Un nouveau mot est en train d’entrer dans le langage courant, au moins du côté des responsables politiques : l’autosolisme. Définition : faire un trajet solo en voiture. L’écrasante majorité des véhicules qui circulent dans l’agglo de Tours ne transportent qu’une seule personne, et c’est encore plus vrai le matin et le soir aux heures de pointe, sur la route du travail. Le covoiturage fonctionne parfois entre collègues mais il n’est clairement pas assez répandu pour faire baisser le trafic de manière conséquente, donc réduire les bouchons et la pollution.
Et si la solution c’était de se passer complètement de sa voiture ? C’est en tout cas l’espoir de Fil Bleu qui lance une opération « Au boulot sans ma voiture » à partir du 25 avril.
L’idée : pendant deux semaines, 80 salariés de 11 entreprises acceptent d’utiliser un autre moyen de transport pour aller travailler. Des personnes de 19 à 62 ans qui habitent Tours, Mettray, Joué, St-Cyr ou encore Ballan-Miré et qui sont profs, en apprentissage, ingénieur, infirmières, employés ou cadres. La voiture ne doit plus leur servir que pour les autres activités (courses, loisirs…). « Cette opération est une façon ludique de démontrer qu’il est possible de se rendre au travail autrement que seul dans sa voiture » affirme l’entreprise Keolis qui l’organise avec les services de la Métropole.
Les participantes et participants seront aidés dans leur défi puisqu’on leur remettra un abonnement Fil Bleu gratuit et l’accès à un vélo (classique ou électrique). Il leur sera également possible d’utiliser les voitures partagées de Citiz ou de tenter le covoiturage au sein de leur société avec l’application Klexit.
Ce n’est pas la première fois qu’une opération de ce genre est organisée. En 2021, 24 personnes avaient tenté un mois complet sans leur voiture pour tous leurs trajets. Après l’expérience, bilan : le vélo et la marche ont souvent été utilisés en remplacement de la voiture, apportant globalement satisfaction (82% pour le vélo malgré la nécessité d’un bon équipement en cas de pluie et le peu de possibilités pour transporter de lourdes charges, 63% pour la marche soit autant que le tram, 54% pour le bus à cause de l’attente, des longs trajets ou des arrêts éloignés, 36% seulement pour le covoiturage et 18% pour Citiz en raison d’un abonnement compliqué ou d’un carburant surfacturé).
36% des personnes interrogées disent avoir été contraintes de modifier leurs horaires de travail, au moins ponctuellement (9% plusieurs fois dans la semaine), 72% ont changé leur rythme de vie hebdomadaire. 82% disent avoir renoncé à des sorties pour respecter la règle, 73% ont ressenti de la fatigue, 45% sont arrivés en retard à quelques rendez-vous, mais cela n’a pas été régulier.
Au final, une moitié du panel dit avoir moins bougé (mais on était en période de couvre-feu anti-Covid donc ça a pu influer aussi). La question est maintenant de savoir si les nouvelles habitudes prises ont été durables. Malheureusement, aucun bilan global n’a été fait depuis auprès du groupe, seuls quelques contacts ont été repris pour constater qu’un achat de véhicule avait été suspendu ou que l’usage des parkings relais avait augmenté mais l’échantillon est trop faible pour en tirer une généralité.
Olivier Collet