Dans les Ehpad d’Indre-et-Loire, « on fait comme on peut »

Une manifestation a réuni des centaines de personnes mardi à Tours. Témoignages pour mieux comprendre le quotidien dans les maisons de retraite médicalisées.

« Notre directrice est avec nous aujourd’hui, et elle nous soutient » indique une manifestante venue de Ligueil. Une autre, qui a fait la route depuis Preuilly-sur-Claise : « 5 postes en équivalent temps plein sont menacés dans notre établissement mais on essaie de retarder leur suppression. Notre direction nous comprend et nous soutient » : ces deux exemples montrent à eux seuls que la situation dans les Ehpad – les établissements pour personnes âgées dépendantes – sont face à des difficultés conséquentes.

La première manifestation pour beaucoup de salariés d’Ehpad

Ce 30 janvier, dans le cadre d’un mouvement national, les salariés des Ehpad étaient appelés à descendre dans la rue par tous les syndicats, y compris ceux qui représentent les directions d’établissements. A Tours, toutes et tous se sont retrouvés dès 11h Place Anatole France et ils étaient plusieurs centaines, soutenus par les syndicats de retraités ou les personnels hospitaliers (Tours et Chinon). Beaucoup défilaient pour la première fois afin de défendre leurs conditions de travail.

On a discuté avec plusieurs personnes présentes. Les discours se ressemblent… En poste à Ligueil, et venue avec une douzaine de collègues, Claudine raconte son quotidien : « nous sommes dans un établissement avec 147 résidents et 120 personnels en comptant les emplois aidés. C’est difficile au quotidien. Quand il y a un arrêt maladie, il faut attendre 16 jours avant d’obtenir un remplacement. Cela a des conséquences : des personnes que l’on pourrait simplement assister pour leur toilette, on fait tout nous-mêmes pour aller plus vite et du coup ils perdent de l’autonomie. Une douche complète, ça devrait prendre 30 minutes. Le week-end, c’est 15 minutes préparation du matériel, habillage et mise au fauteuil compris. »

Revendication principale : 1 résident = 1 agent

Des exemples comme celui-ci, cette salariée expérimentée en a bien d’autres : « la situation se dégrade depuis 4-5 ans. On est toujours en train de courir. On nous en demande toujours plus mais les moyens n’augmentent pas, on est la 5ème roue du carrosse. » On lui fait part de la proposition d’Agnès Buzyn, la ministre de la santé qui envisage d’abonder les budgets des Ehpad de 100 millions d’euros + 50 millions pour ceux qui sont en difficulté, ce qui est présenté comme sa dernière proposition et un effort conséquent car c’est le budget qui va le plus augmenter dans les comptes de la sécurité sociale. La professionnelle est sceptique : « rapporté à 7 000 maisons de retraite en France, ça ne fait pas beaucoup… »

Dans le cortège, une revendication est brandie comme une condition minimum : 1 personne pour chaque résident, « comme en Allemagne » note Claudine. En Indre-et-Loire on serait plutôt à 0,65 personnel par personne… Et il est de plus en plus difficile de recruter de l’aveu des manifestantes que nous avons rencontré : « la pénibilité de notre travail n’est pas suffisamment reconnue » déplore Claudine. Pour Brigitte, employée de nuit à Preuilly-sur-Claise, les problèmes de personnel deviennent « catastrophiques pour les résidents », elle se désole que seul le déficit de son établissement (300 000€ en 2017) soit pris en compte. « La nuit, on est trois, dans trois bâtiments. Mais avec des personnes atteintes d’Alzheimer certaines tâches doivent se faire à 2 on est donc obligées de laisser un bâtiment sans personne. »

Des personnes en congé rappelées pour des remplacements

A l’Ehpad de Beaune de Ballan-Miré, une salariés s’alarme que certains postes censés être permanents sont désormais exclusivement occupés par des remplaçantes, « pas toujours bien formées même si certaines sont de bonne volonté. » Résultat : des trous dans le planning au point qu’il faut parfois rappeler des équipes en congé.

Ces revendications s’exposent au grand jour pour la première fois cette année. Prenant l’exemple du long mouvement des surveillants de prison depuis le début du mois, les syndicats préviennent : ils n’hésiteront pas à remobiliser dans leurs rangs si le gouvernement ne bouge pas. Dans la foule, le discours est identique : cette manifestation n’est pas juste un mouvement d’humeur mais le témoignage d’un malaise durablement installé.

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