Le chanteur amboisien peaufine son nouvel album, enregistré pendant 8 mois avec le soutien des Blankass. Il raconte.
Un beau jour de 2015, ou peut-être une nuit, Teddy Savić sort de son studio berrichon près d’Issoudun. Il vient d’enregistrer une chanson qui lui plait mais dont le style est l’exact opposé de ce qu’il aime d’habitude. Déstabilisé, il ne sait pas quoi en faire et décide de remonter jusqu’à Amboise pour la faire écouter à sa femme. C’est parti pour 1h30 de route nocturne au cours de laquelle il se repasse cette mélodie en boucle. Arrivé à destination, il demande à son épouse de le rejoindre sur le siège passager sans rien lui avouer de ses tourments. Elle écoute, et lui dit : « C’est tout ce que tu n’aimes pas… mais ça déchire ! » Rassuré, le chanteur reprend alors la route dans l’autre sens pour poursuivre la construction de son nouvel album à paraître cette année.
Cette anecdote suffit à comprendre l’état d’esprit dans lequel se trouve en permanence Teddy Savić : c’est un chanteur qui prend beaucoup de plaisir mais aussi en perpétuelle hésitation. Un homme qui a besoin d’être bousculé pour avancer, et qui, une fois lancé, peut déplacer des montagnes. Né à Amboise et parti vivre deux ans en Croatie avec son père dans les années 80, c’est d’abord dans le monde du sport qu’il trace sa route, plus spécifiquement dans le handball (après des études à Chartres, il devient éducateur sportif au comité d’Indre-et-Loire). Puis il change une première fois de vie et ouvre un bar à Amboise. C’est là que le virus de la musique commence à prendre possession de son corps : « avec les copains, on faisait plein de parodies et on a rapidement eu notre émission sur Radio Active, on se faisait appeler la Konarteam. »
Des parodies potaches aux textes sensibles
En 2013, Teddy Savić passe aux choses sérieuses et sort un album : « ce qu’on se disait à ce moment-là, c’est que si on le vendait aux potes ce serait déjà cool. » Au final il assurera une véritable tournée l’emmenant jusqu’en Belgique : « il y a des gens qui sont venus me voir depuis Perpignan, Besançon ou Marseille » s’étonne-t-il encore. Autodidacte, incapable de participer à plus de deux cours de chant ni de savoir s’il compose en sol mineur ou en do majeur, il nous confie avoir peur « que la technique [lui] fasse perdre [sa] spontanéité ». Des défauts assumés qui lui font tout de même croiser les frères Ledoux, Guillaume et Johan, fondateurs de Blankass. Charmés, ils l’incitent à travailler avec eux. C’en est fini des tournées de pintes, place à la musique à temps plein.
Voilà donc Teddy Savić parti pour 8 mois de studio avec Johan Ledoux, celui dont on parlait plus haut, près d’Issoudun. « A la base on rentrait pour un mois d’enregistrement, d’autant que j’avais plein d’idées de chansons » se souvient l’amboisien qui a vite changé son micro d’épaule : « je ne partais pas dans la bonne direction, je restais sur mes influences : Bruel, Eicher, Michael Jackson… Johan me disait : ‘je vois bien que tu as envie d’autre chose mais que tu n’oses pas.’ Il voulait que j’explose, que je dépasse mes acquis. » Il remet donc tout à plat : « des 15 démos du départ, on en a gardé que 4 et on a fait de nouvelles compos ensemble, avec quelques textes de Guillaume et Johan. »
« Je fais de la variété rock, de la variock »
S’il a du mal à décrire le style final de sa production, Teddy Savić concède qu’il y a un peu de Daho ou de Mickey 3D dedans, nous on y a aussi vu du Goldman. « J’assume de faire des chansons faciles, une sorte de variété-rock, de la variock. Mais ce n’est pas péjoratif. En fait ce que j’aime dans la musique, c’est le partage, avant tout. C’est pour ça que je n’ai pas tenté de télé-crochet. Pour moi, la musique ce n’est pas une compétition. » Quand il sera dans les bacs, l’album de Teddy Savić comportera 9 titres sur les 15 mis en boîte. Comme les 9 présents sur Thriller de Michael Jackson, le jeune homme est un peu superstitieux. Mais surtout, il voulait qu’il y ait une cohérence entre tous ses morceau. Du single L’autre côté dévoilé il y a une semaine à sa balade musicale sur la Place Jean Jau, hommage à Tours. Des textes spontanés, tapés sur l’iPhone, parfois sur la route du cabinet de l’orthophoniste où sa fille avait rendez-vous.
Du coup, à l’heure où nous écrivons ces lignes, il ne manque plus grand-chose à ce disque. Hormis un titre et un label. Pour le label, il a des rendez-vous d’ici quelque semaines à Paris pour faire écouter ses chansons. Pour le titre, il cherche encore celui qui résumera le mieux son état d’esprit : « pour écrire, je m’inspire pas mal de ma vie, de mes émotions, de mes réussites ou de mes échecs. Au départ, ça donnait des textes révolutionnaires, un peu comme tout le monde. Alors je me suis dit que je ne voulais pas que mon album rappelle que c’était la merde dehors, je voulais qu’il puisse divertir ceux qui l’écouteraient. De toute façon, souvent, tu écris une chanson avec une histoire mais les gens l’interprètent autrement. Voilà pourquoi je ne dis pas de quoi je parle… pour ne pas enlever la magie, comme disait Bashung. » La magie, Teddy Savić espère la vivre sur scène dès le 16 avril, pour un premier concert qu’il répète en ce moment avec 5 musiciens. Ce sera à l’Escale de St-Cyr-sur-Loire, avec les nouvelles chansons mais aussi ses anciens titres réarrangés. Pour marquer définitivement son passage dans une nouvelle dimension.
Olivier COLLET
Billets à 15€, plus d’infos sur www.teddysavic.fr