[A chaud] Un rapport alarmant sur l’hôpital et la maternité de Chinon : on l’a lu pour vous

La baisse d’activité inquiète les comptables.

Qu’est-ce qui ne va pas à l’hôpital de Chinon ? L’établissement de 661 lits et places fondé en 1951 a été étudié par la Chambre Régionale des Comptes du Centre-Val de Loire. Elle vient de publier un long rapport pour résumer ses travaux de 2012 à 2017… A l’écouter la situation est préoccupante.

Voici ce qu’il faut en retenir :

« L’établissement, qui a connu un renouvellement de sa direction en 2015, dispose d’atouts mais se trouve confronté à des difficultés conduisant à une situation financière dégradée » peut-on lire dès la page 5. Parmi les points forts de l’hôpital qui fait travailler 1 230 personnes : la qualité de ses locaux rénovés pour 68 millions d’€ entre 2004 et 2010 et la possibilité d’utiliser les équipements du CHU de Tours à 50km de là. Il est équipé d’un service d’urgence, d’une unité pour personnes âgées dépendantes, d’une unité de psychiatrie ou encore d’une maternité. Un parcours complet mais son activité a baissé de 11% en 5 ans. De plus, les comptes étaient en déficit d’1,3 million d’€ en 2017 alors qu’ils étaient dans le vert auparavant. Selon la Chambre Régionale des Comptes :

« L’hôpital n’a pas su adapter ses effectifs (à la baisse d’activité) et a même continué de recruter. La gestion des personnels reste largement perfectible. (…) En outre, la chambre a constaté certaines irrégularités en matière de rémunération et de recrutement »

Conscients des difficultés de recrutement de l’établissement qui n’est pas forcément attractif à cause de sa situation géographique, les examinateurs suggèrent tout de même d’appliquer plus strictement la réglementation quand il emploie du personnel temporaire. Ils demandent de supprimer une indemnité de précarité qui n’a plus lieu d’être après un changement des règles. Son coût est estimé à 218 000€ en 2019, 385 000€ en 2018. On apprend aussi que 36 médecins semblent avoir bénéficié de contrats avec une rémunération irrégulière.

On en vient au sujet lourd : celui de la maternité, la seule de la région avec le label « Ami des Bébés » obtenu en 2011. Le document s’inquiète aussi de sa faible activité (561 naissances en 2017) et de son déficit financier (1,9 million d’euros sans les aides dont elle bénéficie). Il pose clairement la question de son maintien :

« L’atteinte du seuil d’accouchements nécessaires pour assurer l’équilibre financier de la maternité semble aujourd’hui compromis. Une évolution de cette activité apparaît comme une condition impérative à la pérennité de l’établissement. »

Selon la Chambre Régionale des Comptes il faudrait 1 100 à 1 200 accouchements par an à Chinon pour que le service soit vraiment rentable financièrement. Deux fois plus qu’aujourd’hui ! Elle préconise ainsi une transformation de l’équipement en centre de périnatalité relié au CHU de Tours pour des raisons d’économie. Une proposition potentiellement explosive car on sait que la fermeture des maternités est un sujet très sensible dans les zones rurales. On se souvient notamment du combat de la commune du Blanc dans l’Indre pour maintenir son site d’accouchements. Alors qu’est-ce qui est le plus important ? Le maintien d’un service public même s’il coûte cher à la collectivité ou la recherche d’une situation financière la plus stable possible ?

Dans son rapport, l’institution note aussi que les hospitalisations en ambulatoire (sans nuit sur place) sont faibles par rapport aux autres établissements de sa catégorie : 10% au lieu de 30% pour la moyenne nationale, que 42% des bâtiments sont vétustes et surtout 79% du matériel, sans avoir les moyens suffisants pour le moderniser. Elle s’inquiète d’ailleurs d’une forte dégradation des finances de l’hôpital de Chinon en 2018 « faisant peser des incertitudes quant à l’avenir de l’établissement dans son organisation actuelle. »

Le rapport complet est disponible ici.

Crédit photo :hôpital de Chinon

REACTION :

Fabienne Colboc, députée de la quatrième circonscription et Isabelle Raimond-Pavero, sénatrice d’Indre et Loire ont saisi Agnès Buzyn (ministre de la Santé et des solidarités) « pour lui exprimer la volonté de tous les acteurs du territoire de continuer à développer ce centre hospitalier au niveau de la maternité » lit-on dans un communiqué reçu ce mercredi. « Le bassin de vie du Chinonais a besoin aujourd’hui comme demain de cette maternité de proximité. Véritable maillage territorial dans notre département, le centre hospitalier de Chinon joue un rôle essentiel pour les femmes enceintes du sud-ouest de la Touraine » disent les deux élues.

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