Une intervention chirurgicale prévue de longue date mais déprogrammée à cause d’une désorganisation de l’hôpital. Ce scénario s’est produit beaucoup trop souvent en 2024 au CHU de Tours. La directrice de l’hôpital le reconnait elle-même : « On n’a pas pu opérer autant de patients qu’on le souhaitait » déclare Floriane Rivière. La chirurgie en ambulatoire (les patients qui ne dorment pas à l’hôpital) a diminué de 4,7% sur l’année.
La raison vient notamment de difficultés de gestion. Par exemple, une consultation d’anesthésie pas réalisée dans les temps avant une intervention. Ou alors des opérations à la durée mal estimée : on pensait qu’une heure suffirait, et en fait il en a fallu deux. Du coup les plannings s’étirent et forcent les personnels à faire des journées à rallonge. La situation ayant tendance à se répéter, les conditions de travail se dégradent. Certains agents ont fini par se décourager et quitter leur emploi pour le privé ou pour d’autres villes, entraînant des postes vacants, donc des difficultés à tenir les plannings.
En 2025, la direction du CHU de Tours fixe donc comme priorité une amélioration du taux de remplissage et d’utilisation des blocs opératoires à Trousseau, Bretonneau et Clocheville. Ceux-ci vont par exemple fonctionner jusqu’à 17h par jour au lieu de 15h aujourd’hui. La raison de cette recherche d’efficacité est évidente : plus l’hôpital réalise d’interventions, plus il peut facturer des actes à l’Assurance Maladie.
Avec un déficit de 24 à 25 millions d’€ en 2024, le CHU de Tours a un immense besoin de ressources financières. Les déprogrammations d’opérations lui auraient coûté entre 5 et 10 millions d’€ l’an dernier. En réaliser davantage pourrait donc lui permettre de réduire ce trou et avancer vers l’espoir d’un retour à l’équilibre économique à l’horizon 2030, au moment de l’inauguration du Nouvel Hôpital Trousseau à Chambray.
L’hôpital tourangeau a des raisons de croire en la réalisation de ses objectifs. Il affirme que le déficit d’attractivité des postes vacants s’amenuise. Une vingtaine d’anesthésistes ont ainsi été recrutés récemment, et l’absentéisme se réduit. De plus, un travail est en cours pour mieux estimer le temps réel des opérations chirurgicales afin d’en limiter les retards. Ces mesures devraient aussi permettra de raccourcir les délais d’attente avant un passage au bloc.
Cela dit, il est impossible d’enrayer totalement les aléas. Par exemples, une part non négligeable des déprogrammations est liée aux patients qui ont de la fièvre avant leur intervention ou dont l’état se dégrade de manière imprévue. Par ailleurs, la baisse de la natalité entraîne aussi une baisse mécanique des interventions liées aux naissances. En 2024, elles ont diminué de 1% à la maternité de Bretonneau. Et cela pourrait continuer dans les années à venir car la tendance française n’est pas vraiment à un pic de natalité.
Olivier Collet