Déchets : un centre de tri à 25 millions d’euros à Parçay-Meslay

Il doit voir le jour d’ici 4 ans.

En 365 jours, 152 000 tonnes de déchets sont récupérées dans la métropole de Tours, soit environ 200kg par habitant (en comptant les déchets produits par les commerces ou les artisans mais pas ceux des entreprises). Sur cette grosse masse, transportée dans 50 bennes, 80 000 tonnes finissent directement enfouies au centre de Sonzay. Le reste est valorisé, en l’occurrence les emballages, les déchets compostables ou le verre : « l’objectif des lois Grenelle c’était 45% d’emballages traités en 2015, nous sommes à 48% et au-dessus de la moyenne nationale » se félicite Jean-Luc Galliot, maire de Notre-Dame-d’Oé et vice-président en charge de la gestion des déchets pour Tours Métropole. Ce dernier gère un budget annuel de 40 millions d’euros (comprenant les 7 déchetteries de l’agglo et la rémunération de 250 salariés).

Dans les prochaines années, l’élu va devoir gérer des objectifs conséquents : « on va devoir passer à 75% de recyclage des emballages à l’horizon 2022. » Pour cela, il travaille à un élargissement des consignes de tri. Bientôt, il sera donc possible d’envoyer dans la poubelle jaune tous les plastiques, même les plus mous d’entre eux comme les films alimentaires. Et bientôt, c’est à l’horizon 2020 : « ça va se faire dès lors qu’on aura un outil capable d’accepter des volumes supplémentaires. Le centre de traitement des déchets de La Riche qui a une autorisation pour gérer 20 000 tonnes par an arrive à saturation en tournant 16h par jour. La métropole envoie déjà des camions à Loches ou Chinon. »

Un centre de tri de 7 hectares avec 45 salariés

Pour faire face, un grand projet dont on parle depuis plusieurs années est sur le point d’être signé : « nous allons construire un nouveau centre de tri pour la métropole et les territoires ruraux environnants qui n’ont pas une production de déchets suffisante pour créer eux-mêmes un centre. Ce site sera la destination des déchets d’un bassin de 900 000 habitants répartis sur la métropole de Tours, l’Indre-et-Loire à l’exception du Bourgueillois, le Loir-et-Cher et un syndicat de la Sarthe. Il pourra valoriser 50 000 tonnes par an, dont 50% en provenance de l’agglomération » détaille Jean-Luc Galliot.

Ce centre de tri nouvelle génération devrait rassembler 45 emplois, soit 15 de plus qu’aujourd’hui à La Riche. Un tiers des salariés seront en insertion. Par ailleurs, des technologies plus modernes seront installées comme le tri optique avec des machines. « La structure complète représente 25 millions d’euros dont 12 millions pris en charge par les collectivités pour le bâtiment et le génie civil. Le process sera ensuite confié à une entreprise privée qui se rémunérera en fonction des tonnes triée, ce qui est déjà le cas à La Riche. Pour la métropole, cela représente environ 6 millions d’euros. On peut aussi espérer obtenir une aide de l’ADEME (une agence nationale pour les projets en lien avec l’environnement). Celle-ci pourrait atteindre 3 millions d’euros » poursuit l’élu métropolitain.

Des projets pour réduire les déchets des Tourangeaux

Pendant un moment, il était question d’aller construire ce centre de tri sur le site de la Billette qui vient de fermer à Joué-lès-Tours. Le site de Michelin avait également été envisagé : « on a regardé toutes les implantations possibles. La Billette ce n’était pas pertinent car la surface disponible était faible et c’était moins intéressant du point de vue accessibilité. Quant à Michelin ils n’étaient pas vendeurs et il y avait d’autres projets possibles dont de l’habitat. » Ainsi Jean-Luc Galliot s’est rabattu sur le nord de l’agglo et la commune de Parçay-Meslay : « on achète un terrain de 7 hectares, à la limite avec Chanceaux-sur-Choisille. Nous sommes sur le point de signer l’acte notarié pour une mise en service estimée en 2021. » Le chantier devrait lui débuter en 2019.

« En 2020 nous devrons aussi avoir diminué l’enfouissement de 50% avant la fermeture des centres en 2030. Pour ce faire, l’Etat a prévu une hausse des taxes sur les activités polluantes : aujourd’hui c’est 15€ par tonne, ce sera bientôt 40 voire 50€ » ajoute encore Jean-Luc Galliot qui se doit aussi de s’engager pour que les habitants de la métropole remplissent moins leurs poubelles. Après la disparition des sacs en plastique, la distribution d’autocollants Stop Pub ou l’interdiction de la vaisselle jetable dans les manifestations, il serait temps de passer à la vitesse supérieure : par exemple, les prospectus sont encore très nombreux dans les boîtes aux lettres, parfois 1kg par foyer chaque semaine. « Nous avons distribué 22 000 composteurs » pointe Jean-Luc Galliot. 27 000 tonnes de déchets verts sont ainsi récupérées sur l’année. Une petite partie sert à l’entretien des espaces verts de la métropole, le reste va à des agriculteurs (gratuitement car la vente est interdite aux collectivités).

Pas de redevance incitative

Ces composteurs, on les trouve surtout dans les jardins tourangeaux, pas trop dans les zones d’habitat collectif : « on a mené des expériences comme à Chambray mais les résultats sont difficiles à obtenir, les gens ne se prêtent pas au jeu » déplore Jean-Luc Galliot. « L’association Zéro Déchet Touraine travaille dessus avec 10 tests, 300 à terme. Chacun peut demander un bac aux services. La Charrette à Chambray teste de son côté un composteur collectif avec une population scolaire motivée et encadrée par des professeurs. Ailleurs, une étude universitaire montre que l’approche des habitants ne sont pas les mêmes, notamment dans les quartiers populaires. Cela peut aussi être compliqué de garder ses déchets compostables dans un appartement. »

Pour pousser les habitants à jeter moins, certaines agglos tentent la redevance incitative : plus vous jetez, plus vous payez. Pas question à Tours : « il n’y a pas d’expérience avec un système qui fonctionne dans de grandes agglomérations » pointe Jean-Luc Galliot ajoutant que cela coûterait « 3 millions d’euros » à Tours Métropole afin d’équiper les bacs. « Et sur certains quartiers on ne saurait comment faire pour répartir équitablement une telle taxe. »

Et une usine de méthanisation ?

Il y a quand même des avancées par petites touches comme la Trimobile, cette camionnette qui récupère les déchets électroménagers sur les marchés « et qui fonctionne bien » ou le Trophée des Déchets « pour valoriser les bonnes initiatives. » Plus conséquent, on évoque aussi la construction d’une usine de valorisation par méthanisation pour transformer les ordures en énergie. La métropole aimerait une réalisation du projet à l’horizon 2021-2022 mais aucun site n’a été choisi.

Olivier Collet

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