Elargissement de l’A10 en Touraine : un recours de l’association de riverains ?

Elle estime que les mesures anti-bruit sont encore insuffisantes.

C’est le futur grand chantier des prochaines années en Touraine : l’élargissement de l’A10 entre Veigné et Ste-Maure-de-Touraine (distance : 24km), puis jusqu’à Poitiers. Dans toute cette zone, l’autoroute passera de 2 à 3 voies, comme c’est déjà le cas dans l’agglo tourangelle et jusqu’à Veigné

L’objectif affiché ? Fluidifier le trafic sur une portion d’autoroute très empruntée par les camions (20% de poids lourds contre 13% en moyenne au niveau national). Déclaré d’utilité publique début août, le projet est sur le point d’entrer dans sa phase concrète sur le terrain avec les premières études archéologiques ce mois-ci et des actions pour protéger la faune et la flore aux abords de la zone où évolueront les ouvriers. Suivront ensuite les travaux à proprement parler à partir du printemps 2019. Si le calendrier est respecté, la section Veigné / Ste-Maure devrait être achevée en 2023, pour un budget de 244 millions d’euros.

INFOGRAPHIE : Le projet d’élargissement de l’A10 en un coup d’oeil

Rassemblés en association, une partie des riverains de l’A10 comptent bien suivre avec une grande attention le dossier et les opérations… Ce jeudi 13 septembre, ils annoncent ainsi qu’ils envisagent de déposer un recours avant fin septembre pour pousser Vinci Autoroutes à prévoir encore plus de protections anti-bruit. Pas de quoi remettre en cause le chantier, simplement d’en modifier les conditions. Selon le président d’Agir A10 Christian Barillet, malgré des avancées, l’entreprise qui exploite l’autoroute et finance son élargissement ne va pas assez loin. Deux points posent problème : les protections acoustiques et la nature du goudron qui sera utilisé sur l’autoroute.

Pour les protections, l’association estime que l’élargissement et la hausse du trafic mécanique des prochaines années (+1% par an) finira par faire passer le bruit ambiant au-dessus des 65db, une limite légale à ne pas dépasser pour le confort des voisins de l’autoroute. Aujourd’hui, cette moyenne est d’environ 60-62db, « 67 très ponctuellement » observe Christian Barillet. Il craint que dans quelques temps l’exception se généralise et souhaite donc obtenir un engagement de Vinci pour l’installation immédiate de dispositifs anti-bruit… au lieu d’attendre plusieurs années : « c’est le principal enjeu de notre association d’autant qu’il y a une prise de conscience nationale sur ce sujet » poursuit l’ancien maire de Ste-Maure-de-Touraine en s’appuyant sur le débat récent autour du bruit de la LGV Tours-Bordeaux.

Un avocat a été saisi pour juger de la pertinence du recours, car on voit bien que tout dépend de projections sur la situation après travaux dans 5 ans, chacun pouvant avoir une analyse différente (ainsi, à ce jour, rien ne prouve qu’une fois à 3 voies en 2023, l’autoroute dépassera ce fameux seuil de 65db, d’autant que des dispositifs anti-bruit supplémentaires sont programmés).

Deuxième point en débat : le goudron. A la demande des riverains, Vinci Autoroutes a accepté d’appliquer un revêtement capable de faire baisser le bruit de la circulation… mais sans préciser sa nature. Or, selon Agir A10, il en existe plusieurs sortes, plus ou moins efficaces. Christian Barillet demande donc des précisions sur le choix du concessionnaire, tout en plaidant naturellement pour la solution la plus silencieuse : « la différence de coût serait dérisoire par rapport à l’enveloppe globale du projet » argumente-t-il.

Pour l’entreprise, Sylvie Marty explique que rien n’est encore décidé : « ce qu’on connait aujourd’hui en matière d’enrobé ce sont les dernières technologies. D’ici 2023, les choses auront peut-être évolué. Les choses vont très vite en ce moment, par exemple avec l’utilisation de matériaux recyclés. Eurovia qui fait partie du groupe Vinci a même développé un enrobé fait à 100% à partir de matériaux recyclés. Aujourd’hui on a donc fait le choix d’un matériau mais peut-être qu’il y aura des choses plus performantes à la fin du chantier que l’on choisira à ce moment-là. »

Enfin, un mois après l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, le représentant des riverains se dit préoccupé par l’état du viaduc traversant la Vallée du Courtineau, construit il y a 45 ans… « Il est couvert de rustines, le béton de surface est éclaté et les armatures en acier rouillées. Dans nos équipes on a un ingénieur qui pense que cela peut remettre en cause la stabilité de l’ouvrage. » Pour en avoir le coeur net, il réclame un accès aux rapports de contrôle de la structure afin de savoir si elle est capable de tenir plus de 30 ans ou s’il vaudrait mieux la reconstruire. D’autant que dans le cadre de l’élargissement, un nouveau viaduc est déjà prévu pour les 3 voies du sens Bordeaux-Paris, le pont actuel étant lui destiné à accueillir exclusivement les véhicules roulant vers Bordeaux.

Sur ce point, Sylvie Marty de Vinci fournit également un éclairage : « nous avons des structures d’entretien conséquentes. Le viaduc est considéré comme étant dans de très bonnes conditions d’entretien. »

Olivier Collet

L’info en plus :

Vinci vient de lancer une consultation auprès des usagers de l’A10 pour qu’ils choisissent la façon dont ils souhaitent être informés de l’évolution du chantier et de ses conséquences (perturbations du trafic). Pour participer, vous pouvez consulter ce site.

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