Elles ont créé une association pour que l’on parle du deuil périnatal.
« On est des fonceuses » : Karen et Delphine viennent de prendre le départ d’une longue aventure. A 30 et 28 ans, les deux Tourangelles comptent bien participer au Rallye des Gazelles en mars 2016 au cœur du désert marocain. « Quand on a vu la pub à la télé, on s’est tapé dans la main, et on a décidé de le faire. Comme ça, sur un coup de tête ». Cette course, 100% féminine, elles la préparent dès à présent car le projet nécessite du temps et de l’argent, en l’occurrence 26 000€. Cette somme, elles comptent la récupérer grâce à leur association dont la création est une étape indispensable à l’engagement dans la course.
Il leur fallait un but, une cause à défendre. Delphine et Karen l’ont trouvée en un instant : ce sera le deuil périnatal. Il faut dire que Delphine, infirmière puéricultrice de Semblançay, a perdu son premier enfant l’an dernier. Très émue, elle nous explique qu’elle vit cette aventure qui se profile comme « une phase différente du deuil. La mort d’un enfant, c’est quelque chose qui nous suit toute la vie. On n’accomplit jamais vraiment le deuil jusqu’au bout. Et si aujourd’hui je pense à faire un autre enfant j’angoisse. Je crains de perdre à nouveau mon bébé ».
Alors pour Delphine, comme pour Karen, l’association Des Gazelles et des Ailes c’est « très important, ça nous touche ». Leur combat c’est d’abord de faire parler du deuil périnatal, « un sujet tabou », y compris auprès du corps médical : « à l’hôpital, on voit une psychologue une fois mais après il n’y a pas de suivi, c’est très dur » se souvient Delphine qui ajoute : « perdre son enfant c’est déjà difficile, mais ne pas pouvoir en parler c’est encore pire ». Via les réseaux sociaux, les deux Tourangelles ont donc entrepris de créer un espace de dialogue entre parents touchés par une histoire semblable : « les familles ont besoin de se comparer » détaille Karen, « pas surprise » du petit succès rencontré rapidement par l’initiative des deux belles-sœurs : « beaucoup de parents sont fiers que le deuil périnatal soit représenté ».
Dans les prochaines semaines et les prochains mois, Des Gazelles et des Ailes prévoit ainsi d’organiser des lotos, des soirées zumba ou encore des ventes aux enchères de créations « fait-main » afin de financer l’inscription à la course et notamment la location d’un 4×4 adapté pour la circulation dans le sable marocain. « Nous avons aussi contacté de grandes entreprises comme Red Bull dont le slogan « Red Bull donne des ailes » nous semble adapté au nom de notre association ».
Et si elles vont au bout, Delphine et Karen ont déjà tout prévu : dans leur voiture, il y aura une pancarte qu’elles comptent sortir à chaque étape et sur laquelle on pourra lire les prénoms de nombreux bébés, « de tous ces petits anges partis trop tôt ».
Olivier COLLET
Plus d’infos sur la page Facebook Des Gazelles et des Ailes.