Encadré par la Banque de France, ce dispositif permet de développer les circuits courts avec le sourire.
Non, la Touraine ne s’apprête pas à sortir de la zone €uro. En revanche, notre monnaie européenne ne sera bientôt plus la seule à être acceptée dans les commerces du département. Depuis une bonne année maintenant, un collectif d’une trentaine d’habitants de l’agglo de Tours et des environs planche sur le projet de création d’une nouvelle unité monétaire locale dîte “complémentaire”. Ca existe déjà ailleurs, en fait il y en a une trentaine en France (et autant en projet). Celle qui marche le mieux c’est l’Eusko, au Pays Basque. Lancée il y a à peine deux ans, elle a déjà séduit 550 cmmerçants et 2700 personnes l’utilisent.
Ce genre de dispositif est légal et surtout encadré par la loi, on y fait ainsi référence dans la loi Hamon de l’été 2014 sur l’économie sociale et solidaire. Contrôlées par un organisme lié à la Banque de France, les monnaies locales doivent ainsi être paritaires à l’euro et surtout ne permettent pas de s’exonérer de la TVA.
Les monnaies locales financent des prêts avantageux
Dans ce cas, pourquoi Séphane, Sarah et les autres se lancent dans l’aventure ? Ils nous expliquent que ce n’est pas juste pour le plaisir d’avoir des billets différents ou un nom rigolo mais que l’objectif est plus ambitieux. Il y aura une charte autour de la monnaie locale tourangelle. Avant de pouvoir s’en servir, chacun devra la signer. L’idée c’est que des cmmerçants locaux l’acceptent (agriculteurs, restaurateurs, prestataires de services, médecins…) mais seulement s’ils ont un fort ancrage local (produits locaux par exemple). Il faudra donc que leurs clients adhèrent aux mêmes valeurs car s’ils acceptent de se séparer de leurs euros, ils ne pourront pas faire machine arrière sauf à certaines conditions.
Voilà comment ça marchera : vous échangerez 20€ contre la même somme en monnaie locale et vous pourrez aller faire vos courses avec. Déposés dans un “comptoir d’échange” vos euros seront alors placés dans une banque “non spéculative” qui pourra utiliser ces fonds pour proposer des prêts avantageux à des acteurs de l’économie locale (par exemple pour financer un développement d’activité). Donc plus il y aura d’euros échangés, plus le nombre de prêts accordé pourra être important.
Payer son steak ou sa piscine en monnaie locale
Depuis tout à l’heure on parle, on explique mais vous avez peut-être remarqué : on n’a pas évoqué le nom de cette monnaie de Touraine. Tout simplement parce qu’elle n’en a pas encore. En fait un sondage vient de débuter sur www.monnaie-locale-valdeloire.org afin de choisir parmi plusieurs dizaines de propositions (souvent en rapport avec le vocabulaire ou les spécialités locales mais aussi plus farfelues). L’idée de l’équipe est de déterminer les 5 noms favoris des internautes puis de discuter avec des experts notamment de l’Université afin de choisir la proposition la plus adaptée. Restera ensuite à convaincre des points de vente de se lancer dans l’aventure, de lancer la création du design des billets puis de financer leur impression (sûrement via un appel aux dons).Tout ça en moins d’un an.
L’équipe du collectif – soutenu par un organisme régional, le Cré-Sol -prévoit aussi de contacter les collectivités locales (mairie de Tours, département…) afin qu’elles soutiennent le projet via de l’aide logistique (prêt de salles). Ou encore mieux : “on pourrait imaginer payer l’entrée de la piscine en monnaie locale” suggère Stéphane. Et pourquoi pas ?
Olivier COLLET
