Dossier Médical Partagé : une révolution dans votre carte Vitale ?

L’Indre-et-Loire fait partie des 9 départements qui testent ce carnet de santé 2.0 qui permettrait notamment d’éviter des erreurs médicales.

Imaginons… Vous avez un accident, seul, vous êtes inconscient et le SAMU arrive sur les lieux. Impossible de savoir si vous prenez des médicaments, si vous êtes allergique à certains traitements ou si vous avez été opéré récemment. Mais si vous avez ouvert un Dossier Médical Partagé, grâce à votre carte vitale, le médecin pourra avoir accès à toutes ces informations et potentiellement gagner du temps pour vous venir en aide en utilisant les médicaments les plus adaptés et en évitant des incompatibilités. Voici l’un des arguments avancé par l’Assurance Maladie pour faire la promotion de ce fameux DMP, un dispositif en projet depuis plus de dix ans, déjà en vigueur dans d’autres pays, mais qui peine à voir le jour chez-nous.

Dans ce dossier, que l’on peut ouvrir en se rendant dans un accueil de la sécurité sociale (à Tours, Joué-lès-Tours…) ou directement sur Internet (www.mon-dmp.fr) on trouve l’historique des remboursements (consultations, soins, médicaments…), des comptes rendus d’analyses ou de radios, un recensement des éventuelles hospitalisations, les allergies… Bref, le parcours médical du patient. Consultable depuis Internet par l’assuré, il peut également être regardé par les professionnels de santé avant un acte médical : « c’est une clé précieuse pour garantir que, quelque soit l’endroit où le patient est en difficulté, on puisse accéder à une synthèse décrivant ses antécédents afin d’avoir une idée réelle de sa situation » explique Jean-Claude Barbot, directeur de la CPAM37.

En clair : si vous êtes un Tourangeau et que vous vous retrouvez à l’hôpital de Brest, le personnel pourra avoir accès en un clic à toutes vos données pour « gagner en temps et en efficacité. » « Ca va donner de la pertinence à la décision du SAMU qui pourra avoir accès en un coup d’œil à un volet de synthèse du profil médical de la victime. » A noter que si la personne n’a pas sa carte Vitale mais que l’on dispose de son nom, certains médecins ont la possibilité d’accéder quand même au DMP directement.

Ce Dossier Médical Partagé, « carnet de santé nouvelle génération », l’Indre-et-Loire fait partie des 9 départements à le tester depuis quelques semaines. 1 200 ouvertures ont déjà été enregistrées et l’objectif est d’arriver à « au moins 10 000 voire jusqu’à 40 000 à la fin de l’année » d’après Jean-Claude Barbot. A partir du mois de juin, le CHU sera par exemple équipé d’un logiciel compatible afin d’intégrer les comptes rendus d’hospitalisation dans les DMP des patients qui en auront ouvert un. Il faudra aussi que les autres professionnels de santé (médecins, spécialistes…) s’équipent de tels logiciels pour que le dispositif soit réellement efficace. Une aide financière à la mise à jour leur sera proposée afin qu’ils deviennent « DMP-Compatibles », restera à les convaincre de l’intérêt de cette démarche administrative supplémentaire (ce n’est pas forcément gagné).

« Pour que ça marche, il ne faut pas seulement qu’un compte soit ouvert mais qu’il soit utilisé » plaide encore le directeur de la CPAM37. Ca pourra par exemple être le cas lors des arrivées aux urgences ou pour vérifier la situation des personnes âgées dans les EPHAD, « mais en aucun cas cela ne remplace l’échange humain avec le patient » insiste Emmanuel Rusch, médecin au CHU.

« Un DMP ne pourra pas être ouvert sans l’accord préalable du patient » précise bien pour sa part Danièle Desclerc-Dulac, présidente du collectif associatif CISS : « dans ce dossier pourront figurer des directives anticipées, les traitements ou l’attitude souhaitée de la personne par rapport au don d’organe (si elle souhaite les donner, ou pas). Que l’on en possède un ou non, cela n’aura pas d’incidence sur la qualité des remboursements. Il sera aussi possible de masquer certaines informations ou d’en restreindre l’accès. Un droit de masquage de 15 jours est aussi prévu pour les pathologies lourdes. C’est-à-dire qu’un médecin pourra entrer l’existence d’une maladie avant de l’annoncer au patient mais qu’elle ne sera pas visible avant deux semaines, le temps de prévoir une consultation d’annonce spécifique. Enfin, les médecins du travail ou de la sécurité sociale n’auront pas accès au DMP. » A noter aussi que même les achats de médicaments non remboursés seront consignés.

Autre point sensible : la protection des données. « Les serveurs sont sécurisés et les informations sont soumises au secret médical » assurent les porteurs du projet, il faut d’ailleurs un code à usage unique envoyé par SMS pour se connecter depuis chez-soi. Un historique des connexions est également conservé afin que les assurés puissent le consulter, et voir par exemple qui a accédé à leur DMP. Quant à l’historique des remboursements, il est mis à jour de manière hebdomadaire.

Reste à savoir si les Tourangeaux et le monde médical s’empareront vraiment de ce nouvel outil qui pose tout de même plusieurs questions : quid par exemple de tous les actes médicaux engagés avant l’ouverture de son dossier personnel ? « Une fois qu’on a créé son dossier, il faut aller voir son médecin traitant pour qu’il fasse une fiche résumée dedans » nous explique-t-on. Il faudra donc, comme on le disait plus tôt, que ces derniers soient équipés (apparemment ce serait le cas de 60% des généralistes en Indre-et-Loire). Enfin, d’ici 2018, les moins de 16 ans pourraient aussi bénéficier de ce service. Mais il faudra sans doute de longues années avant que le dispositif ne fasse réellement ses preuves.

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