Comment rendre les rues de Tours plus sûres la nuit ?

La ville s’associe avec Fil Bleu pour faire le point sur les risques d’agressions nocturnes et les solutions pour en réduire la fréquence.

Le Soleil vire à l’orange, dans le tram de Tours c’est l’heure de pointe. A la station Liberté, un attroupement se forme. On y trouve des clients du réseau de transports de l’agglomération, des agents de la ville, des commerçants, des salariés de Keolis (Fil Bleu), des policiers municipaux ou des représentants d’associations comme le Planning Familial. Pendant 2h, ce groupe d’une vingtaine de personnes va faire le tour des quartiers situés aux abords de trois stations de tramway : Liberté, Charcot et Verdun. La veille, une opération similaire a été organisée entre la gare et le Sanitas et jeudi une autre « marche exploratoire » est prévue entre les Rives du Cher et l’Heure Tranquille.

« Ce sont des lieux où l’on a recensé plusieurs agressions » nous explique-t-on pour justifier le choix de ces parcours. Initialement, c’est dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux femmes que s’inscrit cette opération. Mais au final, « ça peut aussi concerner les adolescents, les personnes âgées ou à mobilité réduite… » Après tout, n’importe qui peut-être victime d’une agression. L’objectif, c’est donc de passer au peigne fin les environs des arrêts du réseau Fil Bleu afin de détecter les zones qui peuvent créer ce qu’on appelle « un sentiment d’insécurité ». Munis d’un questionnaire, les participants scrutent les alentours : est-ce assez bien éclairé ? Propre ? Voyez-vous des endroits où vous pouvez demander de l’aide ?

Très vite, les langues se délient, en particulier chez les habitués des transports : 4 femmes qui prennent régulièrement le tram tôt le matin pour aller travailler, ou tard le soir après une bonne soirée : « le réseau de bus existe depuis des années et on n’avait jamais fait ça avant, il était temps » commente l’une d’elles qui se souvient : « je me suis déjà fait toucher les fesses Rue de Bordeaux à 6h du matin ! ». Une autre est catégorique lorsque l’on traverse un quartier mal éclairé, sans commerces, au bas d’un escalier qui mène vers l’Avenue de Grammont : « ici, en pleine nuit, je n’y vais pas. » Des agressions, des hommes insistants qui veulent leur numéro à tout prix… Toutes ont connu ce genre de situation. Un sondage a récemment révélé que 100% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement dans les transports en commun.

Au cours de la soirée, quelques solutions émergent : un meilleur éclairage notamment (sous les arcades près de Liberté, près des parkings…), mais aussi le désir de plus de propreté. Devant la boîte de nuit le Pym’s, un long débat s’engage : peut-on faire en sorte que la dizaine de poubelles amassée sur le trottoir ne soit pas là en permanence ? « Ici, il y a souvent des personnes qui viennent tagguer ou uriner… » « On ne peut pas mettre un grillage pour fermer ? » demande l’ajdoint à la sécurité de la ville, Olivier Lebreton, « seulement si la commission de sécurité est d’accord » rectifie le gérant, car une sortie de secours de la discothèque donne sur ce local poubelle à ciel ouvert. On le voit, les choses ne sont pas simples…

Ces derniers temps, la mairie de Tours a fait du déploiement de la vidéosurveillance un axe fort de sa politique en matière de sécurité : « c’est bien après l’agression mais avant ça ne sert pas à grand chose… » estime l’une des participantes. L’élu lui répond que « si, ça a un effet dissuasif. » Il espère prochainement obtenir l’accord de Fil Bleu pour avoir accès aux images des caméras dans les stations de tram. Mais pas celles situées dans les rames ou les bus. D’ailleurs, la sécurité à bord des véhicules c’est aussi un point qui semble à améliorer : « tôt le matin ou en fin de soirée, il pourrait y avoir un agent en permanence pour rassurer les voyageurs. Car dans le tram, le conducteur est derrière sa vitre et ne voit pas ce qu’il se passe. Dans le bus, je me sens plus en sécurité » confie encore une abonnée qui préfère opter pour un taxi que pour les transports vers minuit.

Une fois les retours d’expériences analysés, il sera temps de prendre des décisions : renforcer l’éclairage, donc. Modifier les collectes d’ordures. Être vigilant sur la propreté de l’espace public. Des règlages à la marge… Quoi d’autre ? Faire de la communication, peut-être : « les usagers ne savent pas qu’il y a des boutons d’appels d’urgence à toutes les stations de tram, sur les bornes permettant d’acheter les billets. 24h/24 il y aura quelqu’un pour répondre et qui pourra envoyer les secours si besoin. Dans le tram, ces boutons sont reliés directement au conducteur » explique Vincent Buon, le Mr sûreté de Fil Bleu qui conseille « d’attendre ses rendez-vous sur les quais du tram plutôt que sous un porche sombre » pour limiter les risques.

Le système D donc. Mais ce qu’il faudrait surtout faire, et ce dont tous les participants ont bien conscience, c’est déclencher un changement des mentalités. Qu’en 2016 on comprenne qu’une femme qui s’habille en robe ce n’est pas un appel au sexe. Une salariée du Planning Familial raconte ainsi qu’elle entend encore trop souvent des témoignages de femmes victimes d’agressions, voire de viols. Des faits qui, selon elle, ne sont pas en augmentation. Mais pas en baisse non plus.

Olivier COLLET

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