Prévention de la radicalisation à Beaumont-en-Véron : le FN exploite la polémique

Plutôt que l’aide psychologique et la réinsertion sociale, il préconise les charters et la prison.

On a déjà parlé ici du centre de prévention de la radicalisation que l’Etat souhaite ouvrir sur la commune de Beaumont-en-Véron, en remplacement du dispositif actuel du site de Pontourny consistant à accompagner des mineurs isolés. Les élus locaux ont émis de nombreuses réserves, notamment le maintien de tous les postes actuels, et plusieurs voix se sont faites entendre pour dénoncer l’installation d’un tel dispositif dans une petite commune d’Indre-et-Loire avec de surcroit un manque de concertation avant son annonce officielle.

Ruralité + djihadisme : il n’en fallait pas plus pour faire réagir le Front National qui a fait venir son secrétaire général à Tours ce jeudi pour lancer officiellement une pétition contre les projets du gouvernement… Dans un communiqué, Nicolas Bay s’exprime ainsi : « ce centre de « déradicalisation » est un énième projet extrêmement coûteux et inutile, qui par ailleurs ne disposera pas des moyens et effectifs de sécurité comme une prison. Outre les nuisances évidentes, c’est un véritable péril que les pouvoirs publics vont laisser planer sur les habitants. Il est par ailleurs scandaleux que le suivi psychologique, l’encadrement et l’hébergement d’islamistes soient pris en charge par le contribuable. (…) Les djihadistes ne doivent pas être choyés mais combattus par la République. »

A titre d’information et avant d’entamer tout débat, il est utile de faire quelques précisions :

  • Selon des propos rapportés par La Nouvelle République, Nicolas Bay estime que la place « des djihadistes ou apprentis djihadistes » est « dans des charters ou dans des prisons » (au lieu de se faire choyer, pour reprendre son terme). Cependant, rappelons au député européen frontiste que quand la France expulse des personnes de son sol ou les emprisonne, c’est avec l’argent de l’Etat, donc du contribuable. Ce ne sont pas les immigrés en situation irrégulière qui paient leur billet de retour ni les détenus qui financent leur repas en cellule.
  • Comment fait-on pour mettre « dans des charters » des « djihadistes ou apprentis djihadistes » de nationalité française ? Un seul exemple : Reda Kriket, actuellement mis en examen et accusé d’avoir voulu préparer un attentat, est Français.
  • Quand bien même on expulserait des étrangers suspectés de préparer des attaques sur notre sol, on les envoie où ? En Syrie et en Irak ? Des pays ravagés par le terrorisme où ils auront tout le loisir de se former avec Daech pour poursuivre leur combat. Déplacer le problème ailleurs sur la planète ne signifie par le régler.
  • Si on met « les djihadistes ou apprentis djihadistes » derrière les barreaux, comment fait-on pour être sûr qu’ils n’auront pas quand même envie de commettre un attentat une fois dehors ? Avoir l’intention d’organiser un acte terroriste n’est pas passible de la perpétuité, et la récidive ça existe. De plus, alors que les prisons ont déjà à gérer le problème de la radicalisation entre leurs murs, y injecter des personnes qui adhèrent à ces thèses ne risque pas d’arranger les choses, voire de les empirer.

A bon entendeur.

 

Illustration : le tract du Front National sur Pontourny.

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