Une équipe de l’INRAE de Nouzilly.
En vrai, on a toutes et tous l’air un peu ridicules quand on entreprend une conversation avec un animal. Déjà parce qu’à quelques perroquets près, le dialogue est assez limité. Ensuite parce que le ton adopté est souvent exagéré, avec la voix haut perchée et un champ lexical nettement réduit. Comment lorsqu’on parle aux petits enfants. Et quand le chien/chat/cheval/mouton en question tourne la tête, obéit à l’ordre donc semble nous montrer qu’il a compris, il y a alors de quoi déclencher en nous une sacrée satisfaction. Non, l’accent français n’est pas si incompréhensible.
Mais alors, est-ce que ça marche vraiment ?
Pour répondre à cette question ce n’est pas vers notre ressenti qu’il faut se tourner mais vers la science. On a des spécialistes du sujet en France, notamment les éthologues de l’INRAE à Nouzilly, dans le nord de l’Indre-et-Loire. Une équipe qui vient tout juste de publier une étude sur nos interactions avec les chevaux.
Conclusion : s’adresser aux équidés comme on le ferait pour un enfant est plutôt une bonne idée…
« Ce langage se caractérise par l’usage d’une voix plus aigüe, la répétition des mots et la variation des sonorités. Il a aussi une composante émotionnelle positive. Certains animaux sont aussi réceptifs à cette façon de parler, que l’on nomme chez eux le « pet-directed speech », ou PDS. C’est le cas des primates ou des chiens » écrivent les chercheurs qui ont voulu vérifier la méthode sur les chevaux ce qui n’avait pas été fait auparavant.
Le mode opératoire utilisé est le suivant : le langage PDS a été adopté avec 20 chevaux qui n’y avaient jamais été exposés auparavant. « Lors d’un premier test, chaque cheval était individuellement caressé par l’expérimentateur qui lui parlait soit en utilisant le PDS, soit en utilisant un langage neutre (comme celui que l’on utilise entre adultes) » décrit le communiqué de l’INRAE tourangeau qui revient sur l’expérience. Résultat :
« Lorsqu’on s’adresse à eux en utilisant le PDS, les chevaux répondent plus favorablement, ils sont plus calmes, regardent davantage l’expérimentateur et répondent aux gestes de pansage de l’expérimentateur en miroir (ils frottent le bout de leur nez contre lui en cherchant à le toiletter en retour), gestes qu’ils ne font pas si on s’adresse à eux dans un langage adulte neutre. »
Un second test a été mené en tenant de faire comprendre au cheval qu’il y avait une friandise à récupérer quelque part, en l’occurrence dans un seau. Dans un premier temps l’éthologue lui a dit en langage PDS, et dans un second temps en parlant normalement. L’animal s’est beaucoup plus souvent régalé lorsque l’humain parlait avec des intonations semblables à celles qu’on utiliserait devant un enfant.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire la prochaine fois que vous passerez par un centre équestre…