Plusieurs scénarios sont envisagés.
Les commerces et les écoles fermées, les entreprises à l’arrêt, les transports au ralenti, nos libertés essentielles réduites au strict minimum… La crise du coronavirus a subitement perturbé le quotidien, et pas qu’en France puisque la moitié de la planète s’est retrouvée confinée. Un scénario complètement inédit. A partir du 11 mai, la vie devrait reprendre son cours mais ça va rester « progressif » selon le terme en vigueur dans beaucoup de discours. La raison est simple : les autorités redoutent une « 2e vague » de l’épidémie, c’est-à-dire une remontée brutale du nombre de malades, ce qui signifierait encore une fois la saturation des hôpitaux.
A ce sujet, « on continue de voyager dans l’inconnu » commente la directrice du CHU de Tours Marie-Noëlle Gérain-Breuzard. L’infectiologue Louis Bernard complète son propos :
« Il y a trois scénarios. Le plus favorable c’est que le virus meurt de lui-même et qu’on n’ait plus rien au 14 juillet. Ce n’est pas impossible et ça s’est déjà vu, par exemple avec Zika. (Cette éventualité est notamment privilégiée par le très médiatique médecin marseillais Didier Raoult, ndlr) La deuxième hypothèse c’est que le virus se réactive et qu’il mute. C’est moins probable et on en saura plus mi-juin. Le 3e scénario c’est qu’il persiste pendant des mois et attaque les services hospitaliers ou les EHPAD tel un sniper. Cela pourrait alors durer jusqu’à Noël ou au printemps. »
Quel scénario peut-on privilégier ? « Je ne suis pas devin » répond le médecin le Professeur du service d’infectiologie du CHU de Tours. Dans le doute, selon lui, il faut absolument se protéger au maximum pour éviter cette 2e vague ou limiter son ampleur :
« En Touraine on estime que 3% de la population a été infectée. C’est peu important. Le déconfinement ne me dérange pas mais je vois énormément de personnes sans masques et ça m’inquiète. Pour ne pas subir de 2e vague c’est très important de respecter des règles d’hygiène et de prévention. Le coronavirus a remué la structure de notre hôpital et il n’est pas en très grande forme. Nous n’avons pas fait partie des régions les plus touchées mais le système de soins a été perturbé. Si l’épidémie repart ce serait assez pénible. »
Il fait ici référence à l’épuisement des équipes soignantes, surmobilisées pour gérer la crise ces dernières semaines (327 hospitalisations en deux mois, 100 en réanimation).
Le spécialiste se veut néanmoins optimiste, notamment quand il observe le déconfinement dans un pays comme la Corée du Sud : « Il y a encore des clusters hospitaliers mais ce qu’on voit dans la population générale a plutôt tendance à nous rassurer. »