Inspiré d’un modèle lancé dans le Loir-et-Cher, il s’adresse notamment aux bénéficiaires du RSA.
Encore un site qui recense des offres d’emploi ? Oui, vous avez bien lu. Après Pôle Emploi, Le Bon Coin, KelJob ou encore le tourangeau AggloJob (centré sur la métropole), voici JobTouraine. Un nouveau site d’offres d’emploi, donc. Mais, évidemment, celui-ci se veut différent. Comme il vient tout juste de voir le jour, il est trop tôt pour dire s’il va vraiment donner un coup de pouce à des chômeurs en galère, quoi qu’il en soit son mode de fonctionnement est intéressant… On va tout vous expliquer.
L’histoire commence chez nos voisins du Loir-et-Cher. En début d’année, le président du département Maurice Leroy (aujourd’hui député) lance Job41.fr, un portail exclusivement dédié aux 10 000 bénéficiaires du RSA de son département. 8 mois plus tard, 2 000 d’entre eux sont inscrits et Neolink, l’entreprise qui a créé le site, affirme que grâce à lui 150 personnes ont retrouvé un poste durable de plus de 6 mois.
Comme l’heure est à la mutualisation, et que l’Indre-et-Loire a de bonnes relations avec le Loir-et-Cher (ils travaillent par exemple ensemble sur le numérique), le Conseil Départemental du 37 a cherché à adapter le concept pour la Touraine… Après un été de tests, le résultat est donc officiellement en ligne. JobTouraine.fr est né.
Un “site de rencontres” pour l’emploi
« On s’est posé la question ‘qu’est-ce qu’on peut faire de plus que payer le RSA’ » explique le président départemental Jean-Gérard Paumier. Versé à près de 17 000 personnes, la faible allocation nécessite 77 millions d’€ de budget par an à la collectivité qui se fixe donc comme priorité de trouver des emplois à un maximum d’entre eux, d’autant que ces allocataires sont parfois éloignées du monde de l’entreprise depuis longtemps.
L’idée : un site simple qui met en relation employeurs et futurs employés en fonction de leurs compétences, de leurs critères mais surtout de leur résidence. L’expression « site de rencontres » est d’ailleurs clairement assumée.
Dans les faits, si vous cherchez un emploi, vous pouvez créer un profil en quelques clics et renseigner votre expérience professionnelle, votre niveau de formation, vos compétences, vos loisirs mais aussi votre localisation et le temps maximum que vous souhaitez mettre pour vous rendre au travail, que ce soit en voiture, à vélo, à pied ou en transports en commun. Le moteur de recherche définira ensuite automatiquement une zone et listera les annonces disponibles dans le secteur qui vous convient avec un code couleur permettant d’identifier celles qui collent le plus à votre parcours. Si vous le souhaitez, vous pouvez également anonymiser votre profil et la photo n’est pas obligatoire, note Magalie Arcent, chef de projet JobTouraine.
Ça marche un peu de la même manière pour les chefs d’entreprises… Identifiés en quelques secondes grâce à leur numéro SIRET et après avoir renseigné le profil recherché, les qualités espérées ou encore indiqué le niveau de rémunération proposé, elles et ils voeint s’afficher une carte avec les demandeurs d’emploi situés à proximité de leur siège social ou du lieu où est basé le poste. Et là encore un code couleur permet de voir quels profils correspondent le plus à leurs attentes.
Un premier bilan dans trois mois
Pour le lancement de JobTouraine, on compte environ 300 CV en ligne et une soixantaine d’offres pour 131 postes à pourvoir en Indre-et-Loire. « Un début intéressant » selon Vincent Louault, vice-président du département en charge du projet. A noter qu’à la différence du Loir-et-Cher, le site tourangeau s’adresse à toute personne en recherche d’emploi. Il est possible d’y concevoir jusqu’à 5 CV mais aussi d’indiquer ses disponibilités (nombre d’heures dans la semaine, immédiate ou ultérieure) afin, par exemple, d’anticiper la fin d’un contrat et de trouver une nouvelle mission pour enchaîner avec un autre employeur.
Soutenu par l’Etat qui a versé une subvention de 200 000€ pour ce dispositif, le département d’Indre-et-Loire espère des retours rapides et promet un premier bilan d’ici 3 mois. « Ce qu’on a voulu c’est créer un site encore plus facile à utiliser que celui des impôts » ironisent les élus. Un service d’aide par téléphone est d’ailleurs disponible pour les personnes qui ont besoin d’une assistance. « Ce que l’on veut aussi c’est partir du projet du demandeur. Une personne qui a été charpentier pendant 20 ans et veut faire autre chose, c’est possible. On ne va pas forcer les gens à revenir vers l’emploi, il faut que ce soit un projet collectif. » Ainsi, 11 000 métiers sont recensés dans la base de données.
Des premières offres pour l’agriculture ou les services à la personne
« Le demandeur d’emploi a toujours l’impression qu’il n’y a pas d’offres dans son quartier, on veut lui montrer que si » argumente Akli Brahimi, concepteur du portail basé dans le Loir-et-Cher et qui compte 17 salariés après 5 ans d’existence, dont une partie qui sont des anciens allocataires du RSA. « On veut les aider à se réadapter pour trouver des postes potentiels » complète pour sa part Magalie Arcent. Tous les allocataires du RSA d’Indre-et-Loire ont reçu une lettre les informant de l’arrivée du site sur la toile, à eux de s’en emparer…
Le vrai plus mis en avant par le département, c’est donc ce côté géolocalisation : « aujourd’hui on a beaucoup de gens sur les routes alors que l’on aurait pu trouver quelqu’un localement. Et ça fragilise les gens dans l’emploi de se déplacer beaucoup » estime Vincent Louault.
Une ouverture aux associations
Pour l’instant, ce sont surtout des offres sur des métiers en tension qui sont proposées (agriculture, services à la personne…), donc des contrats courts ou précaires. Mais l’objectif affiché est bien de finir par replacer durablement les membres de JobTouraine sur le marché du travail, quitte à ce qu’ils multiplient les petites expériences : « la précarité de l’emploi ce n’est pas grave. Il faut arrêter le cercle vertueux de l’exclusion. Il n’y a pas de petit travail. Si une boulangère a besoin de quelqu’un 3h on ne va pas lui dire qu’elle n’a pas le droit d’embaucher parce que c’est précaire, surtout si c’est quelqu’un au RSA à 500m de sa boutique et qui restait jusqu’ici chez lui en s’excluant de la société » conclut Pierre Louault qui envisage par la site une ouverture de JobTouraine aux associations pour faire de la publicité à leurs missions de bénévolat, là encore pour proposer de nouvelles options à des personnes en manque de lien social.
Olivier Collet