A dire vrai on avait peur. Peur que ce Terres du Son record soit difficile à négocier vu l’affluence annoncée. 18 000 personnes par jour et une billetterie fermée pour cause de tickets tous vendus c’était inédit. La jauge de la prairie a même dû être augmentée pour atteindre le chiffre inédit de 20 900 personnes. Au final, l’organisation annonce 62 000 entrées sur les 3 jours au Domaine de Candé… Et on n’a pas eu l’impression d’être en surbooking.
Certes il y a eu la queue au parking (surtout le vendredi avec l’orage). Certes il y a eu de longues queues aux navettes (l’ASSO en a conscience et espère le retour de trains spéciaux en 2024). Certes c’était souvent très long pour faire un petit pipi. Mais globalement les circulations étaient fluides et on pouvait boire ou manger sans rater son concert préféré.
Terres du Son franchit donc un cap avec cette édition 2023. En pulvérisant son maximum de fréquentation (le précédent c’était 47 000, avant Covid) il confirme son statut de 1er festival de Touraine et de plus gros festival d’été de la région Centre-Val de Loire (Bourges c’est au Printemps, comme son nom l’indique). Pas certain que l’événement reproduise cet exploit tous les ans mais comme 90% de ses recettes viennent de la billetterie cela fait beaucoup de bien à la trésorerie (avec la hausse des cachets d’artistes + l’inflation le budget du week-end c’est 2,8 millions d’€ contre 2 millions auparavant, dont 900 000€ liés à l’artistique).
Pour l’ultime soirée, la qualité artistique était encore au rendez-vous. Sous le chapiteau, on a aimé Grégory Jolivet et sa vielle en ouverture. On a ensuite dansé devant Matmatah, de retour avec un chanteur à la voix cassée mais un set bien plus énergique et entraînant que celui qu’on avait pu voir à Avoine Zone Groove il y a quelques années. On a beaucoup écouté ce groupe plus jeune, on ne connait pas toutes les nouvelles chansons mais il nous embarque et on ne demande pas plus.
D’ailleurs c’est aussi l’impression laissée par Adé. Après un concert complet à La Parenthèse de Ballan-Miré au printemps, l’ex-membre du duo Thérapie Taxi était de retour en Touraine. Et elle a fait du bien au début de soirée, amenant de la fraîcheur, et un concert à écouter tranquille en buvant son verre ou en refaisant le monde avec les potes.
Puis Lomepal a assumé son statut de tête d’affiche en proposant 1h30 de set généreux, et amenant vers lui toute une foule acquise à ses beats et à ses textes. Dommage que le son de la grande scène n’ait pas toujours permis d’en profiter autant qu’espéré mais quel moment avec ce rappeur aux couplets et refrains puissants, qui savent toucher les plus jeunes (on en a vu beaucoup qui chantaient fort et qui connaissaient pas mal de strophes par cœur).
A l’heure du bilan, l’ASSO organisatrices de Terres du Son parle « d’aboutissement » pour définir cette 17e édition. Les dates 2024 seront définies dans quelques jours (soit 5-7 juillet, soit 12-14 juillet) mais on sait déjà que ce sera encore au Domaine de Candé, la convention avec le Conseil Départemental ayant été renouvelée pour trois ans. De quoi pousser encore les investissements pour renforcer le côté développement durable et accessibilité du festival à tous les publics, notamment ceux en situation de handicap. Le quota de bénévoles devrait lui rester le même avec environ 1 200 personnes. Les tâches supplémentaires étant désormais externalisées.
Côté programmation, les stars internationales semblent désormais hors budget vu les prix demandés par les productions. Mais Terres du Son espère continuer de proposer le meilleur de la scène francophone ou européenne, avec des concerts inédits à plus de 100km à la ronde… histoire de rester incontournable, et potentiellement complet.
Olivier Collet / Photos : Laurent Depeigne