Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront dimanche 24 avril pour le second tour de l’élection présidentielle de cette année 2022. La même affiche qu’en 2017. Le président sortant brigue un nouveau mandat, sa challengeuse espère transformer l’essai pour sa troisième participation à une course à l’Elysée (les premiers sondages les donnent au coude-à-coude alors qu’il y a 5 ans, le candidat LREM avait rassemblé deux tiers des voix face à son adversaire du Rassemblement National). Voilà pour la situation nationale. Et en Touraine, ça donne quoi ? Voici notre analyse, bulletin par bulletin.
Emmanuel Macron : le président sortant réalise un bon score de 30,99%, supérieur de 6,5 points à celui du 1er tour en 2017, soit 18 000 voix supplémentaires engrangées dans le département. Il est par ailleurs au-dessus de sa moyenne régionale de 28,53%, et atteint même des chiffres proches de 40% dans certaines communes. De plus, il ne s’impose pas seulement dans le milieu urbain mais devance régulièrement ses concurrentes et concurrents dans de petits villages tourangeaux, par exemple à Faye-la-Vineuse ou Parçay-sur-Vienne. De quoi confirmer que la Touraine lui est un département plutôt favorable : il y réalise son meilleur pourcentage régional.
Marine Le Pen : la candidate du Rassemblement National gagne des voix par rapport au 1er tour de la Présidentielle 2017 et surtout des places dans le classement puisqu’elle était 4e lors du précédent scrutin avec 18,98% derrière François Fillon et Jean-Luc Mélenchon. Cette fois elle est 2e avec précisément 6 000 bulletins supplémentaires à son nom. Souvent en tête dans le milieu rural, elle y dépasse parfois les 40% (46,51% à Villiers-au-Boin, et approche régulièrement les 35%. Elle aurait pu être encore plus haute sans la multiplication des candidatures nationalistes (Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan).
Jean-Luc Mélenchon : le candidat de l’Union Populaire était annoncé en bonne dynamique dans les sondages et au final il écrase la concurrence dans le lot des poursuivants. Hormis les qualifiés pour le duel final, c’est le seul qui fait un score à deux chiffres, se targuant d’être en tête dans certains bureaux urbains de l’agglomération tourangelle, et de challenger Emmanuel Macron à Tours (seules 119 voix séparent les deux hommes). L’appel au vote utile à gauche a clairement fonctionné, et l’Insoumis peut regretter de ne pas avoir réussi à unir les candidatures derrière lui pour obtenir sa place au second tour. Au niveau départemental il est 3e comme en 2017, avec 2 000 voix de plus.
Eric Zemmour : celui qui se voyait déjà au second tour et parlait d’un vote caché en sa faveur n’aura finalement réussi qu’à empêcher Marine Le Pen d’arriver en tête du 1er tour. Il recueille tout de même près de 20 000 bulletins dans le département, mais dépasse rarement les 10% des suffrages exprimés, hormis dans quelques villages. Se revendiquant 1er parti de France en nombre d’adhérentes et d’adhérents (120 000), Reconquête espère tout de même faire bonne figure aux élections législatives de juin (celles qui permettront de renouveler les députés de l’Assemblée Nationale). Il faudra donc compter sur lui en Indre-et-Loire.
Valérie Pécresse : quand François Fillon était 2e en Touraine en 2017, la candidate LR se retrouve 5e cinq ans plus tard, dans un département qui a pourtant de nombreux élus de droite, notamment au Sénat ou dans plusieurs villes d’importance (Loches, Amboise, Joué-lès-Tours, Chinon, Fondettes, Saint-Cyr-sur-Loire). Même dans ces bastions, elle peine à faire bonne figure, terminant par exemple derrière Eric Zemmour à Saint-Cyr-sur-Loire (8,52% contre 8,9%). Elle perd ainsi 55 000 voix par rapport à l’ex-premier ministre. Cela s’annonce d’ores et déjà très dur pour les candidats LR aux législatives de juin.
Yannick Jadot : comme au niveau national, l’écologiste talonne Valérie Pécresse. Et réalise un score plus élevé qu’elle sur la ville de Tours où il était venu en meeting en plein air (750 voix supplémentaires). Cela reste néanmoins une grosse déception puisqu’il ne franchit pas la barre des 5% qui permet le remboursement des frais de campagne, y compris au niveau départemental. Il peut juste se féliciter de faire mieux que les socialistes et deux fois plus qu’Eva Joly, dernière candidate écologiste en 2012. La question est maintenant de savoir si EELV participera à des unions de la gauche aux législatives ou jouera encore cavalier seul, au risque de reproduire ce schéma.
Jean Lassalle : son score départemental est de 2,6% mais il réalise des résultats supérieurs dans certaines communes rurales comme Brèches où il est 4e à 7,14% devant Eric Zemmour. Comme quoi son discours autour de la défense des campagnes a visé juste à certains endroits.
Fabien Roussel : le candidat communiste qui a fait une campagne remarquée est finalement bien bas, même s’il devance les socialistes. Dans le bastion tourangeau du PCF il s’illustre : 4e à Saint-Pierre-des-Corps (mais seulement 5,45%), Il est à 2,99% à Château-Renault, en 7e position.
Nicolas Dupont-Aignan : son score tourangeau est plus de deux fois inférieur à celui de 2017 en nombre de voix (7 271 contre plus de 18 000). Le souverainiste de Debout la France a clairement perdu de sa superbe.
Anne Hidalgo : le score de Benoit Hamon en 2017 était déjà faible mais là, les socialistes sont clairement dans la catégorie des petits candidats. La 10e position c’est du jamais vu, et même dans des villes PS comme Langeais ça ne prend pas (2,13%). A Chambray, où le maire a soutenu la maire de Paris via une tribune et un parrainage officiel, elle ne fait guère mieux à 2,16%, 2,53% à Montlouis.
Philippe Poutou et Nathalie Arthaud : les deux candidats anticapitalistes font moins d’1% et 5 000 voix à eux deux, quand ils en rassemblaient 6 600 en 2017.
L’abstention : plus faible qu’au niveau national avec un total de quasi 24%, elle est parfois sous les 20% mais frôle les 30% à Tours et on est même à 32% dans des communes qui votent traditionnellement peu comme Saint-Pierre-des-Corps (32%) ou même Château-Renault (35%). Elle reste néanmoins inférieure au record de 2002, mais est en hausse d’un point par rapport à 2017.
Olivier Collet