C’était une publication attendue et redoutée. La Chambre Régionale des Comptes vient de publier un rapport détaillé sur le Syndicat des Mobilités de Touraine, l’organisme qui gère les transports en commun dans 25 communes de l’agglomération tourangelle. Le texte s’intéresse à deux choses : le projet de 2e ligne de tramway (avec des critiques sur son montant, qui risque de déraper) et le fonctionnement actuel du réseau Fil Bleu.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’institution n’épargne pas le SMT et l’entreprise Keolis qui est chargée de faire circuler les bus et tramways sur le territoire. Plusieurs dysfonctionnements sont relevés sur plus de 60 pages, en comptant les réponses aux observations fournies par les acteurs du terrain.
Par exemple, Keolis est censé indemniser le SMT quand la ligne de tramway est interrompue plus d’une heure. Cela ne concerne pas les manifestations, les avaries météo ou les soucis électriques mais plutôt les pannes mécaniques. De 2020 à 2022, la Chambre Régionale des Comptes a relevé 19 incidents du genre mais… 0€ de compensation de la part de l’entreprise gérant le réseau. Un manque à gagner estimé à 38 000€ pour les finances publiques.

Dans le même temps, la lutte contre la fraude est jugée déficiente. Le taux de personnes contrôlées et pas en règle a progressé passant de 2,54% à 3,22% entre 2019 et 2022. Au total, la proportion de voyageurs qui ne payent pas est même estimée à plus de 6% sur le réseau, avec un nombre de vérifications de titres de transport en baisse de 10% car les équipes qui en ont la charge sont souvent réquisitionnées pour boucler les plannings de conduite. Keolis a promis que des évolutions étaient engagées depuis 2023.
Parmi les bons points, la Chambre Régionale des Comptes souligne que la vitesse moyenne des bus et trams tourangeaux est satisfaisante, même si elle est dans la fourchette basse en comparaison aux autres villes. Cela signifie que la vitesse de circulation n’est pas trop lente. Elle est légèrement supérieure à 18km/h.
En revanche, plusieurs autres critiques sont formulées : de grosses difficultés sur le réseau Fil Blanc dédié aux personnes en situation de handicap ou encore une hausse des grosses pannes de bus de 22% entre 2019 et 2022. Un chiffre lié à la vétusté du matériel. Depuis, 45 nouveaux véhicules au gaz ont été acquis. Un atout écologique face au diesel… sauf que dans 10 ans la réglementation interdira l’achat de ce type d’engins.

La Métropole s’est donc équipée d’une station de gaz naturel qui pourrait être à rentabilité limitée car dès 2035 elle devra choisir d’autres types de technologies pour ses bus (électricité, hydrogène…). Et ça, ça pose problème : « En l’état actuel de la technologie des batteries, un bus électrique affecté à une ligne structurante devrait retourner au dépôt en cours de journée pour les recharger. Ainsi, il pourrait falloir deux bus pour une même ligne avec, de surcroît, des coûts d’exploitation accrus (2e chauffeur à prévoir, hausse des kilomètres pour le retour au dépôt) » explique la CRC qui pointe un risque de gros surcoût.
Conclusion : dans les prochaines années, il n’y a pas que le tramway qui va coûter cher pour assurer le développement des transports en Touraine. La modernisation des bus et une hausse de la masse salariale pourraient également alourdir la facture. En attendant, des améliorations pourraient être faites pour faire des économies (moins de pannes = moins de maintenance), ou générer des revenus supplémentaires (plus de contrôles = moins de fraude).
Olivier Collet