Aéroport de Tours : le fonctionnement torpillé par un rapport très critique

Avec moins de 200 000 passagers par an, l’aéroport de Tours fait partie des 70 « petits » aéroports français, c’est-à-dire ceux qui accueillent moins d’un million de personnes en 12 mois. Des plateformes comme celles-ci, l’Allemagne n’en compte que 38, une vingtaine au Royaume-Uni, 17 en Italie. A-t-on vraiment besoin d’autant de pistes de décollage et d’atterrissage ? C’est la question que pose la Chambre Régionale des Comptes qui a examiné le fonctionnement de l’aéroport de Tours depuis 2014 et publie un rapport de 90 pages sur le sujet.

Le document est particulièrement critique : l’institution démontre par exemple que l’impact économique de l’aéroport tourangeau est le plus faible parmi tous ceux qu’elle a étudiés (Pau, Biarritz, Perpignan et même Bergerac). Si les retombées pour le territoire sont estimées entre 17 et 20 millions d’€, le rapport estime que l’absence de trafic passager ne ferait perdre « que » un million d’€ au territoire. La raison : 70% du trafic se fait au départ de Tours, il n’y a donc que 30% de touristes ou voyageurs d’affaire qui viennent chez nous. Et dans ce groupe, 70% auraient maintenu leur séjour même sans liaison avion directe vers l’Indre-et-Loire (chiffres extraits d’études économiques).

Des erreurs de gestion pointées du doigt

La Chambre Régionale des Comptes s’intéresse aussi au modèle de fonctionnement de l’aéroport : il est financé à parts quasi égales par trois collectivités locales (Tours Métropole, la Région Centre-Val de Loire et le Conseil Départemental à raison d’environ 1 million d’€ chacune). Pour chaque siège réservé sur les vols tourangeaux de la compagnie low cost Ryanair on compte 13€34 d’argent public. Le problème c’est que selon l’organisme de contrôle ces sommes sont trop généreuses et servent la société Edeis qui a signé un contrat pour gérer les activités du site. Ainsi, malgré un bilan déficitaire, elle a pu verser des dividendes à ses actionnaires.

Comment y remédier ? Le rapport donne plusieurs pistes, notamment revoir le mode de gestion. C’est en cours : le contrat actuel se termine fin 2023. D’ici là, les collectivités devront choisir entre plusieurs modèles (délégation de service public à une société privée comme aujourd’hui, régie publique, création d’une société locale dédiée). Et là ça dépendra de ce qu’elles veulent faire de leur aéroport. Le rapport estime que le modèle actuel est voué à rester indéfiniment déficitaire. Il faudrait soit tout fermer (impossible car ça priverait le CHU des vols qui transportent les organes pour les greffes) soit passer à la vitesse supérieure pour atteindre 1 million de passagers (compliqué car depuis des années aucune nouvelle compagnie n’est intéressée par Tours).

Moins de subventions à l’avenir ?

Troisième option, envisagée par le président de Tours Métropole et privilégiée par le maire EELV de Tours Emmanuel Denis ou le député écologiste récemment élu Charles Fournier : changer le modèle en gardant les activités essentielles (greffes et aviation d’affaires) tout en développant d’autres projets à côté (musées, logement, énergies renouvelables…). De premières pistes pourraient voir le jour avant la fin de l’année.

En attendant, le SMADAIT qui chapeaute l’aéroport indique que des évolutions ont déjà été lancées et qu’elles répondent en partie aux critiques de la Chambre Régionale des Comptes. Par exemple, il y a désormais une instance de contrôle des activités d’Edeis. Il a été demandé à la société de puiser dans ses réserves pour compenser l’impact du Covid plutôt que de compter sur l’argent public et une réduction des subventions est à l’étude (non chiffrée pour l’instant).

Découvrez notre analyse complète du rapport et les interview des responsables sur 37 degrés

Olivier Collet

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