Un plat suspendu gratuit pour ceux qui n’ont pas de quoi manger

L’initiative solidaire d’un restau de la Rue Colbert.

Depuis 3 ans et son arrivée derrière le comptoir du Bistrot le Corneille à l’entrée de la Rue Colbert de Tours, Didier Caillibot a décidé de mettre une pincée de solidarité sur sa carte. Ainsi, il propose à ses clients de payer deux cafés mais de n’en boire qu’un, le deuxième étant réservé à une personne qui n’a pas les moyens de régler l’addition. Ce concept appelé « café suspendu » est né en Italie : « à l’origine le café y était cher et les nantis qui pouvaient s’en offrir en payaient deux. Le patron accrochait alors un ticket au dessus du bar et le jetait à la poubelle lorsqu’on venait lui demander un café suspendu » explique aujourd’hui le barman séduit par le côté solidaire de la démarche et qui la décline d’ailleurs pour le thé ou le chocolat chaud.

Alors qui vient réclamer un café suspendu ? « Ce sont souvent les mêmes. Des jeunes ou moins jeunes, des marginaux, des personnes qui font la manche dans la Rue Colbert. Je vois des étudiants mais aussi des Roumains, des Polonais… Ca touche tout le monde. Ce sont des personnes qui ont besoin de passer un moment au chaud, alors je n’hésite pas à leur dire de venir. Et surtout je ne demande jamais leur déclaration d’impôts. Il n’y a ni a priori ni jugement.

« Ce n’est pas en rejetant ces personnes qu’on va leur trouver des solutions »

Le système semble avoir séduit la clientèle du Corneille : « les gens me posent toujours des questions alors je leur explique le principe. Souvent ils me laissent alors un, deux ou trois cafés suspendus. Je le vends par ailleurs un peu moins cher : 1€ au lieu d’1€20. Et les habitués en prennent souvent. » Du coup Didier Caillibot a étendu la démarche aux plats suspendus : « c’est le même principe. je propose aux clients de payer un deuxième plat du jour à 6€ au lieu de 8€90 quand je le sers à table. C’est le prix de la matière première et du personnel. Les personnes qui le réclament peuvent le manger sur place avant ou après le service sinon je le fais à emporter, avec la viande d’un côté et les légumes de l’autre dans une barquette. Cela fait une semaine que c’est en place et j’en ai déjà eu deux d’achetés. »

Ce qui réjouit aussi le restaurateur c’est que les personnes qui profitent des cafés ou des plats suspendus ne se contentent pas de consommer : « il y a des liens qui se créent, de l’échange. » Il anticipe aussi les critiques dans une Rue Colbert d’où s’élèvent souvent certaines voix pour critiquer la présence de marginaux ou du café La Barque qui vient en aide aux sans abris : « certains confrères pourraient me dire que je vais accueillir chez-moi une population pas toujours facile à gérer, alcolisée. Mais ce n’est pas en rejetant ces personnes qu’on va leur trouver des solutions.’

Olivier COLLET

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