Après Monnaie, les agriculteurs bloquent le péage de Sorigny

Leur rendez-vous au ministère de l’agriculture n’a pas été concluant.

« On n’a pas obtenu ce que l’on voulait donc on va maintenir la pression » lance d’emblée Cédric Raguin, le président du syndicat des Jeunes Agriculteurs d’Indre-et-Loire. Quand on lui téléphone, il sort du ministère de l’agriculture où il a été reçu pendant près de 3h ce lundi matin avec d’autres agriculteurs du département.

La réunion portait sur la carte des zones défavorisées qui permet aux exploitants installés sur ces secteurs de toucher des aides de la part de l’Union Européenne. Sa réforme qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2019 devrait entraîner le retrait de plusieurs communes tourangelles du dispositif. Depuis une semaine, les agriculteurs sont vent debout contre la mesure et le font savoir en manifestant bruyamment : d’abord à Tours le 6 février, et en bloquant le péage de Monnaie vendredi 9. D’autres rassemblements ont eu lieu dans la région (Romorantin, Orléans) et en France (Auch, Toulouse), sur le même sujet.

« Ces aides cela peut représenter jusqu’à 8 000€ pour un éleveur, soit une grande part voire la totalité de son revenu » expliquait un manifestant devant la préfecture il y a quelques jours. En étant reçus à Paris ce lundi, quelques heures avant un rendez-vous similaire avec des élus du départements, les syndicats agricoles espéraient donc faire valoir leurs arguments, prouver qu’ils étaient bien en difficulté et qu’ils risquaient de mettre la clé sous la porte si les aides disparaissaient. Au final, monter à Paris « n’a pas été satisfausant. Il y a eu des hypothèses de travail mais cela ne nous laisse pas beaucoup d’espoir » ajoute Cédric Raguin concédant tout de même qu’il y avait moins de communes que redouté qui sortaient du dispositif.

« Il y a des endroits où l’on peut peut-être espérer récupérer quelques communes en zone défavorisées, on a vu des hypothèses » poursuit le représentant syndical qui se méfie : « on n’a pas envie qu’ils nous promettent des mesures compensatoires pour les communes déclassées. On n’en veut pas. Des promesses d’aides dans deux ans on ne veut pas en entendre parler, on veut du concret. Quand on parle de l’avenir d’un agriculteur endette sur 10 à 12 ans on ne peut pas accepter des ‘peut-être’ on veut des certitudes, des messages forts pour sauvegarder une diversité de l’agriculture dans le département. »

Pour maintenir la pression, les agriculteurs tourangeaux étaient donc appelés à se rassembler à Ste-Maure-de-Touraine et Sorigny ce lundi après-midi afin de bloquer la barrière de péage de Sorigny sur l’A10, quitte à le faire jusqu’à mardi matin : « les gens qui se mobilisent n’ont pas l’habitude de manifester. S’ils se déplacent, ce n’est pas pour faire de la figuration » conclue Cédric Raguin.

A noter que François Bonneau – président de la région Centre-Val de Loire – a pris position sur le sujet lundi après-midi. Il craint « un vrai souci d’équilibre du territoire » et demande « que tous les territoires jusqu’alors déclarés en zone défavorisée le demeurent. » Un autre rendez-vous est prévu mardi au ministère de l’agriculture, auquel participeront des élus régionaux.

Angélique Delahaye, députée européenne et bien au fait des questions agricoles, déplore une réflexion gouvernementale engagée au dernier moment : « il s’agit d’un travail très sensible qui ne peut pas être mené dans la précipitation. J’appelle le ministre de l’agriculture Stéphane Travert à ne pas entrer dans une gestion uniquement comptable de l’agriculture française. »

Olivier Collet

Photo : Gendarmerie d’Indre-et-Loire

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