40 ans de l’avortement en France : rappeler que l’IVG est un droit et un choix

Ce samedi, on célèbre les 40 ans de la promulgation de la loi autorisant l’avortement pour les femmes en France. Alors que 33% d’entre elles y auraient recours dans leur vie, rencontre avec la psychologue et animatrice du Planning Familial de Tours Marielle Thomine qui se bat contre les retours en arrière…

40 ans après, quel bilan faîtes-vous de l’entrée en vigueur de cette loi ?
Les choses ont bougé, avancé. Mais il en reste encore sur lesquelles il faut rester vigilants. On entend parfois des discours qui font peur sur le retrait éventuel de cette loi. Même en France, sans parler de retrait de la loi, on peut facilement limiter l’accès à l’avortement par exemple en fermant des centres IVG ou via un discours culpabilisant de la part des médecins. Il suffit de voir aussi certains sites qui se disent là pour aider les femmes enceintes et qui ont un discours moralisateur par rapport à l’IVG.
 
Comment on peut accompagner les femmes dans leurs choix ?
Simplement en leur expliquant comment ça va se passer du point de vue médical. En leur expliquant qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Personne ne se connait mieux qu’elles, et ce n’est ni au médecin ni à leur entourage de décider à leur place. Le droit à l’IVG c’est le droit à disposer de son corps, de choisir à quel moment de sa vie on va avoir un enfant ou ne pas en avoir. C’est un droit important pour les femmes sur lequel certains voudraient revenir et là dessus il faut être très vigilant.
 
Il y a une stigmatisation des femmes qui ont avorté ? On peut avoir l’impression qu’elles ont souvent du mal à en parler…
Ca dépend des femmes. Il ne faut pas faire de généralité. Pour certaines c’est facile, le choix a été très simple à faire. Et elles le vivent comme un soulagement plus qu’une épreuve. 
 
Est-ce que, ce que vous essayez de faire en rencontrant les femmes, c’est éviter qu’elles en arrivent à avoir besoin de faire ce choix autour de l’avortement ?
Évidemment. On nous demande souvent pourquoi le nombre d’IVG ne diminue pas malgré la prévention. C’est parce que la prévention a seulement pour but de faire diminuer le nombre de grossesses non désirées. C’est ça notre travail. Si ce nombre baisse, peut-être que les IVG seront moins nombreux mais ce n’est pas une fin en soi. On peut aussi faire baisser le nombre d’IVG sans réduire le nombre de grossesses non désirées. Pour ça, il suffit de fermer des centres IVG…
 
Vous vous battez pour que les femmes soient mieux informées sur la contraception ?
Au delà du droit à l’IVG, qui est un outil dans le cas où elles tombent enceintes sans le souhaiter, il y a un droit à la contraception et à une contraception variée et choisie de façon éclairée. On va donc expliquer aux femmes  – et aux couples – les différents moyens de contraception avec leurs avantages et inconvénients. C’est ensuite à chaque femme, chaque couple, de choisir celui qui lui parait le plus adapté.
 
Il y a encore beaucoup de femmes et d’hommes qui manquent d’information sur la contraception ?
Énormément. Y compris sur les délais de l’avortement. Et d’une manière plus générale sur le corps. Car avant de parler de contraception ou d’IVG il faut être au clair sur le fonctionnement du corps de la femme, qu’est ce que le cycle… Il faut ces connaissances avant de pouvoir prendre un moyen de contraception de manière efficace.
 
Comment on explique ce déficit d’information ?
D’abord, les gens ont souvent accès à une information de masse qui ne les concerne pas personnellement. Ou alors ils ont une information dans des conditions qui ne sont pas optimales par exemple lors des interventions à l’école. En 4ème ou 3ème, pour certains jeunes c’est trop tard car elles ont déjà eu leur première expérience et pour d’autres c’est beaucoup trop tôt. Ils n’en sont pas là et ne vont pas retenir ce qu’on leur dit. Il faut donc proposer une information adaptée à chaque étape de la vie des femmes et des couples.

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