McDo n’est pas le bienvenu dans le Vieux-Tours

Mais son nouveau restaurant risque de cartonner.

Alors voilà, la rumeur est devenue réalité. La mairie de Tours a reconnu qu’elle avait accordé une autorisation de travaux pour que McDonald’s ouvre son second restaurant en plein centre de Tours, Place du Grand Marché, à la place du magasin Husson. McDo, le fast food qu’on adore détester. On sait qu’on y mange mal, qu’on aura faim 3h plus tard, que c’est gras… On a compris. Oui mais voilà, pris par le temps, entraîné par une bande de potes, gagné par la fainéantise du dimanche soir, par peur que son enfant soit perdu à l’école parce qu’il ne sait pas ce qu’est le happy meal… Pour toutes ces fausses bonnes raisons, nous sommes encore nombreux à finir par nous retrouver avec un Big Mac entre les mains avant de regretter (ou pas). Il est fort quand même, ce Ronald.

Ainsi, le grand M jaune vient s’installer dans le ventre de Tours. Scandale ! Le temple de la malbouffe à deux pas des Halles, d’un super pâtissier, de bons boulangers, de restaus canons, d’épiceries fines… Ouh, ça grogne autour du monstre, elle doit avoir les oreilles qui sifflent Céline Ballesteros (l’adjointe au commerce qui a appuyé sur le bouton) !

Pourquoi ça coince ? Surtout parce que la concurrence est déloyale. Face aux commerces indépendants, McDo c’est un peu le double cheesburger contre le nuggets. Grosse force de com’, renommée mondiale… Si tout le monde commande des potatoes et des Mc Flurry chez Quick alors que l’enseigne belge (qui va bientôt quasiment disparaître, croquée par Burger King) ne vend que des rustiques et des glaces-dont-on-a-oublié-le-nom-et-ça-sert-à-rien-qu’on-aille-chercher-car-vous-aurez-aussi-oublié-dans-deux-minutes*, ce n’est pas pour rien.

Dans le quartier on nous dit : « il y a déjà beaucoup de kebabs et d’enseignes de restauration rapide dans le Vieux-Tours. » C’est on ne peut plus vrai. Est-ce que McDo risque de tuer les indépendants ? Pas sûr. La clientèle du kebab et celle du Big Mac n’est pas la même ou en tout cas elle est complémentaire. Idem pour les pizzas ou les tacos.

On entend aussi « il y a déjà beaucoup d’autres magasins qui font des burgers. » Vrai, mais ce n’est pas le même service car ils sont jusqu’à trois fois plus cher, et surtout avec des produits bien différents. Quoi d’autre ? « Ca fait tâche, c’est une chaîne. » Vrai, mais Planet Sushi qui est tout près aussi, Les Fils à Maman Rue du Grand Marché, aussi. Un bar et une épicerie appartenant également à des chaînes sont en projet… Donc le clown rouge ne sera pas le premier (et peut-être pas le dernier). Que l’on sache, les indépendants sont toujours là, portés par leur réputation ou les habitudes.

Encore un argument ? « Ca remplace un commerce de proximité. » Toujours vrai, et ça rajoute un point de vente de nourriture dans un quartier où il n’y a déjà que ça. Clairement, niveau diversité, on repassera.

Ils sont recevables tous ces arguments, justifiés. Les craintes des commerçants compréhensibles. Celles des riverains aussi. On ne va pas se le cacher, voir une grosse multinationale débarquer dans le centre historique de la ville ça ne fait pas plus rêver que ça. Sauf que voilà, si McDo se met là c’est que l’enseigne y voit un intérêt, donc qu’il y a une clientèle pour ça. On connait peu d’exemples d’implantations de la chaîne qui ont raté. Elle sait se rendre indispensable alors même qu’elle n’est pas nécessaire, voire décriée. La ville n’a manifestement pas su dire non (il faut dire que la firme n’hésite pas à être généreuse, en payant par exemple un spectacle sur la patinoire en décembre). Un échange de bons procédés au moins implicite ? « Je continue mes mécénats, mais tu me trouves un bon emplacement en centre-ville. »

En vrai, peut-etre qu’on se trompe, peut-être qu’une fois ouvert le tollé aura été tel que la population décidera de boycotter l’endroit. Mais quand on sait que le McDo de la gare est tout petit, ou que les touristes risquent (à tort sans doute) de préférer aller en terrain connu que de faire l’effort d’un détour vers un restaurant traditionnel, on se dit que le flop est peu probable. Après, tant que l’enseigne ne devient pas partenaire de la Fête de la Gastronomie, on peut se dire que l’honneur est sauf. Mais est-ce que des organisateurs d’événements comme le Vieux-Tours Dynamique (qui ont besoin de sponsors pour la Fête Médiévale ou celle du cirque) sauront par exemple dire non au grand M jaune par souci d’éthique ? Peut-être, et tant mieux pour eux s’ils arrivent à s’en passer. Mais on sait aussi que les ennemis d’aujourd’hui peuvent devenir les partenaires de demain.

O.C.

*Mix Mania.

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