Aujourd’hui, il se murmure que le loup se balade parfois en Touraine. Et globalement les animaux sauvages stars du département ce sont les cerfs, les sangliers, les castors ou les oiseaux comme les sternes. Il y a plusieurs millions d’années, c’est plutôt le rhinocéros qui se baladait dans le secteur, à une époque où le climat était tropical. Cette période est actuellement explorée via une exposition du Musée de la Préhistoire au Grand-Pressigny, dans le sud du département. On en a parlé avec le responsable de l’établissement, Frédéric Demouche.
Pouvez-vous nous faire une présentation de ce qu’on peut voir au cours de notre visite ?
C’est une exposition qui présente la Touraine comme elle était il y a à peu près 15 millions d’années, quand le climat était comparable à celui du Sénégal aujourd’hui. C’était très humide et chaud avec de la forêt, et une mer – l’Océan Atlantique – qui débordait sur tout l’axe ligérien, presque jusqu’à Orléans. De ce fait on a des fossiles d’animaux marins en Touraine, en Anjou ou dans le Nord de la Vienne. Plus facilement même que d’animaux terrestres. Le tout présente une faune et une flore très riche, proche de ce qu’on peut trouver de nos jours dans les forêts tropicales.
Et ces fossiles vous nous les présentez au musée.
On montre par exemple des défenses de deinotherium, un éléphant géant à deux défenses qui poussaient au niveau de menton et du gonphotherium qui avait 4 défenses, ce qui est assez extraordinaire. Nous avons également du rhinocéros, du crocodile, une tortue aquatique chasseuse de poissons à la carapace molle sans écaille et puis des animaux assez extraordinaires comme le mégalodon, le requin géant et ses dents de 15 à 18cm, ou une sorte de cheval gorille qui ressemble à un paresseux d’environ 2m de haut, avec de très longs bras à l’avant et de très grosses griffes qui lui servait probablement à couper les branches pour les manger car il était végétarien.

Tout ça il y en avait en Touraine.
Et nous en avons des fossiles retrouvés dans les poches de sable qui restent de ces mers. Nous proposons aussi des reconstitutions d’animaux comme le poisson-scie, une sorte d’okapi à cornes ou le dauphin à long bec qui permettent de se confronter à leur taille. A côté, des textes et jeux expliquent comment cette Touraine est devenue tropicale et si, avec le changement climatique en cours, nous allons de nouveau vers ce scénario.
Donc il y a aussi un côté sensibilisation aux enjeux environnementaux ?
On sait que la Touraine tropicale c’était à une époque où l’atmosphère terrestre comprenait beaucoup plus de dioxyde de carbone qu’aujourd’hui mais comme ce taux croit en ce moment, on se rapproche des niveaux de cette période. Ce qui peut entraîner plus de pluie, plus de vents violents. Cela dit, il faudrait quand même beaucoup de temps avant de retrouver un tel climat dans notre département.
Peut-on aussi parler de la flore de l’époque ?
Il y avait tout un tas de plantes aquatiques dans les zones marécageuses comme des sortes de nénuphars, peut-être du palmier, et surtout de grandes forêts de cyprès comme on en trouve en Floride.
L’exposition La Touraine Tropicale est à voir jusqu’au 30 novembre au Musée de la Préhistoire du Grand-Pressigny.