Michel Girard est un kiné tourangeau spécialiste de la bronchiolite, cette maladie respiratoire qui touche entre 300 000 et 500 000 jeunes enfants par an. Entretien.
La bronchiolite c’est comme la grippe, c’est une maladie qui revient chaque année dès le début de l’hiver. Le pic c’est en ce moment ?
Oui, même si c’est en fin d’année dernière au moment des fêtes que l’on a eu le plus de cas. L’épidémie s’étend de novembre à avril et la particularité cette année c’est que le pic a eu lieu un peu plus tôt que l’an dernier avec deux fois plus de cas que 2015 qui était une année assez faible. En moyenne, ce virus que l’on appelle VRS touche 9% d’enfants supplémentaires chaque année sachant qu’il est responsable à lui seul de 80% des bronchiolites. Le virus c’est le facteur déclenchant mais il y a aussi des facteurs aggravants : si le bébé est prématuré, s’il a moins de 6 mois ou s’il y a des antécédents de problèmes respiratoires dans la famille. Si les enfants vont en crèche il y a aussi plus de risques bien qu’elles soient maintenant armées et savent ce qu’elles doivent faire pour lutter contre ce fichu virus.
Quels sont les symptômes de la bronchiolite ?
Le nez des enfants commence à couler et ils ont une petite toux sèche qui, en 24 à 48h, va se transformer en une toux plus grasse.
Ca peut être grave ?
Suivant les années, 2 à 4% des bébés sont hospitalisés. Il faut donc consulter rapidement pour limiter les conséquences et aider les enfants à évacuer leurs sécrétions au moment du pic de la maladie vers 4-5 jours vu qu’ils ne savent pas se moucher. Mais il faut savoir que de toute façon une bronchiolite dure de 8 à 10 jours tout compris, même avec un traitement par séances de kiné respiratoires.
La bronchiolite c’est très contagieux, comment on s’en protège ?
Il faut se laver les mains au savon, se les désinfecter au gel hydro alcoolique, ne pas embrasser son enfant si on a mal à la gorge, aérer la maison, éviter les lieux avec du monde et surchauffés comme les centre commerciaux et les transports en commun. Et surtout éviter de fumer près de son enfant.
Et pour la crèche ?
La bronchiolite ne fait pas partie des cinq maladies qui nécessitent une exclusions de la crèche. On ne peut pas se permettre de faire manquer le travail aux parents de 300 000 à 500 000 bébés atteints chaque année. Voilà pourquoi avec notre association Kiné 37 qui regroupe 120 kinés on a mis en place depuis cinq ans un programme d’information auprès du personnel des crèches. J’en ai formé une trentaine dans le département pour leur expliquer la pathologie, les traitements et les conditions d’accueil des bébés contagieux. Il faut alors sortir le plan Orsec de l’hygiène : nettoyer les plans, éviter que les enfants se passent les jouets, désinfecter les poignées de portes, se laver régulièrement les mains… Si l’adulte est enrhumé, il doit aussi porter un masque. Tout ça permet de limiter l’apport de virus aux bébés déjà contaminés. C’est aussi pour ça que l’épidémie diminue pendant les vacances, quand les enfants sont à la maison.
On peut l’avoir plusieurs fois dans l’hiver la bronchiolite ?
Oui. Ce n’est pas comme la grippe. C’est pour ça qu’il y a des bébés qui, tous les 15 jours, refont une rhino, une trachéite, une bronchiolite… Ils se remettent à tousser et on rentre dans le cycle infernal de la pathologie. Voilà pourquoi il est important de déterminer d’où vient la contamination et savoir protéger son enfant jusqu’à 2-3 ans vu que son système immunitaire n’est pas encore totalement développé.
Propos recueillis par O.C.
Kiné 37 a mis en place avec l’ARS un système de garde dans le département y compris les week-ends pour les cas de bronchiolite. Plus d’infos sur http://www.kine37.fr et dans la vidéo ci-dessous :
