Les élus frontistes de Tours veulent imiter Robert Ménard (maire de Béziers). Trop facile.
Si vous habitez Tours, vous venez sans doute de recevoir Tours & Moi, le magazine de la ville. Comme nous peut-être vous avez lu les tribunes des différents groupes politiques du conseil municipal. Et tiens, dans celle du Front National il est question des commerces (ce qui est d’ailleurs le thème à la Une dudit journal). Forcément, Gilles Goderoy et Hélène O’Connell n’ont pas la même analyse que la ville sur la question. Quand Céline Ballesteros parle de redynamisation avec l’arrivée d’un animateur du commerce, les frontistes pointent la disparition des commerces de proximité, tués par le manque de places de stationnement.
Concernant l’Avenue de Grammont, majorité municipale et FN partagent le constat qu’il y a du travail à mener. Sauf que chez les élus d’extrême droite on utilise un argument encore jamais entendu nulle part : il y aurait trop de kebabs sur cet axe et en particulier sur sa partie Sud, ainsi rebaptisée « l’avenue des kebab… » (vous noterez les trois petits points qui semblent vouloir signifier « on n’en dit pas plus parce que ça pourrait être mal vu mais ça nous démange »).
L’Avenue de Grammont est-elle vraiment envahie de kebabs au point que cela porterait préjudice aux autres commerces ? Nous qui cherchions un itinéraire pour notre balade en ce dimanche printanier de novembre, nous avons été vérifier. Départ du Carrefour de Verdun, direction la Place Jean Jaurès et on compte : 1 premier kebab avant la station Charcot du tram, puis 2 autres voisins les uns des autres vers la discothèque le Pym’s (avec plein d’autres burgers à la carte) et encore trois sur la dernière portion de l’Avenue, de Liberté à Salengro. Donc cela fait 5 kebabs, dont seulement 2 dans la « partie Sud » de l’Avenue. Histoire de comparer ce qui est comparable, notez que c’est deux de moins que le nombre de kebabs Rue Colbert (3) et un peu moins que dans tout le Vieux-Tours (une dizaine de la Place du Grand-Marché à la Rue du Commerce). Et aussi que dans tout l’hyper-centre de Tours, on compte 1 154 commerces (chiffre présent dans le dossier du magazine).
Si ça ne vous suffit pas pour être convaincus qu’on est vraiment loin de trouver un nombre colossal de restaurants servant des kebabs dans le centre de Tours, retenez que l’on trouve un nombre équivalent d’enseignes proposant des pizzas sur l’Avenue de Grammont ou dans le coeur historique ce qui, manifestement, ne semble pas déranger les deux élus FN (on se demande bien pourquoi…). Et puis soyons clairs : si les kebabs sont fréquents et en particulier dans ces quartiers, c’est parce qu’il s’agit de lieux de vie où les jeunes sont nombreux, y compris le soir. Or, ouverts tard, le dimanche et avec des menus à prix réduits les kebabs répondent tout simplement à une demande. Bref, en stigmatisant ces commerçants, le FN tourangeau pointe surtout du doigt leurs clients et suit la ligne dangereuse du maire de Béziers Robert Ménard qui veut les voir sortir de sa ville. Après avoir aussi promis une invasion imaginaire de réfugiés en Une de son magazine municipal. Ou comment faire du populisme avec du vent.
Olivier COLLET
