Il faudrait au moins trouver 400 000€.
L’association Ohé du Bateau a un peu la pression. Depuis de longs mois, elle a pour seul et unique objectif de permettre la réouverture du Bateau Ivre de la Rue Edouard Vaillant à Tours. Mais ce n’est pas une mince affaire car la salle ne lui appartient pas et elle est lourdement endommagée donc de gros travaux sont nécessaires pour qu’elle puisse accueillir du public. Pour autant, y compris à la mairie, on n’entend pas de voix dire qu’une reprise d’activité du Bateau Ivre serait inutile. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il manque une salle d’environ 300 places entre le bar tourangeau et le Vinci pour des concerts, des spectacles ou tout autre type d’événement culturel. D’autant que le site a une histoire et reste dans les mémoires. Même 6 ans après la fermeture des portes.
Ce lundi soir, Franck Mouget – en quelque sorte le capitaine qui porte ce projet – réunissait une assemblée générale aux Tanneurs afin de faire le point sur le passé, le présent et le futur. Devant une quarantaine de personnes il a notamment résumé les rencontres avec la municipalité : « au début on a senti une écoute attentive du dossier, on leur a transmis les documents pour leur montrer l’ampleur du travail mais ça n’a pas suffi pour les convaincre de participer financièrement au projet. » A noter que Tour(s)Plus a tenu le même discours suite à une rencontre avec le vice-président à la culture Cédric De Oliveira. « L’idée c’était que l’agglo achète le lieu à la Semivit pour nous le louer et nous souhaiterions pouvoir présenter ce projet devant le bureau des maires de l’agglo mais on n’a pas eu de réponse. »
Après avoir lancé une consultation auprès des acteurs culturels de la région qui ont globalement fait part de leur intérêt pour l’utilisation d’un tel lieu – y compris de toutes petites structures – Ohé du Bateau a été voir le conseil régional qui promis d’aider… si l’agglo de Tours suit le projet. Donc ça tournait en rond… jusqu’à la semaine dernière.
D’autres acheteurs pourraient se manifester
Franck Mouget : « Mercredi dernier, nous avons été voir la Semivit pour savoir si elle était prête à vendre le Bateau Ivre. Ils ont répondu oui. Nous avons demandé s’ils avaient eu des promesses d’achat, ils nous ont parlé de pistes. On a demandé s’ils voyaient un inconvénient à ce qu’Ohé du Bateau achète le site, ils ont dit non. Enfin, on voulait savoir s’ils étaient prêts à nous laisser lancer une souscription sur un temps donné en attendant son issue pour que l’on ait une priorité sur l’achat. Et là ils ont dit non. » Du coup l’association veut passer la seconde car la Semivit a affirmé vouloir se décharger rapidement du lieu mais sans donner de prix (sachant que l’achat a été fait à 410 000€).
Faute de soutiens politiques francs, c’est vers le grand public qu’Ohé du Bateau compte se tourner via le lancement d’une souscription, mais avec un délai court pour éviter qu’un autre acheteur ne prenne les devants. Sachant qu’au coût des murs il faudra ajouter celui des travaux (toiture, désamiantage…) soit au total probablement près d’un million d’euros à trouver avant d’accueillir du public. Un argent qui ne sera pas simple à réunir car si la souscription pour La Chapelle St Libert avait rapporté 400 000€, en 6 mois, celle pour la Basilique St Martin peine à décoller. « Mais il y a 4 ans, en 3 mois, on avait réuni 130 000€ sans aller voir tous les acteurs, notamment les entreprises » rappelle-t-on dans les rangs.
Reste donc à savoir de quel temps Ohé du Bateau disposera avant qu’un autre acheteur se manifeste avec un projet : « dans le cadre du futur Plan Local de l’Urbanisme de Tours, il pourrait y avoir tout un projet de requalification de la Rue Edouard Vaillant » a souligné Pierre Texier, élu communiste du conseil municipal qui craint donc un coup fourré… « Mais depuis 6 ans il n’y a eu aucun projet immobilier viable de présenté et ce serait difficile d’en trouver un de rentable » souligne pour sa part Claude Bourdin de l’association. Il faudra donc non seulement avoir l’argent mais aussi présenter un dossier séduisant et économiquement viable à long terme pour que l’éventuelle proposition soit acceptée et ne pas avoir mobilisé des soutiens pour rien. L’idée serait alors de créer une société coopérative réunissant de nombreux acteurs dont les fameuses associations intéressées par le projet, « pour certains connus et reconnus » afin de montrer l’intérêt collectif du Bateau Ivre. « C’est maintenant qu’il faut qu’on réagisse » conclut Franck Mouget qui a invité ses troupes à trouver les bonnes stratégies pour réveiller les citoyens et les mécènes.
Olivier COLLET
