Des projets pourraient voir le jour à l’horizon 2020…
On peut imaginer que d’ici dix ans, les quais de Loire de Tours, St-Cyr-sur-Loire, La Riche ou St-Pierre-des-Corps auront changé de visage. Peut-être même de manière assez radicale… « Il faut que l’on arrête le bricolage » nous lâche le maire de Tours Christophe Bouchet pour bien montrer qu’il voit grand pour les bords de Loire, et qu’il compte bien y mettre les moyens.
Nos précédents articles sur Envies de Loire sont ici
Pour être sûre de ne pas se rater la métropole tourangelle a pris en main le dossier du fleuve royal et a souhaité impliquer les habitants dans sa construction pour satisfaire un maximum d’attentes sans trop crisper. Le résultat ? Une vaste consultation sur Internet (650 idées proposées et 7 800 votes). A son issue, 44 agences ont déposé leur dossier pour monter un scénario de réaménagement des rives. 6 d’entre elles (4 venues de France, une de Suisse et une d’Italie) ont été présélectionnées pour venir travailler sur le terrain à Tours pendant une semaine cet automne et l’une d’elles va désormais travailler sur la durée avec l’agglomération pour faire aboutir son projet.
Des passerelles vers l’Île Simon et des quais en escalier Place Anatole France ?
On ne va pas faire durer le suspense plus longtemps, c’est l’équipe italienne de Francisco Nigro qui a gagné avec un projet baptisé La Loire en Couleurs, en écho avec un des surnoms de la Loire parfois baptisée « le fleuve noir ». Son dossier a fait l’unanimité dans le jury composé des élus, de l’Office du Tourisme ou encore de l’Architecte des Bâtiments de France. « On veut réveiller le fleuve » explique l’agence qui travaille entre Paris, Nantes, Rome et Bologne. « Il faut enlever le superflu. Il y a trop de choses aujourd’hui en bord de Loire. Par exemple la nature a pris le pied sur des aménagements qui auraient pu être plus raisonnés. L’homme a lui rajouté des choses sans avoir une réflexion globale. Aujourd’hui notre envie est d’enlever ces barrières pour redécouvrir la Loire. »
Dans la vidéo qu’ils ont élaborée pour séduire le jury, Francisco Nigro, Andrea Berti, Maria-Cristina Petrala et Marco Sassatelli esquissent quelques pistes, largement inspirées des suggestions des internautes : « l’idée c’est de créer un nouveau centre pour Tours avec des aménagements tout le long des berges, pour qu’elles soient vraiment habitées par les gens. On pense installer de petites boîtes amovibles multifonctionnelles que l’on pourra poser là où l’on voudra créer de nouveaux lieux de vie. » Voici à quoi ça pourrait ressembler…
Projection près de la fac des Tanneurs
Les quais en escalier imaginés pour Anatole France
Projet de passerelle vers l’Île Simon
On ne va pas se mentir, ce qu’ils prévoient c’est une grande transformation du paysage actuel avec des projections pour casser les grands murs qui séparent le haut des quais des rives. Des pentes douces et naturelles sont ainsi imaginées mais aussi de grands escaliers pour descendre progressivement vers le fleuve à hauteur de la Place Anatole France. On évoque par ailleurs la création de passerelles dédiées aux piétons et aux vélos pour gagner l’Île Simon. Des réalisations déjà vues ailleurs (Lyon, Paris ou Orléans dans une moindre mesure) afin d’intégrer le fleuve dans la ville, encourager à la promenade, à flâner.
Des réalisations à partir de 2020 et jusqu’en 2030
« C’est le projet qui comprend le mieux le fleuve. Il n’y a pas d’opposition entre la ville et la nature » a résumé Christophe Bouchet en annonçant le lauréat. Le maire de Tours, 1er vice-président de la métropole, dit avoir été séduit « par l’ensemble du dossier. La réalisation des projets est extrêmement aboutie. La Loire va vers la ville et la ville va vers la Loire. Leur parti pris nous a séduit. Il y a eu beaucoup de travail. » Avec cette reconnaissance, l’agence se voit confiée toute la stratégie autour de la Loire et ce à long terme, puisque la réalisation des chantiers est envisagée sur une période qui va de 2019 à 2030.
Image issue du dossier Officina (ce qui est aussi le cas des 4 images ci-dessus)
Rien n’est encore budgété mais Christophe Bouchet aimerait pouvoir aller vite sur certains points comme les passerelles de l’Île Simon. Cela dit, il ne s’avance pas sur une date : « on va trier par ordre de grandeur et ordre budgétaire pour voir ce que l’on met en œuvre le plus rapidement possible. » Il faudra aussi faire avec les contraintes du secteur : la Loire est un fleuve classé au patrimoine mondiale de l’UNESCO, on ne peut donc pas y faire n’importe quoi. Cela dit, la présence de l’Architecte des Bâtiments de France dans le jury et le fait qu’il semble adhérer au projet lauréat laisse penser que les choses sont faisables, malgré les risques d’inondations où les règles de protection de l’environnement.
On est donc au début d’un processus. L’agence italienne garantit qu’elle va continuer à consulter les Tourangeaux pour faire évoluer son projet. Par ailleurs, la métropole ne s’interdit pas de travailler avec d’autres agences ayant participé au concours Envies de Loire ni de mener d’autres chantiers en parallèle. Christophe Bouchet cite par exemple la création d’encorbellements dédiés aux vélos et aux piétons sur les différents ponts traversant la Loire. « On va voir comment on avance » conclut l’élu…
Olivier Collet
Dans les autres projets il y avait aussi…
Quand on regarde de plus près les travaux des autres agences, plusieurs idées paraissent intéressantes et/ou ambitieuses comme la volonté « d’atténuer » l’impact du périphérique pour créer une grande coulée verte, réaménager les abords du Château de Tours, créer un belvédère pour avoir une vue sur la Loire (proposée aussi sur le site Envies de Loire) ou imaginer des filets d’eau le long des pistes cyclables… La question de l’accessibilité au fleuve pour tous (y compris les personnes à mobilité réduite) fait aussi partie des enjeux tout comme celle de la place de la voiture. Quel avenir par exemple pour les parkings des quais ? Le projet lauréat n’en parle pas clairement tandis qu’un autre envisageait de les supprimer purement et simplement.
Enfin, dernière question : quel avenir pour la guinguette ? Chère au cœur des Tourangeaux aujourd’hui, à quoi ressemblera-t-elle dans dix ans ? Si les quais sont transformés en escalier, sera-t-elle déplacée ou réinventée ? Quid aussi de la plage ? Oui, encore une fois, on est seulement au début d’un (très long) processus.