SOS de(ux) jeunes chômeurs en détresse

A 19 ans elle est obligée de stopper ses études faute de moyens, son compagnon galère aussi et craint de perdre leur appartement… Chronique du quotidien de deux chasseurs d’annonces Tourangeaux.

Quand on rencontre C. et F. Place Jean Jaurès, la pluie tambourrine : c’est clairement un temps à rester au lit, regarder un film et boire une tisane à la verveine. Cette vie là, les deux jeunes de 19 et 23 ans n’en veulent plus. Ce qu’ils espèrent : trouver un travail, le plus vite possible. Leur problème : des profils « bâtards » que les employeurs rejettent avant même d’apprendre à connaître les expéditeurs de ces CV.

Heureuse qu’on s’intéresse à son profil aujourd’hui, C. n’en est pas moins dégoûtée. Après des études littéraires, une prépa en arts appliqués, un bac sciences et technologies de management et gestion, elle est forcée de renoncer à sa FAC de philo faute de moyens : « je n’ai pas le droit à la bourse de 500€ qu’ont toutes mes copines et mes parents ne peuvent pas m’aider alors j’ai demandé le remboursement de mes frais d’inscription à la FAC. Ces 431€ je vais les reverser au CNED pour des cours de BTS communication par correspondance ».

50 CV envoyés en un mois, 5 entretiens

Selon elle cette solution (loin d’être la meilleure car elle n’est pas sûre de réussir à se concentrer pour travailler à domicile) est la seule qui vaille afin de se garder suffisamment de temps pour travailler « et encore, si l’on prend des cours à distance, il est interdit de travailler plus de 20h par semaine » ajoute la jeune femme qui ne manque jamais de lire toutes les petites lignes des conditions générales dès qu’elle entreprend quelque chose.

A la croire, C. ne manque pas d’initiative : 50 CV envoyés en deux mois, 5 entretiens d’embauche (cabinet d’architecte, collège…), « mais à chaque fois ce qui bloque c’est mon manque d’expérience », il faut dire qu’elle justifie juste d’un job dans la restauration. « Quand on a un parcours classique d’étudiant et que l’on a toujours privilégié les cours, ça ferme beaucoup de portes. Pourtant j’ai tout essayé : service civique, apprentissage, CAP vente… je n’ai eu que des refus parce que mon profil ne correspondait pas, c’est décourageant. Il y a aussi beaucoup d’emplois où on demande le permis mais sans travail, je ne peux pas me le payer : c’est le serpent qui se mord la queue ».

« Cette situation entraîne des tensions dans notre couple »

Aujourd’hui, C. attend une réponse d’une chaîne de restauration rapide qui ne vient pas mais qui lui ferait pourtant le plus grand plaisir. Sa plus grande crainte : que sa situation la mène à la rue, comme son frère forcé de dormir deux mois sur une plage du Pays Basque. La jeune femme passe donc ses journées à traquer les annonces depuis son appartemment du vieux Tours : 37m² à 510€ par mois. « On paye chacun 91€ grâce à mes aides » explique F. « mais le frigo est souvent vide et je m’habille chez Emmaus » poursuit C., dépitée quand elle voit que la bourse de ses amies sert exclusivement à l’achat du dernier iPhone…

« On ne manque pas de volonté, on veut juste travailler mais on voit bien en face que la conjoncture est difficile : autour de chez-nous, beaucoup de commerces ont fermé » s’alarme François, 15 CV envoyés en un mois, zéro réponses malgré un peu plus d’expérience que sa conjointe. « On a peur de ne plus pouvoir payer le loyer, notre seul luxe c’est les cigarettes. La situation est vraiment pesante et ça se sent dans notre couple, ça crée des tensions ». Alors, en attendant des jours meilleurs, C. et F. peaufinent la rubrique « loisirs » de leur profil de demandeurs d’emploi : tous les deux s’épanouissent dans la musique en espérant être entendus par un recruteur aux oreilles grandes ouvertes.

Olivier COLLET

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