Lauréate du concours Télescope de Jazz à Tours, la jeune femme commence à marquer son territoire en Touraine.
Elle circule à vélo, vient du monde du théâtre, donne des cours d’histoire sur le conflit israélo-palestinien, boit du Perrier-rondelle, pourrait bien devenir institutrice en 2017, sort d’une FAC de psycho et chante le monde d’aujourd’hui : Philémone (que vous pouvez aussi appeler Fanny) est une Tourangelle qu’il est bon de connaître. Il ne faut pas trop se fier à ses textes aux airs pessimistes car en vrai c’est très facile de la faire rire. En revanche il faut les écouter avec attention, parce qu’ils parlent à l’être humain qui est en vous, exacerbent les sentiments et témoignent d’une révolte utile de l’âme.
« Quand je suis partie en Erasmus en 2010 à Barcelone, j’ai vécu une deuxième fois mon adolescence et je suis revenue vers le théâtre, la danse et la musique. J’ai fait écouter quelques chansons aux copains, et j’ai commencé à faire des concerts avec un guitariste » explique Philémone, dont le nom de scène est le féminin d’un personnage d’une pièce de théâtre qui l’a marquée, un certains Philémon « sensible et lâche ».
Un deuxième EP cet été
Nous sommes désormais en 2013, Fanny-Philémone s’est fait remarquer au cours d’un tremplin qu’elle remporte dans l’Indre, sort un EP (Le Parcours du Paon) avec tout un groupe de musiciens puis ressent l’envie de changer d’univers, de passer de la chanson française à un son plus électro. L’un de ses partenaires reste dans l’aventure : un certain Thomas, bassiste de son état. Et puis il y a Jules, artisan bidouilleur de sons rarement présent sur scène mais dont le travail est indispensable à Philémone pour donner la couleur pop et acidulée à ses chansons de jeunesse. Ces trois-là ont finalisé il y a peu un deuxième disque, Invasion (et sa sortie à 500 exemplaires est imminente !).
Au fait… On vous avait aussi parlé d’un autre groupe récompensé par Télescope : Hélas.
« Je veux titiller ce par quoi tu es débordé, que ce soit positif ou négatif » nous annonce Philémone les yeux dans les yeux. « Il faut te laisser faire. Nous sommes en perpétuel contrôle de nous-mêmes, moi la première. Lâchons prise. » La preuve par l’action : en live (ce mardi 9 juin pour un apérock au KAA), Fanny et Thomas sont en transe, sur un petit nuage. La voix vient du ciel, le son des entrailles de la terre. L’ensemble se rencontre et forme une douce tornade dont le souffle vient s’incruster dans vos oreilles jusqu’à y laisser son empreinte.
« Je ne suis pas dépressive ! »
« J’ai envie de partager des moments de lucidité, chacun prend ce qu’il veut » raconte encore l’artiste qui chante aussi bien sur le harcèlement de rue que la pluie de St Nazaire ou la jalousie. Bien qu’à la première personne, les textes ne sont pas inspirés par ses aventures : « j’ai essayé, mais je n’y arrive pas. » Mais on sent que ça lui fait du bien de s’exprimer ainsi, de dépeindre les tracas du monde en rimes, d’y ajouter des notes de piano et de le slamer. Comme elle le dit joliment, elle « sublime les angoisses » puis nous rassure : « je ne suis pas dépressive ! » La voir bouger suffit à s’en convaincre.
Assez justement associée au groupe Fauve par l’agorithme de YouTube, Philémone a un peu le même profil que ces garçons phénomènes : une âme vagabonde, une voix sensuelle, un phrasé mélancolique, une musique intimiste, des indignations vraies et des yeux grands ouverts. Une fois son EP sorti, elle devrait relancer sa chaîne YouTube avec un clip, « probablement pour le titre Narcise Etoile« . Vous pourrez la découvrir le 20 juin aux Fêtes de la Musique de Fondettes (20h45) et Ballan-Miré (22h30). Puis le 5 juillet à Rest In Fest, à 15h, au Canadian Café de Tours. Grâce au dispositif Télescope de Jazz à Tours (et ses résidences scéniques) elle espère d’ailleurs perfectionner ses lives et ainsi multiplier les concerts. On ne demande pas mieux.
Olivier COLLET
La page Facebook de Philémone est par ici… et pour l’écouter, c’est ci-dessous :
