Un dispositif qui aiderait les élèves à se calmer.
C’est une initiative originale que Séverine Beauthauville est allée chercher de l’autre côté de l’Atlantique. Directrice de l’école de Francueil, à l’Est de Tours, l’enseignante a récemment installé un vélo d’appartement dans sa classe de 27 enfants de CM1-CM2. « J’avais des élèves qui souffraient de troubles de l’attention et de stress. Je ne savais pas comment le gérer puis j’ai vu qu’au Québec, des écoles utilisaient ce genre de matériel : des vélos d’appartement avec une tablette pour travailler en pédalant. J’en ai parlé à la réunion de rentrée, et on m’a proposé un prêt de vélo que nous avons installé en novembre. »
Avec quelques mois de recul, la professeure juge le dispositif « très bénéfique ». Concrètement, elle propose aux élèves dissipés de passer quelques minutes sur le vélo lors d’activités orales afin de les défouler : « le fait de savoir qu’ils ont la possibilité d’aller sur le vélo dès qu’ils ont besoin de bouger a drôlement apaisé les choses. Je l’utilise en mathématiques et en histoire, ça a créé une certaine dynamique de classe. »
En effet, les minutes passées à pédaler sont converties en kilomètres et la distance inscrite sur le tableau : « on a déjà parcouru 162km, correspondant à 648 minutes sur le vélo. L’objectif c’est de rejoindre le Pont du Gard, parce que j’ai des origines gardoises. » Il y a encore du chemin : l’itinéraire cyclable de Google Maps nous indique un total de 635 km pour relier Francueil au célèbre monument.
Mais l’objectif n’est pas la performance. Juste de retrouver une certaine sérénité. Séverine Beauthauville raconte que dans un premier temps, elle envoyait ses élèves agités sur la selle quand elle les apercevait en train de danser sur leur chaise, donc elle était en quelque sorte dans une position de réprimande. Aujourd’hui, « ce sont eux qui demandent », ils anticipent leurs difficultés. Pas question de les laisser dans cette position pendant des heures jusqu’à la prochaine récréation, mais juste 10-15 minutes, le temps que ça aille mieux. « On a bien expliqué à quoi ça servait, que tout le monde pouvait y aller. Ça a entraîné de la solidarité et de la bienveillance entre les élèves et surtout c’est un moyen de ne pas stigmatiser les enfants qui avaient du mal à se concentrer. »
Satisfaite de l’expérience, l’enseignante tourangelle aimerait maintenant investir dans de vrais vélos-bureau pour que les enfants soient plus à l’aise pour suivre le cours. Mais cela coûte cher : 670€. L’objectif étant d’en avoir au moins deux, un financement participatif vient d’être lancé. Et à terme, pourquoi ne pas étendre le dispositif aux quatre autres classes de l’établissement ? Séverine Beauthauville y pense.
Olivier Collet