José-Manuel Cano-Lopez : « je suis toujours prêt à discuter »

Six mois après le début de l’échange médiatique autour du départ de la Cie Cano-Lopez du Château du Plessis, son fondateur organise une soirée de soutien à La Riche ce jeudi.

En mai dernier, on apprenait que la ville de Tours voulait récupérer l’usufruit du Château du Plessis de La Riche dont elle est propriétaire, et que la Compagnie Cano-Lopez occupe depuis 1998. La date a été fixée : 1er janvier 2016. Depuis, José-Manuel Cano-Lopez et les élus se parlent par médias interposés avec des mots plus ou moins fleuris. Résultat : pas de réelle avancée du dossier. L’occupant des lieux est toujours en colère parce qu’on lui demande de partir sans lui proposer d’autre solution. Et la ville continue d’arguer que les locaux sont trop vétustes pour que les activités s’y maintiennent sereinement.

Il y a quand même eu un petit geste du côté de la mairie en septembre : elle a annoncé la venue au Plessis d’un cabinet indépendant afin d’expertiser les lieux et de voir si vraiment ils n’étaient plus aux normes pour recevoir du public pour les spectacles, les ateliers ou des artistes en résidence. « Il y a même eu deux visites dont une qui a duré 4h », nous explique José-Manuel Cano-Lopez, « ils ont vérifié l’électricité, les alarmes incendie, les normes d’évacuation, les accès pour personnes handicapées… Les résultats doivent être communiqués à la ville cette fin de semaine » ajoute-t-il, espérant que les conclusions encourageront cette dernière à prolonger sa convention d’occupation du Châeau, au moins jusqu’à la fin de la saison (donc en juin), le temps pour lui d’engager une concertation pour trouver un avenir à sa compagnie.

« s’il y a un vrai risque, il faut prendre un arrêté de péril »

« Je suis toujours prêt à discuter autour d’une table » plaide José-Manuel Cano-Lopez qui déplore le manque d’écoute et l’impossibilité de dialoguer avec la mairie. Ce qui ne l’empêchera pas d’envoyer une nouvelle demande d’audience au maire Serge Babary. « Je ne comprends toujours pas leur décision. C’est en contradiction avec leur projet culturel présenté en septembre et qui correspond point par point à notre politique artistique. Ca renforce ma sidération. Dans ce cas, pourquoi vouloir ‘détruire’ le Plessis ? Effectivement le Château est en mauvais état mais en 6 mois nous avons accueilli 5 000 spectateurs sans le moindre incident. S’il y avait un vrai risque, un arrêté de péril aurait pu être pris ce qui n’a pas été fait. »

José-Manuel Cano-Lopez se défend pour être clair : « je ne suis pas viscéralement attaché au Plessis. Si le montant des travaux est tel que la ville de Tours ne peut pas l’assumer je comprendrais. Mais si ce n’est pas le cas, il faudra expliquer à l’ensemble des citoyens pourquoi on nous expulse. » Depuis le début de sa campagne médiatique, l’artiste a reçu de nombreux soutiens, politiques et artistiques. On lui a même proposé des lieux d’accueil « mais je ne veux pas aller à Ligueil ou Manthelan, je suis Tourangeau. »

Aidé à hauteur de 70 000€ cette année, et bien qu’il ait demandé 80 000€ pour 2016, José-Manuel Cano-Lopez se dit aussi « prêt à discuter d’une baisse de subvention mais je ne peux pas accepter que les politiques puissent décider de la mort d’un artiste », voilà donc pourquoi il ne cherche pas lui-même d’autre lieu d’accueil. Pour ne pas se coucher face aux élus qui ne lui proposent pas de solution intermédiaire. Et de citer la phrase de Charb affichée sur le fronton de l’Hôtel de Ville après les attentats de Charlie Hebdo : « je préfère mourir debout que vivre à genoux. »

« Je ne squatterais pas »

C’est donc pour ça que, s’il n’a pas de solution ou d’entame de concertation début 2016, José-Manuel Cano-Lopez partira du Plessis : « je n’aurais plus d’assurance et je ne veux pas mettre en danger qui que ce soit. » Il dément donc les propos de l’adjointe à la culture Christine Beuzelin : « il y a des spectacles prévus au Plessis en 2016 mais ils seront annulés sauf si les équipes acceptent de jouer dans l’illégalité. » Ce qu’il reproche aussi à la ville, c’est de ne pas prendre en compte les enjeux humains si la compagnie quittait le Plessis : « il y a 3 équipes en résidence actuellement, 15 sorties de résidences prévues début 2016, 5 créations… Chaque année, il y a des artistes en résidence pendant 3 000h au Château. La ville s’est engagée à les reloger, compte tenu du tarif de location de ses salles ça lui coûterait 36 000€ sans le chauffage. »

Pour mobiliser les esprits et compter ses soutiens, José-Manuel Cano-Lopez organise donc une soirée de spectacles avec 40 artistes sur scène ce jeudi soir à La Pleïade. Issus de 12 formations, « 7 ont été en résidence au Plessis comme Padawin, Beat Matazz ou la Cie 21 » dit-il. Pour l’occasion, il a invité le maire de Tours et son adjointe à la culture. Ce qu’il espère, c’est juste qu’ils se rendent compte « qu’ils ont été trop vite » en annonçant vouloir reprendre le Plessis « sans projet ». Le rapport des experts aidera peut-être à remettre les choses en ordre.

Olivier COLLET

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