L’Indre-et-Loire ne semble – définitivement – pas prête à accueillir ses premières éoliennes. Seul département sans usine à vent du Centre-Val de Loire, la Touraine recule sur chaque projet, cédant systématiquement aux opposants. A chaque fois, ceux-ci mettent en avant les nuisances sur des espèces protégées, la perte de valeur de l’immobilier ou encore le gâchis du paysage. Même des projets citoyens qui ont tenté d’impliquer la population en promettant un retour sur investissement ne parviennent pas à avancer.
Territoire nucléaire, l’Indre-et-Loire n’est pas totalement sans énergie durable, pariant de plus en plus sur le solaire. Mais les éoliennes, c’est non.
On en a une nouvelle preuve avec le projet d’Auzouer-en-Touraine, près d’Amboise. Le dossier prévoyant 4 spécimens semblait bien ficelé, avec accord de la préfecture… Jusqu’à ce que Stéphane Bern s’en mêle. Très présent en Val de Loire, l’animateur d’émissions télé historiques et patrimoniales a reboosté les opposants d’une simple prise de parole en allant jusqu’à vouloir évoquer le sujet avec le président Macron (il a ses entrées à l’Elysée). Son argument principal : les éoliennes seraient situées à moins de 15km de la Loire (14,8, précisément). A 200m près, les mâts se trouvent donc dans le périmètre protégé par l’UNESCO. Et des éoliennes sur cette zone, ça pourrait entraîner un déclassement.
Alors qu’on s’apprête à fêter les 25 ans de cette distinction en 2025, ça ferait désordre (même si aucune menace claire de destitution n’a encore été évoquée).
Parmi les raisons invoquées pour dire non à l’installation : certes la hauteur des éoliennes, mais aussi les flashs lumineux émis « toutes les trois secondes » au niveau des pales. L’association des Châteaux de la Loire dénonce « un fort impact visuel sur le panorama observé depuis le Domaine de Chaumont-sur-Loire comme depuis le château royal d’Amboise en particulier depuis les terrasses nord de ce dernier. »
Fort impact visuel ? A 15km, les éoliennes ne sont que de petits points dans le paysage et la nuit, la pollution lumineuse endémique des villes est bien plus vive que les fameux flashs. Mais les arguments suffisent à convaincre le préfet tourangeau de donner une chance aux opposants. Il suspend sa signature et demande une expertise visuelle qu’il réalisera lui-même depuis Amboise. Il regardera le paysage et demander à faire monter des ballons depuis le site éolien d’Auzouer, jusqu’à la hauteur prédite des mâts. Après ça, il prendra sa décision de valider ou non le chantier.
Dans l’attente, tout est bloqué. On ne sait pas encore à quel moment aura lieu cette expérience.
