est vraiment considérée comme un centre névralgique du jazz en France. Un festival d’hiver qui s’achèvera le 13 novembre par la prestation événement de Jack Dejohnette (Miles Davis) au Nouvel Olympia à Tours (et les Tourangeaux de Steak en ouverture).
Olivier COLLET
A suivre aussi :
Brp ce dimanche à Bléré, Eric Allard mardi à Villebourg, The West Lines (concert commenté) mercredi à Montbazon, et un débat aux Halles de Tours jeudi sur le thème « qu’est-ce que le métier de musicien de jazz aujourd’hui ? ». Infos sur www.festivalemergences.fr.
